Le Vatican vient de publier des documents restés secrets jusqu'il y a peu concernant le procès des Templiers, y compris un parchemin tombé dans l'oubli par suite d'un classement par trop vague en 1628, et montrant que le Pape Clément V avait initialement absous l'ordre médiéval de l'accusation d'hérésie.
Le volume de 300 pages, titré “Processus contra Templarios“, est récemment arrivé sur le marché.
Une édition de luxe et très chère puisque chacun des 799 exemplaires est vendu 5 900 €uros a déclaré la maison d'édition Scrinium , habituée des publications basées sur les archives du Vatican.
Ce livre a été présenté à la presse sous les voûtes de l'ancienne salle du synode, au coeur du palais apostolique le jeudi 25 octobre dernier à Rome
Cette pièce à l'esthétique austère, située à l'épicentre du pouvoir catholique, était le lieu idéal pour tordre le cou à la dernière-née des légendes sur la responsabilité de l'Eglise dans la disparition de l'ordre du Temple, il y a 700 ans.
Dan Brown, dans son Da Vinci Code prétend, en effet, que ces chevaliers du Temple - nés au temps des croisades pour protéger les pèlerins des lieux saints de Jérusalem - auraient été arrêtés, en 1307, sur ordre du pape Clément V, le roi de France Philippe IV le Bel n'ayant joué qu'un rôle subalterne.
Or l'ouvrage publié par les Archives secrètes du Vatican en association avec la maison d'édition Scrinium contient, outre les fac-similés des actes du procès qui s'est tenu à Poitiers, la reproduction inédite d'un document qui prouve le contraire : Clément V a absous les Templiers de l'accusation d'hérésie retenue contre eux par le tribunal français.
Le «parchemin de Chinon» est l'original du procès-verbal des interrogatoires des cinq maîtres de l'ordre - menés au château de Chinon - par trois cardinaux délégués par le pape en 1308.
Tous reviennent sur leurs aveux, obtenus par la torture, et font acte de repentance, ce qui ipso facto les réconcilie avec l'Eglise.
La maison d'édition a déclaré que le livre, au format confortable, incluait des reproductions du "Parchemin de Chinon", cet édit papal de 1308 de Clément V devant sauver les Templiers et leur ordre. Mais sous la pression de Philippe le Bel, il a inversé sa décision et annulé le précédent édit en 1312.
Le parchemin de Chinon est un document historique rendu récemment célèbre par la découverte du Docteur Barbara Frale, puisqu'il tendrait à prouver qu'en 1308, le pape Clément V a secrètement absous le dernier maître des Templiers, Jacques de Molay, et les autres responsables de l'Ordre du Temple, des accusations que l'Inquisition médiévale avait formulées à leur encontre.
Jacques de Molay, Dernier Grand Maître des Templiers, fut brûlé sur l'île de la cité, au pied de Notre Dame le 18 mars 1314.
D'ailleurs, l'église ne les condamnera pas. Le concile de Vienne de 1311 se contentera de dissoudre cet «ordre des pauvres compagnons du Christ et du Temple de Salomon», fondé à Jérusalem en 1118, reconnu par une bulle pontificale de 1139, mais dont la raison d'être était moins évidente depuis la perte des Etats latins de Terre sainte en 1291.
Ce n'est pas une révélation. La communauté scientifique connaissait l'existence de ce précieux parchemin depuis sa découverte par Barbara Frale en 2001.
Jusque-là, les historiens avaient sous-estimé la valeur documentaire de ce procès-verbal dont ils ne disposaient que de copies et d'extraits. L'original avait été égaré dans les archives vaticanes en raison d'une erreur de classement au XVIIe siècle.
«Il n'y a pas de scoop» , a d'ailleurs reconnu le préfet des Archives secrètes, Mgr Sergio Pagano, «mais seulement une édition d'une grande qualité artistique, destinée à un public de connaisseurs, amoureux de documents historiques.»
Sur les 799 exemplaires, 300 seraient encore disponibles. Les autres sont réservés depuis longtemps par des bibliothèques, des collectionneurs particuliers ou par les associations qui s'efforcent de perpétuer la légende des Templiers.
Cette opération de communication a été organisée par l'Eglise alors qu'on s'apprête à célébrer de par le monde le 700e anniversaire du début du procès des Templiers, en 1307. Cette publication est une « simple coïncidence », selon Mgr Pagano. « Il ne s'agit ni de célébrer ni de réhabiliter » l'oeuvre des Templiers, a-t-il tenu à souligner, en rappelant le « travail humble » des Archives du Vatican.
° Editions Scrinium : http://www.scrinium.org/scrinium/index.php
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