Dans un précédent article, jamais traité de la maxime "Il est parfois plus facile de faire son Devoir que de le connaître" ( https://www.jlturbet.net/2021/02/il-est-parfois-plus-facile-de-faire-son-devoir-que-de-le-connaitre.html), qui est une maxime cité à un degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Comme je le rappelais dans cet article c’est le Très puissant Souverain Grand Commandeur René Raymond (1877-1958, qui dirigea le SCDF durant 38 ans) – lui-même fils d’un ancien Grand-Commandeur, Jean-Marie Raymond (1845-1914) qui a créé des loges de Perfection (ou « Parvis »).
Auparavant, les maîtres maçons qui entraient dans la Juridiction du Suprême Conseil de France étaient directement reçus au 18ème degré dans un Chapitre (ils recevaient en une seule cérémonie tous les grades, du 4ème au 18ème).
En 1921, ce sont Albert Lantoine (1869-1949) et Oswald Wirth (1860-1943) qui sont chargés de rédiger les rituels de ces Loges de Perfection, qui vont du 4ème degré au 14ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, degrés qu’on ne pratiquait pas alors.
Les deux hommes étaient les véritables rénovateurs de la pensée maçonnique traditionnelle, philosophique, spirituelle et ésotérique, dans une Franc-Maçonnerie (y compris la Franc-Maçonnerie écossaise) alors largement traversée et principalement occupée par des considérations sociales et politiques.
Oswald Wirth avec des livres comme « La Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes » en trois tomes (Apprenti, Compagnon, Maître), et Albert Lantoine avec la création de la loge Le Portique en 1910 et une belle œuvre poétique. Ils publieront tous les deux d’autres ouvrages majeurs après 1921, comme les trois tomes de l’ « Histoire de la Franc-Maçonnerie » de Lantoine ou sa « Lettre au Souverain Pontife ».
Albert Lantoine et Oswald Wirth sont cooptés ensemble quelques années plus tard comme membres actifs du Suprême Conseil de France, en 1927.
C’est certainement Oswald Wirth (ancien secrétaire particulier de Stanislas de Guaita, membre de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix et de l’Ordre Martiniste notamment…) qui eut le rôle le plus important dans la conception et l’écriture des rituels des loges de Perfection.
Lorsque nous lisons les rituels anciens (que vous pouvez – par exemple – trouver dans le livre « Le Rite de Perfection » de Claude Guérillot aux éditions Trédaniel ou dans certains numéros de la revue « Ordo Ab Chao » du Suprême Conseil de France) nous nous apercevons que dans ce degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, les maximes sont absentes. Etonnement.
Y compris la maxime que je souhaite traiter aujourd'hui :
"Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre,
ni de réussir pour persévérer".
Cette maxime est attribuée à Guillaume de Nassau, prince d'Orange (en néerlandais : Willem van Oranje), comte de Nassau, dit également Guillaume le Taciturne (Willem de Zwijger).
Guillaume d'Orange est né le 24 avril 1533 à Dillenburg et mort au Prinsenhof de Delft le 10 juillet 1584, assassiné par Balthazar Gérard. Sa dépouille repose dans la Nieuwe Kerk de Delft. Il fut prince d'Orange, comte de Nassau à partir de 1544, puis de Katzenelbogen, de Vianden, burgrave d'Anvers, stathouder de Hollande, de Voorne, de Zélande, de Frise occidentale et d'Utrecht à partir de 1559, gouvernant un territoire partagé actuellement entre la Belgique et les Pays-Bas.
Je me suis demandé longtemps comment cette maxime "du Taciturne" était arrivée dans notre rituel actuel de ce degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Je me suis d'abord dit qu'il n'y avait rien d'étonnant à trouver une citation d'un Prince protestant calviniste dans notre rituel, compte-tenu des liens étroits entre le Rite Ecossais Ancien et Accepté et le protestantisme en général et le calvinisme en particulier.
Et puis j'ai cherché plus loin et je me suis demandé où Oswald With avait pu prendre cette citation, si c'était dans un livre du Taciturne ou dans un autre livre citant le Taciturne.
Et c'est bien dans le corpus de textes qui ont - de près où de loin - inspirés l'Ordre Martiniste, fondé par Papus et dont Oswald Wirth était un membre actif que j'ai trouvé. Papus, avant de se revendiquer de l'œuvre de Louis-Claude de Saint-Martin, a puisé toutes ses références initiales lors de la constitution de l'ordre et des rituels martinistes dans l'œuvre de Saint-Yves d'Alveydre.
Or, comme certains observateurs attentifs l'ont remarqués, j'ai publié il y a quelques jours sur ce Blog des Spiritualités, un article intitulé "Arbitraire ou Arbitral", texte de Papus qui cite très longuement son inspirateur, Saint-Yves.
Cet article a été publié dans la Revue "L'Initiation", créée par Papus, dans sa livraison de novembre 1889, le texte original de Saint-Yves d'Alveydre étant daté du 27 août 1889.
Et que peut-on lire dans cet article ? Qu'écrit Saint-Yves D'Alveydre ? :
« Ces trois apôtres, très unis au Ciel, voudraient sans doute que leurs fidèles ne s’exécrassent pas mutuellement sur la terre, et que le Turc, cimeterre au clair, n’eût plus à leur prêcher la paix sociale, à Jérusalem même, près du Tombeau de Jésus. Mes poèmes développeront cette pensée évangélique, sans grand espoir de réalisation rapide mais « point n’est besoin d’espérer pour entreprendre », disait Guillaume le Taciturne ».
Oswald Wirth, qui faisait partie du même groupe entourant Stanislas de Guaita, Papus et tous les fondateurs de l'Ordre Martiniste, et qui par ailleurs était un fervent - et très attentif ! - lecteur de tous les numéros de l'Initiation, a puisé ici l'idée de reprendre cette maxime (rappelons que lorsque l'Initiation cessera de paraître en 1912, Oswald With crééra aussitôt après une nouvelle revue intitulée Le Symbolisme, qui en sera en quelque sorte la continuatrice).
Il s'en est servi pour en faire l'une des maximes qui seront introduites par lui lorsqu'il écrira (avec Lantoine), les rituels des loges de Perfection en 1921.
A bientôt pour une nouvelle maxime...
Théodore Vézelay
Guillaume I er d'Orange-Nassau
Guillaume de Nassau, prince d'Orange (en néerlandais : Willem van Oranje), comte de Nassau, dit également Guillaume le Taciturne ( Willem de Zwijger) est né le à Dillenburg et mort au Prinsenho...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Ier_d%27Orange-Nassau
Alexandre Saint-Yves d'Alveydre
Joseph Alexandre Saint-Yves, né le , à Paris et mort le à Pau, est un érudit, poète et écrivain français. Joseph Alexandre Saint-Yves naît dans une famille catholique parisienne, il est l'a...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Saint-Yves_d%27Alveydre
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Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
« Jurez-vous, de plus, d’obéir fidèlement aux chefs de notre Ordre, en ce qu’ils vous commanderont de conforme et non contraire à nos lois ? » (Extrait du Serment prêté par chaque franc-maçon lors de son initiation).
Jean-Laurent Turbet
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