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Le Blog des Spiritualités

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Les Français et la colonisation.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 2 Décembre 2005, 15:54pm

Catégories : #Histoire, #Colonisation

Les Français et la colonisation.

Les Français approuvent le rôle "positif"


Selon l'institut CSA, 64% des Français (57% à gauche) souhaitent que les programmes scolaires reconnaissent le "rôle positif" de la colonisation.

   

 

Près de deux Français sur trois (64%) souhaitent que les programmes scolaires reconnaissent le rôle "positif" de la colonisation française, selon un sondage CSA publié vendredi 2 décembre par Le Figaro.

En pleine polémique sur l’article de loi demandant aux programmes scolaires de "reconnaître en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer",
cette proportion est plus élevée parmi les sympathisants de droite (75%) que parmi les sympathisants de gauche (57%), malgré l'offensive menée à l'Assemblée nationale par le PS et le PCF pour obtenir le retrait de l’article de loi.
Selon le sondage, 68% des sympathisants communistes, 59% des sympathisants des Verts et 55% des sympathisants des socialistes approuvent l'article.
A droite, 75% des sondés l’approuvent.

Les cadres moins favorables au texte

Vingt-neuf pour cent des personnes interrogées se déclarent opposées à ce que soit indiqué dans la loi que les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la colonisation.
Cette proportion monte à 38% chez les sympathisants de gauche et descend à 19% chez ceux de droite.
Les opposants ont plutôt à rechercher chez les catégories aisées: les cadres sont 45% à l'approuver, contre 72% chez les employés.
Le directeur de CSA-opinions, Stéphane Rozès, cité par Le Figaro, explique que "les Français estiment que la majorité (qui a voté l'article) n'a pas voulu faire l'apologie de la colonisation, mais a souhaité que les manuels scolaires n'occultent pas ses effets positifs".
(AP)

Sondage CSA réalisé par téléphone le 30 novembre auprès d'un échantillon national de 1.013 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).

 


 

"La bataille s'annonce longue"

par Claude Liauzu, professeur d’histoire à l’Université Paris VII, auteur notamment de "La société française face au racisme" (Complexe, 1999)

Quel regard portez-vous sur le réveil tardif du PS pour contester la loi de février 2005, qui impose aux programmes scolaires de reconnaître le "rôle positif de la présence française, notamment en Afrique du Nord" ?

- La première réflexion qui me vient à l'esprit est "mieux vaut tard que jamais"! D'autant que la bataille, n'est pas finie et s'annonce longue.
Il était temps que les politiques réagissent. Nous avons tiré la sonnette d'alarme il y a plusieurs mois déjà.
Une loi n'a pas à privilégier un groupe, ici les rapatriés, qui certes mérite de l'attention mais pas le pouvoir d'imposer sa mémoire comme seule vérité.

Eprouvez-vous le sentiment que l'on puisse parvenir à une abrogation de ce texte ?

- Je ne fais guère d'illusion sur l'adoption de l'amendement du PS visant à supprimer de la loi l'article qui demande à l'école de reconnaître "le rôle positif" de la colonisation.
Le bon sens voudrait que oui. Le bon sens voudrait que l'on applique une formule proche de celle édictée par les Accords de Nouméa affirmant qu'il est temps de "reconnaître les ombres de la période coloniale même si elle ne fut pas dépourvue de lumière".

Ce texte a été signé en 1998! Un tel compromis ne mangerait pas de pain. Il constituerait un message positif envers les pays colonisés et l'intégralité de la société française.

Justement, pensez-vous qu'un meilleur enseignement du fait colonial favoriserait une plus grande cohésion de la société française ?

- Mais bien sûr, un tel enseignement ne peut pas faire de mal! L'histoire coloniale n'a pas de place suffisante dans les programme scolaires. Il ne s'agit pas de quantité en terme d'heures ou de nombre de pages, etc. Il s'agit de lier ce point de notre histoire avec toutes les autres questions qui en découlent telles que la diversité, la guerre des mémoires, etc. Ces questions sont aujourd'hui une urgence et on se prive d'éléments de réponse.
Aujourd'hui, l'histoire est menacée. Nous défendons le droit à la libre recherche.
Avec le culte de la nation mis en place à la fin de la IIIè République, les politiques ont réussi à rassembler tout le monde y compris les communards. Une telle disposition n'est ni possible ni souhaitable à l'heure actuelle, mais il y a bel et bien quelque chose à inventer et cette loi ne va pas dans ce sens du mieux-vivre ensemble.

Propos recueillis par Laure Gnagbé
(le mardi 29 novembre 2005)

 


 

"L'Histoire est présentée de façon antinationale" 


par Christian Vanneste, député du Nord, auteur de l'amendement imposant la reconnaissance
du rôle positif de la France lors de la colonisation

Quelle est votre première réaction au rejet par les députés de la proposition de loi socialiste visant à abroger l'article de la loi de février 2005 sur les rapatriés qui souligne le "rôle positif" de la présence française outre-mer ?

