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Le Blog des Spiritualités

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A quelle date la Franc-Maçonnerie française a-t-elle abandonné le tablier ?

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 26 Février 2016, 12:21pm

Catégories : #Franc-Maçonnerie, #GLDF, #REAA, #Tabliers, #Bible, #Histoire, #Lantoine

Albert LANTOINE

« A quelle date la Franc-Maçonnerie française a-t-elle abandonné le tablier ? »

 

En voilà une question étrange et saugrenue pour un franc-maçon d'aujourd’hui, alors qu’il est évident pour lui que le port du tablier est absolument obligatoire pour se rendre en tenue dans une loge maçonnique.

 

C’est pourtant bien à cette question qu’Albert Lantoine, (photo ci-dessus) l’un des meilleurs érudits de son temps, tente de répondre dans le Bulletin mensuel des Ateliers Supérieurs en 1936 (page 119).

 

Albert Lantoine (1869-1949), l'un des tous meilleurs historiens de la Franc-Maçonnerie en général et de la Franc-Maçonnerie écossaise en particulier (souvent pillé, rarement cité!) a écrit de nombreux ouvrages qui font encore aujourd'hui autorité.

 

Pourtant, comme vous pourrez le constater, Lantoine a bien du mal à répondre à la question posée! 

 

Voici le texte de Lantoine 

 

Je suis incapable de vous renseigner, et, bien que publiant ici votre question, il est douteux qu’un lecteur puisse vous en apporter la solution. Ah ! si la modification avait été ordonnée ou suggérée par un texte – soit d’une obédience, soit d’un Franc-Maçon influent – nous aurions au moins un point de repère.

Mais il est probable que l’abandon du tablier s’en opéré insensiblement. Pourquoi ? Maintes explications sont permises, mais aucune, je le crains, ne sera péremptoire.

 

Cela doit dater du milieu du XIXè siècle, car au début de ce même siècle, des gravures nous montrent encore des maçons décorés de leurs tabliers.

 

Le F :. Cauwel, qui est Vén :. d’un atelier, dans une communication publiée l’an dernier dans le Bulletin de la Grande Loge, faisait justement remarquer que l’exiguïté ridicule des tabliers donnés aux apprentis n’était pas faite pour redonner du prestique à cet insigne « du métier » toujours usité chez toutes les puissances maçonniques du monde entier. Ici encore on ne voit pas la raison qui a fait changer le tablier en simple cache-sexe. Ce tablier avait jadis en France et a toujours à l’étranger les mêmes dimensions que le tablier de maître. En attendant que l’usage de ce dernier se généralise de nouveau dans un rite qui, étant international, devrait tenir à l’honneur de ne pas se singulariser, il serait souhaitable que les loges consentissent à vêtir leurs nouveaux initiés d’un insigne plus décoratif. Cette réforme heureuse aurait au moins l’avantage d’être fort peu onéreuse.

 

Ce sont là, je le sais, des considérations qui sont en dehors du sujet même. Espérons qu’un frère plus documenté nous aidera de ses lumières.

 

A.L

 

A l’époque en effet, dans la plupart des loges (en fait la quasi-totalité) l’apprenti était revêtu d’un « mini-tablier » le jour de son initiation, puis n’en portait plus. Nous pouvons encore voir, dans les musées, ces tabliers "timbres postes" qui interpellent souvent ceux qui les regardent.

 

Puis on lui remettait son « mini-tablier » le jour de son passage au grade de compagnon, puis il ne le portait plus.

 

Enfin, le jour de son élévation au 3ème degré, on le revêtait d’un tablier de Maître… qu’il ne portait plus non plus ensuite.

 

Je ne sais pas si au Grand Orient de France les frères continuaient de porter leur tablier mais il semble bien que oui. Si Pierre Mollier lit cet article et s'il souhaite apporter une précision concernant le GODF je la publierai.

 

A la Grande Loge de France, la cotisation annuelle était bien moindre qu'au Grand Orient et les frères - souvent dotés de revenus modestes - pensaient que l'achat d'un tablier était une dépense aussi onéreuse qu'inutile.

 

En 1936 pourtant, la question du port du tablier en loge se pose à la Grande Loge de France.

 

Nous savons depuis  un article précédent, sur ce bloc notes que le tablier n'était plus porté par les frères de la Grande Loge de France avant la seconde guerre mondiale. C'est bien pourquoi le Convent de 1936 de la GLDF (la même année où Lantoine écrit son article) émet un vœu pour que les maîtres portent dorénavant un tablier en loge. Et encore, ce vœu n’est pas très contraignant !

