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Le Blog des Spiritualités

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"La Question du Rituel", d'Albert Lantoine.

Publié par Théodore Vézelay sur 5 Mars 2021, 08:00am

Catégories : #FrancMaçonnerie, #Franc-Maçonnerie, #AlbertLantoine, #Symbolisme, #Rituel

Il a été souvent question d'Albert Lantoine (1869-1949) dans de nombreux articles du Blog des Spiritualités, sous la plume de Jean-Laurent Turbet,

Ecrivain, poète, historien, philosophe, franc-maçon, il a laissé des ouvrages majeurs comme son Histoire de la Franc-Maçonnerie Française en trois volume ou son livre essentiel, la "Lettre au Souverain Pontife", publié en 1937.

Il a écrit pas moins de 113 articles dans la revue "Le Symbolisme",(créée en 1911 par son grand ami et frère Oswald Wirth), entre 1913 et 1948.

Je vous propose la lecture d'un article de Lantoine  que j'ai toujours trouvé passionnant, intitulé « La question du Rituel », publié dans le N° 55 du Symbolisme, en 1922, p. 229-245.

Evidemment toute ressemblance avec se qui a pu ou peut se passer dans nos obédiences respectives n'est que pure coïncidence... etc... Etc...

Théodore Vézelay

La question du Rituel

« Si un livre existait auquel la décence ordonnait de ne pas toucher, c’était le Rituel maçonnique.

Si pourtant ! Il y avait eu au cours du XIXème siècle, par la manie des rapetasseurs de choses anciennes, des suppressions malheureuses et des adjonctions plus malheureuses encore.

Le besoin de voir clair dans des symboles incompris avait fait substituer à des phrases profondes des âneries trop évidentes.

Il est impossible, par exemple, que la partie consacrée au Compagnonnage ait été conçue par les ouvriers de la première heure ; on y reconnaît la main imprudente d’un sous-primaire servi par une intelligence débile. Il y a là un invraisemblable magma de puérilités sur les philosophes, sur les cinq sens et sur les arts libéraux ; l’éloge qui s’y trouve fait de l’architecture, de ses maîtres et de ses manifestations à travers les âges est du pompiérisme le mieux averti.

Par cela même d’ailleurs que ce cours du 2ème degré est le plus accessible au cerveau des maçons, ceux-ci généralement ne le critiquent pas. Ils s’y trouvent à l’aise. Ils se rebellent un peu devant les obscurités, pourtant bien faibles, du grade d’apprenti et témoignent de l’admiration la plus débordante pour le mythe d’Hiram ; mais ils n’eussent jamais osé attenter à l’ensemble du Rituel parce que la légende circulait que Jules Simon (dont le savoir ne pouvait tout de même être mis en doute ?) en avait été l’inspirateur.

Sauvons généreusement la mémoire de ce philosophe sans méchanceté d’une action aussi détestable.

Nous ne sommes pas de ceux qui ont une tendance à croire que les hommes de chaque génération ajoutent à l’apport des générations précédentes le fruit de leurs méditations.

En science, en philosophie... peut-être, mais lorsqu’il s’agit d’une œuvre ésotérique, il convient de se méfier des innovations qui ne sont souvent que des déprédations d’incultes.

Nous en voyons la preuve de nos jours dans le mouvement qu’a suscité la dangereuse initiative de la Grande Loge de France (*).

En une telle matière l’intelligence se doit de récuser pour laisser aux très rares compétences le soin de s’exercer ; les médiocres n’ont pas hésité. Et non pas seulement les médiocres, hélas ! mais ceux qui, ayant de la maçonnerie une conception tout à fait contraire à ses principes et seulement attachée à son rôle utilitaire, la veulent assimiler à une société profane suivant en tout l’évolution des idées et des hommes

Albert Lantoine »

(*) Explication :

En 1921, sous la Grande Maîtrise (1919-1922) de Bernard Wellhoff (1855 – 1932), le Convent désigne une Commission de la Réforme du Rituel composée de 16 membres parmi lesquels Albert Lantoine, Oswald Wirth, Édouard Gamas ou Ubaldo Triaca  sont les plus connus.

Le rituel avait en effet subi depuis le milieu du 19ème siècles des simplification honteuses (on avait retiré à peu près tout ce qui faisait sens !) comme des ajouts verbeux inutiles de style pompier qui alourdissaient le texte sans l’éclairer bien au contraire !

Le texte des rituels à « réformer » préparé par la commission de réforme est envoyé aux Loges pour étude. Cela ne provoque que peu d’enthousiasme et, en conséquence, peu de réponses.

Les frères de l’époque sont – dans leur très grande majorité -  bien trop occupés à parler de questions politiques et sociales, pour s’occuper de réformer les rituels (dont beaucoup pensaient que plus ils étaient courts mieux c’était).

La plupart des Loges qui répondent s’inquiètent surtout que l’on puisse apporter des modifications (mince le rituel va être plus riche et donc plus long !), ou en proposent de surprenantes.

Comme souvent pour une réforme, lorsque l’on répond, c’est que l’on veut bien des modifications, mais les siennes, jamais celles qui sont proposées !

Avant le rapport au Convent de 1923, Lantoine écrit donc l’article fort critique que vous venez de lire ! Il sait que ses propositions passeront à la trappe et aux oubliettes !

Il avait déjà fulminé dans la livraison précédente (juillet 1922) du Symbolisme contre les Tenues blanches, alors suivies, précisait-il, d’une « partie-concert ».

« Oh ! Cette partie-concert » !.

Il concluait son article par : « Certains présidents d’ateliers mettent moins leur honneur à avoir des tenues sérieuses qu’à organiser des fêtes, et des fêtes suivies de bals ! Le jass-band envahit les temples ».

Au moins c’est clair et c’est dit !

Certains frères se préoccupant plus en effet de « tenues blanches », de « cérémonies festives », souvent suivies d’agapes, de musique et de danses (dans les convocations d’alors ils appellent ça textuellement « sauteries » !) que des rituels des tenues d’obligations de leurs loges symboliques.

Il va falloir plusieurs dizaines d’années et le travail acharnés de frères continuateurs comme Jules Boucher, René Guénon, Georges Marty, Etienne Gout, François Collaveri, Serge Hutin, et bien d’autres pour que l’œuvre de Lantoine et Wirth soit enfin reconnue et acceptée… et eux souvent oubliés !

Jean-Laurent Turbet

à partir d'extraits d'un texte de Philippe Langlet non publié, sur Albert Lantoine.

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Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

« Jurez-vous, de plus, d’obéir fidèlement aux chefs de notre Ordre, en ce qu’ils vous commanderont de conforme et non contraire à nos lois ? » (Extrait du Serment prêté par chaque franc-maçon lors de son initiation).

Jean-Laurent Turbet

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