- C'est une très grande satisfaction. Il aurait été indigne d'accepter cette modification. C'est un mot fort, mais cet article est fondé. Nous demandons juste que le rôle positif de la France outre-mer soit aujourd'hui rappelé. Mais surtout, et l'on passe souvent sous silence cela, la deuxième partie de l'article 4 demande qu'on témoigne une reconnaissance envers les soldats issus des colonies et qui ont contribué à libérer la France. Or il serait indigne de passer cela sous silence comme le demandaient aujourd'hui les socialistes. Je trouve par ailleurs très grave qu'un député français, influencé par une puissance étrangère (l'Algérie, ndlr), contre laquelle je n'ai d'ailleurs rien, veuille faire changer la loi.

Comment défendez-vous le fait de passer par l'Assemblée nationale pour influer sur les manuels scolaires dans le but d'avancer une thèse historique d'ailleurs contestée par de nombreux historiens ?
- Mais les manuels s'influencent tout seuls. Lionel Lucca, député UMP et professeur d’histoire, l'a d'ailleurs très bien montré tout à l'heure dans l'hémicycle. Les manuels sont influencés lorsqu'ils disent que les "pieds-noirs sont rentrés" sans même commenter les circonstances de ce départ pour la métropole. Et je ne vous parle pas de la manière dont est qualifiée la défaite de la France à Dien Bien Phû. L'Histoire est souvent présentée de façon antinationale et nous voulons qu'un équilibre s'opère entre les points positifs et les points négatifs. On oublie trop souvent par exemple les grandes avancées médicales qui ont été possibles grâce à la colonisation.
On parle de l'esclavage, mais ce n'est pas une conséquence de la colonisation. Il a eu lieu du temps de l'ancien régime et ce n'est pas ce dont on parle. C'est d'ailleurs la colonisation qui, bien souvent, a mis fin à l'esclavage comme le montre l’exemple de Brazza. Cela fait partie des contrevérités colportées par des gens en manque de message de lutte des classes.

Vous prenez des positions souvent critiquées, y compris par certains de vos collègues de l'UMP, je pense notamment à vos propos sur l'homosexualité ou votre cosignature d'une proposition de loi restaurant la peine de mort pour les terroristes. Vous sentez-vous à votre place à l'UMP ?

- L'UMP est le grand parti de centre-droit. Il y a des gens plus au centre, des gens plus à droite. Moi je suis à droite. Je compare souvent notre parti au parti républicain aux Etats-Unis ou aux conservateurs Britanniques. Si j'étais Britannique, je dirais sans hésiter que je suis "conservateur".

Propos recueillis par Céline Louail-Lussato
(le mardi 29 novembre 2005)

 


"Une responsabilité grave du gouvernement"


 par Nicolas Bancel, historien, professeur à l’Université Strasbourg II, co-auteur notamment de
"La fracture coloniale" (La Découverte, 2005)

Quel regard portez-vous sur le réveil tardif du PS pour contester la loi de février 2005, qui impose aux programmes scolaires de reconnaître le "rôle positif de la présence française, notamment en Afrique du Nord" ?

- Cette réaction tardive est troublante. Surtout que lorsqu'on lit les délibérations, on s'aperçoit que le PS n'a pas été interloqué par les termes de l'article 4: "Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite". Le fait d'imposer une perception de l'histoire est pourtant inédit dans l'histoire des pays démocratiques.
Bien évidemment, mieux vaut tard que jamais, mais cela montre que le PS a encore beaucoup de chemin à faire sur le fait colonial, comme traumatisme et comme éclairage du présent.

En revanche, le refus de la majorité UMP de modifier la loi, ne doit pas vous étonner…

- J'avais pourtant l'espoir qu'un sursaut de lucidité ait lieu dans les rangs de l'UMP. Je ne sais pas si la droite réalise que le monde entier nous regarde avec des yeux étonnés! Il n'y a que le Japon qui agit de la sorte de nos jours.

Cette situation est symptomatique du malaise très profond qui existe dans notre pays par rapport à l'histoire coloniale. On ne peut tout de même pas nier que la colonisation n'a pu se bâtir que sur la domination.

Pensez-vous qu'un meilleur enseignement du fait colonial favoriserait l'intégration des jeunes dont les parents ou grands-parents viennent de pays anciennement colonisés ?

- L'enseignement de histoire de la colonisation apporterait quelque chose pour l'ensemble de la société française dont les 9 millions de personnes qui par filiation sont issues de pays ex-coloniaux. Il y a une négation de leur histoire en commun avec la France et de l'histoire de l'immigration. On a peur de parler de ce qui n'est pas une page rose. Pendant cinquante ans déjà, on a nié Vichy. Pourtant le mythe gaulliste d'une France unie contre l'Allemagne ne tenait pas face à une analyse historique. La vérité de la collaboration et de l'attentisme des Français a été bénéfique.
Avec cette loi, le gouvernement porte une responsabilité grave. Il nie la vérité historique de la colonisation et ses conséquences sociologiques.



Propos recueillis par Laure Gnagbé (le mardi 29 novembre 2005)

Source : Le Nouvel Obersateur

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