Le Vendredi Saint
Jour de la Passion et de la Crucifixion
Le Vendredi Saint est l’un des jours les plus sacrés du calendrier chrétien.
Il commémore la Passion du Christ, c’est-à-dire ses souffrances et sa mort sur la Croix, au sommet du Golgotha (le "Mont du Crâne").
Ce jour dramatique est au cœur de la foi chrétienne, car il constitue l’accomplissement du sacrifice rédempteur de Jésus, considéré par les chrétiens comme le Fils de Dieu, l'Agneau immolé pour les péchés du monde.
Les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc) et l’évangile de Jean racontent les derniers instants du Christ avec des détails poignants.
Trahi par Judas, arrêté, humilié, jugé de façon expéditive, flagellé et finalement cloué sur une croix entre deux brigands, Jésus connaît une mort atroce, mais choisie dans l’obéissance à la volonté du Père.
Ce jour noir de la Passion est aussi, paradoxalement, porteur d’une lumière secrète : c’est le mystère du salut à travers la souffrance, un thème majeur dans la théologie chrétienne.
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La signification religieuse de la Passion
La Passion du Christ s’enracine dans les prophéties de l’Ancien Testament, notamment dans le livre d’Isaïe, où le "Serviteur souffrant" est présenté comme celui qui portera les péchés de la multitude (Isaïe 53).
La mort de Jésus est comprise comme un sacrifice expiatoire, une offrande volontaire pour réconcilier l’humanité avec Dieu.
Selon la théologie chrétienne, Jésus prend sur lui la faute du monde, et par sa mort, il ouvre un chemin vers la rédemption. Ce sacrifice unique remplace tous les anciens sacrifices rituels de l’ancienne alliance.
"Il a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités" (Isaïe 53,5)
Le Vendredi Saint est ainsi un jour de recueillement, de jeûne et de silence, marqué par des liturgies sobres, où l’autel est dépouillé, les cloches se taisent, et l’Église médite devant la Croix nue.
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INRI : une inscription à déchiffrer
Au-dessus de la tête de Jésus crucifié, l’Évangile rapporte que Pilate fit inscrire un titulus sur la croix, avec ces lettres : INRI. Elles signifient en latin :
- Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum — Jésus de Nazareth, Roi des Juifs.
Pilate voulait se moquer des Juifs, mais sans le savoir, il écrivait une vérité prophétique. Jésus est bien un roi, mais pas selon les critères humains. Son trône est une croix, sa couronne est faite d’épines.
Une lecture symbolique et mystique de INRI
Au fil des siècles, cette inscription a aussi reçu des interprétations ésotériques et alchimiques. et même l'on pourrait dire, maçonniques.
Pensons ensemble aux fêtes pascales organisées par les Chevaliers Rose+Croix en ce moment dans tout l'hexagone et au-delà !
Les lettres INRI (il faut prononcer chaque lettre et pas le mot) ont été détournées de leur sens historique pour devenir un symbole initiatique.
Par exemple:
- Igne Natura Renovatur Integra : Par le feu, la nature est intégralement renouvelée.
C’est une devise alchimique qui exprime la purification et la transformation de la matière par le feu — image du feu spirituel qui régénère l’âme humaine à travers l’épreuve.
Dans cette optique, la Croix devient un athanor, le four alchimique dans lequel l’homme ancien meurt pour renaître à une vie nouvelle. Le Christ crucifié symbolise alors l’Œuvre au Rouge, le couronnement de l’alchimie spirituelle : la transmutation de l’être.
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Les femmes et le centurion au pied de la Croix
Les femmes fidèles
Au pied de la Croix, tandis que les disciples ont fui, il ne reste que quelques femmes qui - elles - restent fidèlement présentes aux pieds de l'Enseigneur, malgré le danger : Marie, la mère de Jésus, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, Salomé et selon Jean, le disciple bien-aimé (ou le disciple que Jésus aimait, peut-être l'évangéliste lui-même).
La présence de ces femmes est bouleversante.
Elles incarnent la fidélité, la compassion et l’amour silencieux, là où la peur et l’abandon triomphent chez d'autres.
Marie, debout au pied de la Croix, est l’icône de la Mère des douleurs, unie au sacrifice de son Fils.
"Femme, voici ton fils... Voici ta mère." (Jean 19,26-27)
Par ces paroles, Jésus confie sa mère à Jean, et inaugure une nouvelle famille spirituelle fondée sur l’amour et la foi.
Le centurion romain : une reconnaissance païenne
Un autre personnage clé apparaît dans les Évangiles : le centurion, officier romain chargé d’assister à la crucifixion.
Dans un retournement saisissant, après la mort de Jésus, il s’écrie :
"Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu !" (Marc 15,39)
Ce païen, soldat de l’Empire, est le premier à confesser la divinité de Jésus après sa mort.
Il incarne l’ouverture du salut à toutes les nations, l’élargissement de l’alliance au monde païen. C’est aussi une figure de l’initié : celui qui voit, au-delà du voile, le mystère caché dans le scandale de la Croix.
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La symbolique de la Croix : au croisement du Ciel et de la Terre
La Croix est le symbole central du christianisme. Mais sa puissance dépasse le simple souvenir d’un instrument de torture.
Une géométrie cosmique
La Croix relie deux axes :
-
L’horizontal : le monde, l’histoire, les relations humaines, la matière.
