Il fallait bien cela pour tenter de rendre un hommage digne de ce nom au grand réformateur français.
Comme le notent Jean-Luc Mouton (de Réforme) et Dominique Quinio (de La Croix): " Cette collaboration de nos deux rédactions - les mêmes articles, rédigés par des journalistes de Réforme ou de La Croix, sont publiés dans les deux titres - veut témoigner d'une confiance réciproque et d'une capacité à travailler ensemble au service d'une meilleure connaissance du passé de nos Églises. Comme un symbole d'un œcuménisme concret, qui ne cherche pas à effacer les différences, les divergences, qui essaie au contraire de les mettre au jour (car rien n'est pire que les idées reçues ou les fausses évidences), d'en expliquer les racines et les conséquences. C'est dans la clarté, dès lors, que peut se dresser le bilan de ce qui nous distingue toujours et de ce qui nous rapproche.
Car les héritiers de Calvin et les héritiers de ceux qui le rejetèrent ont changé, bougé. Comme a changé la société dans laquelle ils s'inscrivent désormais, une société multiculturelle et libérale, marquée par un fort individualisme, en quête de spiritualité mais peu réceptive au message du Christ, et que l'idée même du Salut indiffère trop souvent. Il n'y a pas trop d'ouvriers pour s'attaquer à la moisson".
Le premier article "être calviniste, l'héritage de la liberté" donne la parole à des réformés qui parlent de leur expérience de croyant : (...) "Cette liberté calviniste ne vient pas de nulle part. Elle s'inscrit dans la conviction que le croyant peut avoir une relation directe avec Dieu. Pour Agnès Vivier, 37 ans, psychanalyste, cette affirmation théologique a de fortes conséquences. Elle rappelle que Calvin distingue deux axes, l'un vertical (entre l'homme et Dieu), l'autre horizontal (entre l'homme et le monde) « L'hiatus entre ces deux dimensions dessine un espace de vide, de questionnement, une espèce de faille », « une impossibilité d'accéder au tout » qui constitue pour elle le cœur de la pensée calvinienne. « Cela fonde le calvinisme comme une religion qui ne comble pas, souligne-t-elle. En cela, elle est dure, car elle laisse dans une insatisfaction permanente, mais elle permet aussi le désir. C'est là que je m'y retrouve, comme psychanalyste.»"
Le second article "Calvin, l'infatigable acteur de Dieu" de Jean-Luc Mouton, tend à dresser un portrait contemporain du Réformateur, loin des anachronismes. "Calvin est né à la Réforme, il en sera l'inspirateur et l'organisateur. Il déploie dès lors une activité de prédicateur, d'exégète, de docteur de la foi absolument prodigieuse. Il prêche tous les jours et plusieurs fois le dimanche - et, jusqu'à ses derniers jours où on le porte dans son lit jusqu'à la cathédrale Saint-Pierre -, rédige des commentaires serrés et fouillés sur à peu près tous les livres de la Bible, et entretient une correspondance immense. Au cœur de son activité intellectuelle, l'explication de la Parole de Dieu qui tient en une parole de confiance en la Providence, en un temps où la peur est un instrument de domination. Le message de la Réforme est avant tout celui de la confiance face à l'angoisse et aux malheurs des temps. C'est le sens même de sa fameuse doctrine de la prédestination.
À lire ces innombrables écrits, nul doute qu'en lieu et place du prétendu froid et austère réformateur, apparaît un tout autre personnage, ardent polémiste, véhément, souvent drôle, sinon moqueur ou sarcastique. Si l'intelligence et la passion brillent sous sa plume, son corps qu'il traite d'« imbécile » ne suit jamais. Éreinté par ses longues nuits d'études, il est affublé de toutes sortes de maladies qui lui donnent ce visage émacié et ce teint jaunâtre à l'image des affections biliaires et migraineuses dont il souffrait...
Pas de quoi cependant l'empêcher d'organiser dans toutes ses dimensions la cité protestante. Il est théologien, certes, mais rien ne lui échappe vraiment à Genève. Il intervient sur toutes les questions juridiques, politiques, économiques et sociales pour créer une république qu'il veut fraternelle. Il fait d'une bourgade provinciale une capitale intellectuelle européenne, dont les institutions politiques et ecclésiastiques ont servi de modèles au développement démocratique des sociétés modernes." (...) "Si Calvin se voit en « simple instrument de la gloire de Dieu », il est en réalité beaucoup plus qu'il ne veut bien l'admettre. Calvin vit et se mobilise jusqu'à son dernier souffle dans la parfaite conscience d'être un acteur de Dieu. Un acteur profondément engagé et responsable dans le grand théâtre du monde."
Enfin le troisième article "Catholiques et protestants : Que reste-t-il de nos querelles?", de Jean-Luc Mouton et Béatrice Sauvaget, fait le point sur les rapprochements et divergences persistantes entre catholiques et protestants.
Rappellons enfin les festivités de la rentrée autour du 500ème anniversaire de la naissance de Jean Calvin :
A Paris :
* Colloque «Jean Calvin de la Réforme à la modernité » (16 et 17 octobre). Exposition et concert «Psaumes et chansons spirituelles au temps de la Réforme» (17 octobre à 20 h 30). Culte (18 octobre à 10 h 30), église réformée du Saint-Esprit,5, rue Roquépine, Paris 8e. Rens.:01.42.65.43.58.
À Strasbourg :
* «Protestants en fête», les 30, 31 octobre et 1er novembre. Premier rassemblement national : échanges, découvertes et célébrations ouverts à tous. Au programme : spectacles, concerts, jeux, conférences-débats... Grand culte avec 500 choristes le dimanche matin. Rens.:www.protestantsenfete2009.org
Pour connaître toutes les festivités : www.calvin09.org
Pour aller plus loin :
Vous pouvez lire l'intégralité des articles présentés dans cet article sur le site de "La Croix" :
° L'éditorial de JL Mouton et D Quinio
°"Etre calviniste, l'héritage de la liberté", d'Elodie Maurot
°"Calvin, l'infatigable acteur de Dieu" de Jean-Luc Mouton
°"Catholiques et protestants : Que reste-t-il de nos querelles?", de Jean-Luc Mouton et Béatrice Sauvaget
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