 

En voici le texte : 

 

Grande Loge de France

8, rue Puteaux

 

O :.de Paris le 29 octobre 1936.

 

Nous avons la faveur de porter à votre connaissance le vœu relatif au port du tablier par les FF :. De la Fédération, vœu ainsi conçu :

 

« Le Convent émet le vœu :

 

Que la Grande Loge de France remette en honneur parmi ses membres, le port du tablier, emblème du travail.

Reconnaissant toutefois qu’il est difficile d’imposer cette dépense aux FF :. Déjà pourvus d’un cordon de maître ;

Conseille aux Ateliers de la Fédération de se procurer un jeu de tabliers d’officiers pour les cinq premiers dignitaires ; recommande aux députés le port de l’emblème du travail, lors des tenues de congrès, de Grande Loge et de Convent, et oblige les nouveaux promus au 3ème degré à revêtir le tablier de maître ».

Nous ne saurions trop attirer votre attention sur ce vœu qui tend à inciter les ateliers à reprendre un coutume, toujours observée par la maç :. Du monde entier, et dont la prise en considération témoignait de notre fidélité et de notre attachement à la Tradition Ecossaise.

 

Veuillez agréer, mon T :. C :. F :. Les pression de mes sentiment bien frat :.

 

Le Grand-Secrétaire

René LEDOUX

 

 

Albert Lantoine faisait parti de ceux - et heureusement ils furent de plus en plus nombreux - qui souhaitaient redonner un caractère spirituel et rituélique fort aux loges de la Grande Loge de France, qui pratiquaient le Rite Ecossais Ancien et Accepté.

 

Il faudra un très long chemin et beaucoup de travail pour arriver à la situation actuelle où, grâce à la redécouverte progressive de nos rituels princeps, nous pouvons maintenant pratiquer une maçonnerie et un rite conforme au génie de ses créateurs.

 

Albert Lantoine avait créé en 1910 une loge « Le Portique » N°427 pour réveiller spirituellement et rituéliquement l'obédience. Cette loge a connu pas mal de vissicitudes lors de ces premières années d'existence car un tel projet connaissait des vives réticences internes.

 

C'est Michel Dusmesnil de Gramont, aidés des frères comme Antonio Coen, Louis Doignon et bien d'autres, qui - après la guerre - parachevera l'oeuvre initiée par Albert Lantoine, Oswald Wirth, René Guénon ou Jules Boucher.

 

Et ce n'est pas un hasard. Dumesnil de Gramont, qui avait été initié en 1919 au sein de la loge "Cosmos", rejoindra en 1921 les anciens Frères de la Loge « Le Portique » qui réveillaient cet Atelier et en devint le Vénérable Maître à trente ans. 

 

Pour se rendre compte du chemin parcouru :

 

Dans la quasi totalité des loges de la Grande Loge de France en 1930 :

 

- Les apprentis et les compagnons se tenaient (nous l'espérons...) sur leurs colonnes respectives mais en tenue de ville, sans gants ni tabliers blancs.

 

- Les maîtres maçons portaient simplement leurs cordons de maîtres, mais pas de tabliers. Les députés ne portaient pas non plus leurs tabliers lors des tenues de Grande Loge ni pendant les Convents.

 

- Il n'y avait pas les trois colonnes Sagesse Force Beauté.

 

- Il n'y avait pas le Volume de la Loi Sacrée sur l'Autel des Serments (il faudra attendre le Convent de 1954 pour que la Bible soit rétablie).

 

- La présence du tableau de loge était aléatoire...

 

- Dire que certaines loges ne travaillaient toujours pas à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers relève d'une certaine réalité.

 

- La majorité des sujets traités étaient pour le moins sociétaux et politiques pour ne pas dire... profanes (voir par exemple les sujets de planches de Roger Salengro à Lille).

 

 

Mais nous ne savons toujours pas depuis quand les francs-maçons écossais avaient perdu l'habitude de mettre leur tablier !

 

Jean-Laurent Turbet

 

A quelle date la Franc-Maçonnerie française a-t-elle abandonné le tablier ?
A quelle date la Franc-Maçonnerie française a-t-elle abandonné le tablier ?

