Belle question posée par le magazine Théolib : quelle foi dans un monde post-chrétien, ou tout du moins dans nos sociétés contemporaines, fortement déchristianisées.
Le constat est fait bien entendu avec l'oeil de Théolib qui est le magazine du protestantisme libéral.
Pour vous donner une idée du ton, je vous propose l'éditorial de Pierre-Yves Ruff :
“Le temple enferme, la nature exalte. Chaque fleur rencontrée est un psaume” (René Flamin).
Avec ce numéro de Théolib, nous donnons la parole à deux nouveaux venus, Juan-Luis Herrero del Pozo et Bernard Hort. Le premier est espagnol. Il a été prêtre, professeur de théologie et de philosophie. Il dresse ici un tableau sans concession du catholicisme contemporain, et poursuit sa recherche d’un christianisme axé sur la construction du Royaume, assoiffé de justice et porteur d’espérance. Quant au second, professeur de théologie systématique à Bruxelles, il souligne l’importance, dans le cadre des débats notamment interreligieux, d’une “dogmatique sans dogmatisme”. Comment rencontrer l’autre, et débattre avec lui, si l’on s’en tient à l’éphémère, à la sensation pure, sans pouvoir dire qui l’on est ?
Ces deux contributions attestent qu’un tournant a eu lieu. Si Juan-Luis Herrero se fait l’apôtre d’une nouvelle forme de théologie libératrice, Bernard Hort se réfère aux travaux de Lindbeck, qui interviennent dans un contexte où le christianisme ne peut plus se penser seul, et doit tenter d’aller, “au-delà de l’identité”, à la rencontre d’autre chose que lui-même, d’autre chose que ce qu’il fut.
C’est aussi le sens de l’étude intitulée “Faut-il une nouvelle Réforme ?” — et dont la réponse revient à dire, probablement, que les profondes mutations ont lieu, imperceptiblement, nous permettant un jour de constater qu’aujourd’hui n’est pas semblable à hier.
Trois autres auteurs apportent leurs contributions. À la lumière de la science contemporaine, Christian Ruzé interroge les conséquences d’une compréhension de la vie comme interdépendance. Jacques Gourc et René Flamin évoquent, chacun à sa manière, leurs itinéraires de cherchants.
Le chemin se trace en marchant. Les voies spirituelles sont aujourd’hui, définitivement, des sillons tracés par la marche — aux marges des édifices de jadis.
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