-
Le vertical : Dieu, le Ciel, la transcendance, l’Esprit.
Jésus, en croix, unit ces deux dimensions.
Il réconcilie la Terre et le Ciel, l’homme et Dieu. Il est la Réconciliation, le chemin, la vérité et la vie.
La Croix devient arbre de vie, pont entre les contraires (qui réunit ce qui est épars), lieu du paradoxe ultime : la mort qui donne la vie.
La Croix comme centre du monde
De nombreux mystiques, comme Saint Jean de la Croix ou Maître Eckhart, ont vu dans la Croix une image du centre cosmique, là où s’opère la transformation.
C’est aussi un symbole universel, que l’on retrouve dans des traditions très anciennes, parfois bien avant le christianisme.
On peut y lire une archétype de la rencontre, du sacrifice, et de l’union des opposés.
Une lecture alchimique
Dans la pensée alchimique, la Croix peut être associée à la croix des éléments :
-
Terre (sud)
-
Eau (nord)
-
Air (est)
-
Feu (ouest)
Le Christ crucifié est alors le point d’union de ces forces contraires, celui qui sacrifie l’égo pour révéler l’être divin.
+ La Croix devient ainsi instrument de régénération intérieure.
Ce sont les quatre épreuves qu'ont à connaître les apprentis maçons le jour de leur initiation.
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Conclusion : la Croix, mystère de mort et de vie
La Passion du Christ n’est pas simplement un fait historique. C’est un mystère — un événement qui nous touche dans les profondeurs de notre être.
Le Vendredi Saint nous met face à la violence du monde, mais aussi à la tendresse d’un Dieu qui s’y expose.
Dans la Croix se noue le drame humain et divin : la souffrance, l’abandon, la fidélité, la révélation. C’est un lieu de scandale et de gloire, de douleur et de grâce.
Et c’est pourquoi les chrétiens la vénèrent, non pas pour la souffrance, mais pour l’amour qui y est révélé.
Qu’on la contemple dans la foi, dans la symbolique, ou même dans l’alchimie spirituelle, la Croix reste un appel à la transformation intérieure, à mourir à soi pour renaître dans l’amour.
C'est le cœur de tout processus initiatique, et particulièrement celui que l'on propose au Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Dimanche de Pâques sera un autre jour... A dimanche !
Jean-Laurent Turbet
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Jean 19 ( Traduction Louis Segond)
— Flagellation, condamnation et crucifixion —
1Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges.
2 Les soldats tressèrent une couronne d'épines qu'ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre; puis, s'approchant de lui,
3 ils disaient: Salut, roi des Juifs! Et ils lui donnaient des soufflets.
4 Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs: Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.
5 Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit: Voici l'homme.
6 Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s'écrièrent: Crucifie! crucifie! Pilate leur dit: Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le; car moi, je ne trouve point de crime en lui.
7 Les Juifs lui répondirent: Nous avons une loi; et, selon notre loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu.
8 Quand Pilate entendit cette parole, sa frayeur augmenta.
9 Il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus: D'où es-tu? Mais Jésus ne lui donna point de réponse.
10 Pilate lui dit: Est-ce à moi que tu ne parles pas? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te crucifier, et que j'ai le pouvoir de te relâcher?
11 Jésus répondit: Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, s'il ne t'avait été donné d'en haut. C'est pourquoi celui qui me livre à toi commet un plus grand péché.
12 Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient: Si tu le relâches, tu n'es pas ami de César. Quiconque se fait roi se déclare contre César.
13 Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors; et il s'assit sur le tribunal, au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha.
14 C'était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs: Voici votre roi.
15 Mais ils s'écrièrent: Ote, ôte, crucifie-le! Pilate leur dit: Crucifierai-je votre roi? Les principaux sacrificateurs répondirent: Nous n'avons de roi que César.
16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent.
17 Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha.
18 C'est là qu'il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
19 Pilate fit une inscription, qu'il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue: Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
20 Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la ville: elle était en hébreu, en grec et en latin.
21 Les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate: N'écris pas: Roi des Juifs. Mais écris qu'il a dit: Je suis roi des Juifs.
22 Pilate répondit: Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit.
23 Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas. Et ils dirent entre eux:
24 Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s'accomplît cette parole de l'Écriture: Ils se sont partagé mes vêtements, Et ils ont tiré au sort ma tunique. Voilà ce que firent les soldats.
25 Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala.
26 Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: Femme, voilà ton fils.
27 Puis il dit au disciple: Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui.
28 Après cela, Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l'Écriture fût accomplie: J'ai soif.
29 Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche.
30 Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit.
31 Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, -car c'était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, -les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés, et qu'on les enlevât.
32 Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l'autre qui avait été crucifié avec lui.
33 S'étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes;
34 mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.
35 Celui qui l'a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.
36 Ces choses sont arrivées, afin que l'Écriture fût accomplie: Aucun de ses os ne sera brisé.
37 Et ailleurs l'Écriture dit encore: Ils verront celui qu'ils ont percé.
38 Après cela, Joseph d'Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus.
39 Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès.
40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c'est la coutume d'ensevelir chez les Juifs.
41 Or, il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne encore n'avait été mis.
42 Ce fut là qu'ils déposèrent Jésus, à cause de la préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche.
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