 

 

 

 

 

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

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L
peu de temps après mon initiation, fin des années 70, au GO, il nous a été lu une circualire du C:.O:. rappelant l'obligation du port simultané du tablier et du cordon pour les M:., au motif que c'est le tablier qui est maçonnique, pas le cordon. Mon propre père +1962, représentant voyageait ave son seul cordon (que j'ai encore); je ne lui au jamais connu de tabler!
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B
Témoignage : Mon père qui était né en 1927 se souvenait que juste avant les vendanges ( donc septembre ou octobre ) 1940 à Bordeaux , son parrain lui a fait rallumer le poêle et ils ont alors brûlé des papiers, des cahiers et un tablier ... Mon père n avait alors jamais entendu parlé de Franc Maçonnerie , ce fut la 1ère fois que son parrain lui en parlait . Il ne se souvenait plus de quelle obédience il était mais il se souvenait d un tablier bordé de bleu... et d un cordon qui lui était plutôt couleur bordeaux ( mais pour le cordon il n était pas très sûr car son parrain avait brûlé aussi des habits militaires ... )
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P
Mon cher Jean Laurent,<br /> <br /> Sans attendre la réponse de Pierre Mollier je peux te citer un échange avec Ludovic Marcos qui m'a dit que durant l'entre 2 guerres, avec la version du Général Gérard de 1922, les tenues se déroulaient sans décors et quasiment sans rituel !!!<br /> <br /> Pour ce qui est de tes constats sur les pratiques de la Grande Loge de France en 1930, je pense qu'il faut différencier les pratiques (copies de celles du GODF ?) des rituels. En effet, le laxisme apparent était en contradiction avec les rituels publiés dans les années 20 qui prévoyaient :<br /> <br /> - que "tous les membres présents [devaient être] revêtus de l'habit de leur grade" et qu'ils ne devaient "jamais [se] présenter en Loge sans en être revêtu". Celà est confirmé dans les mémentos des 3 degrés.<br /> Concernant les gants il n'est par contre pas sûr qu'ils étaient remis au nouvel apprenti ni qu'il y ait eu obligation d'en avoir.<br /> <br /> - Les apprentis et les Compagnons se tenaient très certainement sur la colonne du Nord et ce depuis 1829 sans plus de précision. Le projet de rituel de 1952 proposait de placer les Compagnons sur celle du Midi. Ce sera acté dans les rituels des années 60's qui ajouteront : "sur les rangs arrières"<br /> <br /> - si en parlant du Volume de la Loi Sacrée tu sous-entends la Bible c'est vrai qu'elle avait disparu depuis 1829 mais il y avait bien sur le plateau du Véné une équerre, un compas, une épée et les Constitutions de la GLDF (les Constitutions d'Anderson seront ajoutées en 1938). Il ne s'agissait pas des 3 Grandes Lumières qui étaient les "trois forts piliers", "Sagesse, Force, Beauté", situés "Une à l’Est, une à l’Ouest et la troisième au Sud"... dont l'allumage sera adopté au Convent de 1938 bien "que beaucoup de Loges pratiquent déjà"...<br /> <br /> - La présence du tableau de loge était prévue : "Au milieu de la salle, sur le pavé, est le tableau quadrangulaire de la Loge que l'on trace de manière qu'il puisse être facilement effacé."<br /> <br /> - Le Grand Architecte de l'Univers n'a jamais disparu des rituels ni du SCDF ni de la GLDF
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J
L'article de Lantoine comme le vœu du Convent de 1936 de la GLDF sont clairs. Peu importe ce qui est marqué dans les rituels... Les frères de la GLDF ne portaient (dans les faits) pas de tabliers.<br /> <br /> Ce n'est que lorsqu'un rapprochement va se faire avec la FM mondiale (anglo-saxonne) qu'on va reparler de la Bible (on va proposer l'ouverture au Prologue de Jean - comme au RER - alors qu'au REAA on ouvrait à la 1ère épître de Pierre au 1er degré)<br /> <br /> On va aussi adopter les Constitutions d'Anderson (1938) alors qu'elles n'avaient pas cours dans les loges écossaises de tradition des Anciens (donc pas andersonniennes!). Il y avait avant, comme tu le notes fort justement, les constitutions de la Grande Loge de France.<br /> <br /> Le GADLU n'a pas disparu des rituels mais dans les faits, nombre de loges issues de la GLSE ne travaillent pas à la Gloire du GADLU. Pas plus que les frères de ces loges ne mettent de tabliers alors que c'est dans les textes aussi ... Je ne dis pas que c'est bien ! Je dis juste que ça se passait comme ça !

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