Le Président de la Fédération Protestante de France explique à l'hebdomadaire "Réforme" la manière dont sont élaborées les prises de positions de la FPF.
La ligne de conduite de la FPF face aux sollicitations politiques ou humanitaires.
par Frédérick CASADESUS, propos recueillis
La FPF est-elle souvent sollicitée sur des questions politiques ou humanitaires ?
Oui, très souvent. Il y a quinze jours, on m’a demandé de participer, en tant que président, à un colloque pour dénoncer les propos du président iranien sur Israël. J’ai pris la liberté de dire que je n’y participerais pas pour deux raisons : Marcel Manoël et moi-même nous nous étions déjà exprimé, notamment dans les colonnes de Réforme ; d’autre part, les responsables politiques avaient adopté une attitude d’une clarté absolue. Pour certaines demandes évidentes et consensuelles dans le protestantisme, je peux réagir sans demander l’avis de personne. Le plus souvent, j’envoie un courriel aux membres du bureau afin de connaître leur avis. Lorsqu’il s’agit d’un sujet « lourd » ou qui engage une réflexion pour une longue période, je fais appel au Conseil de la Fédération. Cette instance, en fonction de l’aspect idéologique du dossier soumis, peut discuter comme le ferait un parlement, même quand elle n’agit pas d’une manière identitaire ou légitimiste. Elle laisse une grande liberté au président de la Fédération mais à l’intérieur d’un cadre dont elle a fixé les limites.
A qui faites-vous appel pour forger votre opinion ?
La plupart du temps, la Fédération s’adresse aux organismes spécifiques du protestantisme français qui sont sur le terrain et ont une réflexion sur le sujet. Par exemple, sur les questions de l’immigration, j’ai consulté la Cimade. Lorsque notre avis a été sollicité sur la prostitution, nous nous sommes tournés vers la Fédération de l’Entraide protestante.
Ne risque-t-on pas de vous reprocher de ne consulter que des protestants ?
Je passe mon temps à dire que les protestants doivent susciter le débat et s’ouvrir aux autres. Il n’empêche que c’est en tant que protestants que nous sommes interpellés.
Vous arrive-t-il d’agir sans être d’abord sollicité ?
Bien sûr. Ainsi, sur le Congo-Brazzaville ou sur le Togo, la Fédération s’est-elle mobilisée spontanément. Certes, l’actualité nous guide mais il est naturel que nous agissions quand un événement très important l’exige. J’ajoute que la Fédération conduit des actions diplomatiques discrètes, voire secrètes. Nous évitons le plus souvent de réagir à chaud afin de garder une distance salutaire afin de ne pas être manipulés par des forces extérieures. Ainsi, sur la crise des banlieues nous avons facilité l’expression médiatique de la Mission populaire par exemple ; sur la colonisation, c’est le journal Mission qui contribue au débat.
Jean-Arnold de Clermont est président de la Fédération protestante de France.
Source : Réforme
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