Le sujet, même s'il ne semble pas majeur pour nos concitoyens en cette période de crise économique, ne laisse pourtant pas indifférent et c’est normal, car la vision de ce genre de vêtement heurte profondément notre sensibilité égalitaire, libérale, laïque, humaniste, occidentale et même féministe.
Lors de son discours devant le Congrès réunit à Versailles, Nicolas Sarkozy a évoqué le sujetmême s'il n'a fait aucune proposition, laissant l'initiative aux députés de se prononcer sur le port de la burqa ou du niqab, ce voile qui couvre certaines femmes musulmanes de la tête au pied. "Je veux le dire solennellement : la burqa n'est pas la bienvenue en France. Nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n'est pas l'idée que nous nous faisons de la dignité de la femme" a t-il déclaré.Pour lui, "le problème de la burqa n'est pas un problème religieux. C'est un problème de liberté et de dignité de la femme. Ce n'est pas un signe religieux, c'est un signe d'asservissement, c'est un signe d'abaissement." Sarkozy précise pourtant qu'il ne faut pas faire d'amalgamme : "Je le dis en pensant en particulier aux Français de confession musulmane. Nous ne devons pas nous tromper de combat. Dans la République, la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions".
Au sein du gouvernement, seule l'ancienne présidente de Ni Putes Ni Soumises, Fadela Amara, actuelle secrétaire d'Etat à la ville, s'est prononcée clairement pour une loi interdisant le voile intégral en estimant qu'il faut "tout faire pour stopper la propagation de la burqa". "Je suis favorable à l'interdiction totale de la burqa dans notre pays", a ajouté Fadela Amara, qualifiant le voile intégral de "cercueil qui tue les libertés fondamentales".
Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, n'y est pas de son côté favorable : "Il faut lutter contre le développement de la burqa mais par l'éducation, la pédagogie, le dialogue. Une loi serait inefficace et créerait des tensions qui n'ont pas lieu d'être en ce moment".
Robert Badinter estime lui qu'il ne faut "pas se précipiter pour légiférer" sur une interdiction de la burqa, mais comprendre le phénomène par une commission d'enquête parlementaire et juge "très bienvenue" l'initiative d'André Gérin réclamant la constitution d'une commission d'enquête sur cette question. "C'est un problème tout à fait important au regard essentiellement de la condition des femmes. Il importe de savoir pourquoi cette généralisation, pourquoi cette dissimulation non seulement du corps, ce qui peut se concevoir, mais du visage". Dans cette affaire, "nous n'avons pas à nous précipiter pour légiférer, mais comprendre est essentiel", a conclu Robert Badinter.
Laurent Fabius quand à lui a mis en garde contre le risque d'une "mise en cause de la religion musulmane". "Il faut faire attention de ne pas passer de la burqa -c'est contraire à l'égalité des sexes- à une mise en cause de la religion qui serait complètement autre chose". Lors du "Forum" de Radio J il a précisé :"Ma réprobation du port du voile intégral est absolue: d'abord parce que c'est une soumission de la femme", mais il ne faut «pas non plus se saisir de ce problème pour faire l'amalgame, ce qui serait absurde, vis-à-vis de telle ou telle religion, en l'occurence la religion musulmane", a-t-il insisté en jugeant lui aussi bonne l'idée de la commission d'enquête parlementaire.
La Grande Loge Féminine de France est à ma connaissance la seule obédience maçonnique française à se prononcer sur le sujet. Lesfranc-maçonnes de la GLFF, "au nom des principes républicains et humanistes qui les animent", soutiennent le projet de commission d'enquête parlementaire sur le port de la burqa ou du niqab sur le territoire national.
Dans un communiqué de presse du 22 juin,"elles considèrent que le port de la burqa et du niqab constitue une atteinte au principe démocratique d'égalité entre les femmes et les hommes et est un instrument de discrimination enfermant les femmes dans une véritable prison symbolique".
En outre, elles se disent solidaires de "toutes les femmes qui, dans le monde, souvent au péril de leur vie, se battent pour le respect de leur dignité et l'établissement de l'égalité entre les sexes".
Commenter cet article