« Une île,
Claire comme un matin de Pâques »
Jacques Brel
Le Tombeau Ouvert : Mystère de la Résurrection.
La Vie plus forte que la Mort.
... à partir de et selon l'Evangile de Jean
"Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend au tombeau, dès le matin, alors qu’il fait encore sombre, et elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau." (Jean 20:1)
La scène est posée. Nous sommes dans l’aube encore grise d’un jour qui va bouleverser l’histoire humaine. Le tombeau est vide. La pierre roulée. La mort n’a pas eu le dernier mot. La Vie s’est levée en silence, sans témoins, mais elle va se révéler.
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Marie de Magdala : la première à voir
Dans l’Évangile de Jean, Myriam de Magdala (la compagne de l'Enseigneur selon l'Evangile de Thomas), Marie Madeleine, joue un rôle central. Elle vient seule, dans l’obscurité du matin. L'obscurité symbolise à la fois le deuil, l'ignorance, mais aussi ce moment juste avant que la lumière ne surgisse. Elle est la première à constater le tombeau vide. Elle est le premier témoin de la Résurrection. Bien avant les disciples qui avaient fui lors de la Crucifixion. Marie de Magdala, elle, était resté au pied de la Croix.
Les femmes sont toujours les premières à recevoir la lumière nouvelle. Elles représentent l’intuition, la réceptivité, l’âme ouverte aux réalités invisibles. Dans une culture patriarcale, ce choix évangélique est profondément symbolique : le témoignage de la Résurrection commence par celles qui, spirituellement, "voient" au-delà de ce que les yeux perçoivent.
Marie court annoncer la nouvelle aux disciples.
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Jean et Pierre : le cœur et la pierre
Ce moment est d’une richesse symbolique intense.
Jean et Pierre se précipitent. Jean arrive le premier - il est le disciple que Jésus aimait, le disciple du cœur. Mais il n’entre pas. Il attend Pierre.
Jean est celui qui aime, celui qui pressent, celui qui croit sans voir (cf. Jean 20:8).
Mais il respecte l’ordre.
Il laisse Pierre entrer le premier. Pourquoi ? Parce que Pierre, même imparfait, est la colonne de l’Église.
Jésus a appelé Simon du nom de "Céphas" en araméen, "Pierre" le "roc" (Pierre, en grec Petros), sur lequel il bâtira son Église (Matthieu 16:18).
La théologie y voit la reconnaissance du rôle ecclésial de Pierre : l’intuition spirituelle (Jean) ne peut se détacher de la structure visible (Pierre). L’Esprit et l’Église marchent ensemble.
Nous pouvons dire aussi l'exotérisme (Pierre) et l'ésotérisme (Jean), même si les deux démarches soient complémentaires.
Ce n'est pas pour rien que de de nombreuses sociétés initiatiques - dont la Franc-Maçonnerie de Rite Ecossais Ancien et Accepté - travaillent avec le Volume de la Loi Sacrée ouvert au Prologue de l'Evangile de Jean. Evangile de Lumière, évangile le plus ésotérique et symbolique.
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C'est bien Marie qui parle en premier au Ressuscité
Marie est non seulement la première à voir le tombeau vide mais elle est la première à voir le Ressuscité. Elle pense tout d'abord voir un jardinier et ne reconnaît pas tout de suite Jésus. Mais dès qu'il lui parle elle reconnaît sa voix par sa Parole ("au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu... En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes" (Jean 1)
« Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre ; et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! C’est-à-dire, Maître ! Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses ». (Jean -20)
Elle est bien le symbole du Féminin Sacré.
La Vie plus forte que la mort
Pierre entre et voit les linges posés là. Le suaire bien roulé à part. Pas un vol. Pas un désordre. Tout est ordre et paix, comme après une naissance. Le tombeau n’est pas un lieu de mort, mais de transformation.
Jésus est ressuscité. Pas simplement réveillé, ni réanimé. Il est passé de l'autre côté de la mort, pour en triompher définitivement. Il n'est pas revenu dans son ancien corps pour le perdre à nouveau : il est transfiguré, vivant pour l’éternité.
Jean écrit : « Il vit et il crut » (Jean 20:8). La Résurrection est un acte de foi, mais aussi un mystère cosmique.
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Lectures symboliques et ésotériques de la Résurrection
Au-delà du récit historique, la Résurrection parle à l’âme, à l’esprit, au monde.
Symboliquement, le tombeau vide, c’est le passage de l’ancien au nouveau. C’est la mue. Le linceul reste, mais la vie s’est levée. Jésus, en se relevant, ouvre à chacun un chemin de libération.
Le tombeau devient un utérus inversé : lieu de mort qui devient lieu de nouvelle naissance. Le jour de Pâques est une nouvelle genèse. "Le premier jour de la semaine" rappelle le "premier jour" de la création. Un monde nouveau commence.
