Libération se pose aujourd'hui la question de savoir si l'on peut encore critiquer l'Islam.
La réponse de tout démocrate et de tout républicain est bien évidemment oui. On peut en France critiquer une religion, toutes les religions, les philosophies, les théories diveres et variées, le positivisme, le relativisme, l'athéïsme etc... En France on peut le faire, mais depuis seulement un siècle, et encore !
Rappellons tout de même que le Chevalier de la Barre, dont Voltaire défendit la mémoire, fût décapité le 1er juillet 1765 pour n'avoir pas salué une procession religieuse... Sans parler de l'Inquistion, du cléricalisme et de tous les maux dont l'église catholique et romaine est responsable dans notre pays.
L'Islam, comme toutes les religions, porte en elle les germes de la haine, de l'intolérance et du fanatisme. Ce n'est pas un particularisme de l'Islam, mais un fondamental à toutes les religions. A partir du moment où l'on a la vérité révélée par un Dieu unique qu'il convient de révérer et si en plus on souhaite le faire découvrir - et bientôt l'imposer - aux autres la violence peut rapidement arriver (et arriva d'ailleurs). Toute l'histoire de l'humanité en porte témoignage.
Ce constat toutefois doit être pondéré par un élément important. La très grande majorité des fidèles des religions souhaite pratiquer leur foi tranquillement, dans la paix, et de plus souvent dans le respect des croyances de l'autre. C'est tout de même un fait majeur.
Il faut aussi pondérer cette analyse en se rappellant que les plus grands génocides de tous les temps, commis au siècle dernier, tant par les nazis que par les divers régimes communistes, n'ont pas été commises au nom de la religion, mais plutôt au nom de théories raciales ou rationalistes qui se voulaient scientistes et scientifiques.
Comme le dit fort justement l'Evangile, avant de voir la paille dans l'oeil du voisin, regarde la poutre qui est dans le tien...
Nier pour autant qu'il y ait un réel problème actuellement avec l'Islam radical serait nier la réalité qui s'impose à nous tous les jours. Une partie de l'Islam se redicalise et s'intégrise, à contre courant de ce qui se passe vis à vis des religions en Europe occidentale et en grande partie aux Etats-Unis, quoi que là bas nous pouvons observer avec inquiétude la montée en puissance d'un christianisme conservateur et fondamentaliste qui ne peut que nous inqiéter.
Nous pouvons même observer, chez nous, la recrudescence d'un islam (on ne peut pas parler de retour de cet islam qui n'existait pas chez les générations précédentes de musulmans) radical à la mode Saoudienne ou iranienne. L'influence de l'argent venant des pays du golfe (pour le radicalisme sunnite de tendance wahabite) ou de l'Iran (pour les chiites) est indéniable. C'est un islam radical largement importé et financé, alors qu'il était presque inconnu dans les pays du Maghreb dont sont originaires la plupart des musulmans de France et totalement ignoré des musulmans originaires d'afrique noire.
On peut penser pourtant qu'à une échelle longue cette mouvance ira en diminuant lorsque la manne financière du golfe - c'est à dire le pétrole - aura disparue.
Il faudra également qu'en terre d'Islam se produise la même chose que ce qui s'est passé en France depuis le siècle des Lumières, à savoir la séparation du politique et du religieux.
Ce combat contre le cléricalisme, représenté en France par l'aglise catholique et romaine, a été long et mouvementé depuis la Révolution Française jusqu'à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905.
Et encore il a fallut attendre 1945 pour que le pacte républicain soit accepté par la quasi totalité de la classe politique française. Le combat contre le cléricalisme n'a en effet pas été sans heurts, sans violence et sans contrainte pour mettre le fait religieux dans la sphère privée alors qu'il était omniprésent dans la sphère publique.
Et ce consensus social doit pourtant toujours être surveillé comme le lait sur le feu ! Si nous en sommes maintenant arrivés à une laïcité apaisée et tolérante, ça a été un travail de longue haleine où les affrontements ont été nombreux contre les plus réactionnaires.
C'est maintenant aux citoyennes et aux citoyens vivant en pays musulmans - et à eux seuls - de mener ce combat.
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