Emile Eudes (1843-1888) sera honoré le 1er mai prochain au cimetière du père Lachaise lors du rassemblement pour la République, la Laïcité et pour rendre hommage aux victimes de la Commune.
Il est l’un des principaux lieutenants d’Auguste Blanqui (1805-1881), lui-même bien oublié aujourd’hui alors qu’il fut l’une des figures majeures du mouvement social du 19ème siècle. Socialiste non-marxiste, Blanqui pense que l’action révolutionnaire directe (les « coups de mains »), bien organisée par une minorité décidée peut engendrer la Révolution et établir le socialisme. Il tente donc de nombreuses tentatives d’insurrection qui le conduisent en prison.
D’ailleurs le surnom de Blanqui est « l’enfermé » car il passe plus de 30 ans de sa vie en prison, par intervalles entre deux complots, et même 43 ans si l‘on compte les années passées en résidence surveillée.
Mais Blanqui ne participe pas à la Commune de Paris, (proclamée le 18 mars 1871 elle dure jusqu’au 28 mai 1871, après la Semaine Sanglante 21-28 mai) alors qu’il aurait dû en être l’un des principaux chefs.
Commune de Paris à laquelle participent beaucoup de blanquistes, dont Emile Eudes, Gabriel Ranvier (commandant de la Garde Nationale, élu blanquiste du 20ème arrondissement de Paris, qui proclame la Commune le 28 mars 1871 et qui est en tête de la manifestation maçonnique du 29 avril avec Thirifocq – membre de la loge la Ligne Droite 146), Henry Granger (journaliste blanquiste initié le 5 novembre 1866 dans la loge "l’Alliance fraternelle", animateur en exil de la Commune Révolutionnaire) tous trois francs-maçons au sein de la Grande Loge Centrale de France du Suprême Conseil de France (future Grande Loge de France à partir de 1894).
Adolphe Thiers (1797-1877) fait arrêter Blanqui le 17 mars 1871 alors que, malade, il se repose chez un ami médecin à Bretenoux, dans le Lot. Il est conduit à l'hôpital de Figeac, et de là à Cahors. Il ne peut communiquer avec personne, semble-t-il, et même pas être mis au courant des événements se passent à Paris.
Blanqui il contribue de façon importante à ce que soit prise la loi du 11 juillet 1880 d'amnistie des communards. Il meurt le soir du 1er janvier 1881. Ses obsèques sont suivies par cent mille personnes. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Et c’est son disciple, Emile Eudes, ainsi que Louise Michel, qui lui rendent hommage lors de son enterrement.
Mais revenons à Emile Eudes.
Il est initié franc-maçon au sein de la loge « L’Ecossaise 133 » en 1868. Cette loge s’appelle initialement Saint-Vincent-de-Paul au Grand Orient de France. Elle rejoint la Grande Loge Centrale du Suprême Conseil de France (Rite Ecossais Ancien et Accepté) ensuite.
La loge est autorisée par le SCDF à s’appeler « La Justice 133 » en août 1869.
Cette loge de la Grande Loge de France existe toujours aujourd’hui.
Emile Eudes appartient à une loge prestigieuse : en seront membres Gustave Mesureur, député, ministre, fondateur des Hôpitaux de Paris, plusieurs fois Grand Maître de la Grande Loge de France initié en 1869 le même jour que l’écrivain Jules Vallès, les futurs présidents du Conseil de la IIIème République Henri Brisson et Charles Floquet conciliateurs lors de la Commune, initiés en 1865, le photographe Nadar initié en 1854, Charles Beslay, proudhonien, doyen de la Commune dont il prononcera le discours inaugural, Gustave Lefrançais (1826-1901) journaliste anarchisant, communard fervent ( il écrit notamment « Oui, je suis de ceux qui approuvèrent comme absolument moral de brûler ce palais essentiellement monarchique, symbole abhorré d’un exécrable passé […], où tant de crimes antisociaux avaient été prémédités et glorifiés ») à qui Eugène Pottier dédiera sa chanson « L’Internationale », écrite sur la musique de « La Marseillaise », les socialistes comme Auguste Desmoulins et Charles Limousin, ou le chimiste François Raspail.
« La Justice 133 » compte 6 élus à la Commune, deux modérés (Albert Leroy et Ulysse Parent) et quatre plus radicaux (Charles Beslay, Emile Eudes, Gustave Lefrançais et Jules Vallès).
Emile Eudes est journaliste et gérant de la revue La Libre Pensée en 1866.
Début août 1870, il participe à la vaine attaque blanquiste contre la caserne des pompiers de La Villette, afin de trouver des armes, ce qui lui vaut d'être condamné à mort une première fois malgré la défense de Gambetta. Il est sauvé in extremis par la défaite de Sedan.
Le 18 mars 1871, à la tête de bataillon de Belleville, il s’empare de l’Hôtel de Ville.
Avec Jarosław Dombrowski (1836-1871, fusillé à 34 ans) et Louis Rossel (1844-1871, fusillé à 27 ans le 28 novembre 1871, au camp de Satory en même temps que Théophile Ferré – l’ami de cœur de Louise Michel, enterré comme elle à Levallois-Perret - et le sergent Pierre Bourgeois ) il est le principal cher militaire de la Commune.
Promu général et durant la « semaine sanglante » (21-28 mai 1871) Émile Eudes se bat vaillamment sur les barricades de la rue de Rennes, au carrefour de la Croix Rouge (actuelle Place Michel-Debré), avant de se replier à la mairie du 11e arrondissement.
Le 28 mai, la résistance a cessé, la répression continue.
Il échappe de justesse à la répression versaillaise et parvint à s'enfuir en Suisse avec femme et enfants.
Condamné à mort par contumace, il se réfugie ensuite à Londres où il se lia d'amitié avec Karl Marx.
Pour vivre, il gagne Édimbourg et devient, sous le nom de Robert, professeur de français à l’école royale navale de Yarmouth, institution réservée à l'élite de la jeunesse aristocratique britannique.
Après le vote de la loi d'amnistie partielle du 3 mars 1879 (il faudra attendre la loi du 10 juillet 1880 dont nous avons parlé plus haut avec Blanqui pour avoir une amnistie totale), Emile Eudes rentre à Paris où il s'empresse de reprendre ses activités révolutionnaires en fondant l'association « Ni Dieu, ni maître » et en devenant vice-président de la « Ligue pour l'abolition de l'armée permanente».
Grâce à la générosité d'Henri Rochefort (1831-1913, journaliste, auteur de théâtre, polémiste et homme politique français), il devient rédacteur en chef de « L'Homme libre » et poursuivit son combat révolutionnaire jusqu'à son dernier souffle. Il meurt en effet d'une crise cardiaque en prononçant un discours enflammé devant des terrassiers en grève.
Ses obsèques au cimetière du Père-Lachaise (91ème division) sont suivies par une foule immense et, sur sa tombe Louise Michel et bien d'autres lui rendirent un dernier hommage.
Le 16 mars 1889, une concession gratuite à perpétuité est octroyée par arrêté préfectoral.
Il fut, sa vie durant, un ami de la liberté et de l’émancipation de l’Homme.
Jean-Laurent Turbet
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Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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