Ésotériquement, le Christ ressuscité devient l’archétype de l’Homme accompli, ce que les écoles spirituelles appellent le Soi ou l’Homme Nouveau. Il représente l’éveil de la conscience divine dans l’humain.
Marie Madeleine, en le reconnaissant et en l’appelant "Rabbouni", vit un éveil spirituel majeur. Elle passe du deuil à la reconnaissance du Mystère vivant.
Jésus lui dit : "Ne me retiens pas" (Jean 20:17). Elle ne doit pas s’attacher à la forme passée, mais s’ouvrir à la Présence spirituelle, désormais universelle.
Lecture alchimique : de la putréfaction à la transmutation
L'alchimie spirituelle reconnaît trois grandes étapes dans toute transformation : nigredo (noirceur), albedo (blanchissement), et rubedo (rouge, couronnement).
L'œuvre au noir, l'œuvre au blanc, l'œuvre au rouge.
- La croix représente la nigredo : la descente dans la souffrance, le dépouillement total.
- Le tombeau est le creuset, le four hermétique. La matière est morte, dissoute.
- La Résurrection est la rubedo : la pierre philosophale apparaît. Le corps glorieux est le fruit de la transmutation spirituelle ultime.
Ainsi, dans une lecture alchimique, Jésus n’est pas seulement un sauveur, il est le Grand Œuvre accompli. Son corps de lumière est le but de toute initiation : transformer le plomb de la nature humaine en or de l’esprit.
Le Christ vivant en nous
La Résurrection selon Jean est un appel à entrer dans le mystère, avec Pierre et Jean, avec Marie.
C’est une invitation à sortir nous aussi du tombeau, de nos enfermements, de nos morts intérieures.
La vie a vaincu la mort. Non pas pour nier la mort, mais pour la traverser et la transfigurer.
Le tombeau vide nous regarde : sommes-nous prêts à laisser derrière nos linges usés, nos anciennes peaux ?
Chaque Pâques est un seuil. Un matin. Une ouverture.
Le soleil se lève, non plus sur un monde de deuil, mais sur un monde où la Vie a le dernier mot.
Jean-Laurent Turbet
Les œufs de Pâques : symboles de vie et de résurrection
Origine païenne :
Avant même le christianisme, l’œuf était un symbole universel de vie, de renouveau et de fertilité.
Dans l’Antiquité, à l’arrivée du printemps, on célébrait le retour de la vie avec des offrandes d’œufs.
Christianisation du symbole :
Dans le christianisme, l’œuf est vite devenu un symbole de la Résurrection : comme le Christ sort du tombeau, la vie sort de la coquille.
Dès le Moyen Âge, les chrétiens orthodoxes notamment peignaient des œufs (souvent en rouge, pour symboliser le sang du Christ).
Et pourquoi en chocolat ?
Pendant le carême (les 40 jours avant Pâques), les chrétiens ne mangeaient pas d’œufs (ni de viande ni de lait).
On conservait donc les œufs pondus pendant ce temps, et à Pâques on les consommait. Puis la tradition a évolué : on les décorait, puis on les a vidés et remplis de chocolat (à partir du XIXe siècle, avec l’essor du cacao en Europe).
Les cloches de Pâques : tradition catholique française
Origine religieuse :
Dans la tradition catholique, les cloches ne sonnent plus entre le jeudi saint (jour de la Cène) et le dimanche de Pâques, en signe de deuil pour la mort du Christ. Pour expliquer cela aux enfants, on disait que « les cloches partaient à Rome » pour se faire bénir par le pape.
Et elles reviennent ?
Oui, elles « reviennent » le matin de Pâques, en carillonnant pour annoncer la Résurrection. Et selon la tradition populaire française, elles en profitent pour laisser tomber des œufs (en chocolat) dans les jardins !
Le lapin de Pâques : héritage germanique et symbole de fertilité
Origine païenne :
Le lapin (ou lièvre) est un ancien symbole de fertilité, très actif au printemps… Ce symbole est lié à des déesses de la fécondité comme Eostre (d’où vient d’ailleurs le mot anglais Easter).
Origine chrétienne européenne :
Dans les pays germaniques, notamment en Allemagne, le « lièvre de Pâques » (Osterhase) apparaît au XVIIe siècle. Il est censé apporter des œufs colorés aux enfants sages.
Les immigrés allemands ont ensuite exporté cette tradition aux États-Unis.
un mélange de foi et de folklore
Les traditions de Pâques mélangent des éléments chrétiens (la Résurrection du Christ) et païens (fêtes du printemps, symboles de vie).
Le chocolat, lui, est venu ajouter une touche gourmande et commerciale plus récente !
Jean-Laurent Turbet
L'Oratorio de Pâques de Jean-Sébastien Bach, dirigé par John Elliott Gardiner.
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