Le souverain pontife avecque
Les évêques, les archevêques,
Nous font un satané chantier.
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent,
Tous ces fichus calotins,
Sans le latin, sans le latin,
La messe nous emmerde.
A la fête liturgique,
Plus de grandes pompes, soudain,
Sans le latin, sans le latin,
Plus de mystère magique.
Le rite qui nous envoûte
S'avère alors anodin,
Sans le latin, sans le latin,
Et les fidèles s'en foutent.
O très Sainte Marie mère de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin.
Je ne suis pas le seul, morbleu!
Depuis que ces règles sévissent,
A ne plus me rendre à l'office
Dominical que quand il pleut.
Il ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins,
Sans le latin, sans le latin,
La messe nous emmerde.
En renonçant à l'occulte,
Faudra qu'ils fassent tintin,
Sans le latin, sans le latin,
Pour le denier du culte.
A la saison printanière
Suisse, bedeau, sacristain,
Sans le latin, sans le latin
Feront l'église buissonnière,
O très Sainte Marie mère de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin.
Ces oiseaux sont des enragés,
Ces corbeaux qui scient, rognent, tranchent
La saine et bonne vieille branche
De la croix où ils sont perchés.
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent,
Tous ces fichus calotins,
Sans le latin, sans le latin,
La messe nous emmerde.
Le vin du sacré calice
Se change en eau de boudin,
Sans le latin, sans le latin
Et ses vertus faiblissent.
A Lourdes, Sète ou bien Parme,
Comme à Quimper Corentin,
Le presbytère sans le latin
A perdu de son charme.
O très Sainte Marie mère de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin.

Brassens écrivit en effet cette chanson guillerette quelques années après le Concile de Vatican II où la messe en latin fut justement supprimée.
Il faut bien dire que la messe en latin (ou non) était la dernière préoccupation de Brassens qui de toute manière n'y mettait jamais les pieds!
Chanson pourtant d'actualité disais-je, car notre cher Benoît 16ème du nom semble bien nostalgique de cette période.
Car c'est bien d'époque qu'il s'agit, ou plutôt du temps où l'église catholique apostolique et romaine règnait sans partage sur les consciences françaises. Car, après tout, pourquoi de temps en temps ne pas écouter une messe en latin, en grec où en araméen, la langue parlée communément au temps de Jésus en Galilée?
Parce que la messe en latin signifie beaucoup plus que ça. C'est le temps où seul le clergé était déposaitaire et seul vecteur de la foi. le temps où seul le prêtre était autorisé à précher l'Ecriture, en latin bien entendu, langue que ne pouvait comprendre le vulgaire.
Le plus important à cette époque n'était pas le texte et encore moins sa compréhention (quelle horreur!) mais l'ânnoment servile de paroles cléricales et convenues.
Ce temps prit fin en France tout d'abord avec la Réforme. Jean Calvin, dont nous célébrons cette année le 500ème anniversaire de la naissance, fut le grand libérateur du texte évangélique en langue commune. Calvin qui fût l'un des tous premiers grands écrivains de langue française du 16ème siècle avec notamment son Institution de la religion Chrétienne.
Chose inouïe, les réformateurs voulaient que chaque homme puisse lire la Bible. Auparavant (et ce fut la doctrine de l'église catholique jusqu'à Vatican II) seuls les prêtres pouvaient le faire. Il était même interdit aux catholiques de posséder une Bible.
Cette révolution en entraîna bien d'autres qui précipitèrent le monde dans la modernité. Car pour pouvoir lire la Bible il faut savoir ... lire. D'où l'alphabétisation des pays protestants par rapport aux pays restés sous la coupe de l'église catholique. Et puis, lorsqu'on sait lire la Bible... on peut tout lire! La grande révolution de la pensée était en marche... Après la Réforme et l'Humanisme viendront Les Lumières, qui ne furent pas qu'un événement français, puisqu'elles furent contemporaines de l'Enlighment anglais et de l'Aufklärung allemand.
Dégagés du cancan de l'ignorance voulue par l'église catholique, les hommes de bonne volonté allaient conquérir le monde.
Le Pape et les hiérarques de l'église catholiques sont aujourd'hui des nostalgiques de cette période pré-réformée. C'est bien là la signification profonde du retour de la messe en latin et du retour en grâce des intégristes catholiques. Un tentative réactionnaire - au sens premier du mot - pour faire revivre une époque révolue...
Sans le latin, sans le latin....
Un petit bonus sympa :
Pour aller plus loin:
° Georges Brassens , sur Wikipédia.
° Tempête dans un bénitier, sur AnalyseBrassens.
° L'espace Georges Brassens, à Sète.
° Benoît XVI continue son rapprochement avec les intégristes catholiques, sur ce site.
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