J'aime sur ce bloc-notes rappeler la mémoire de frères de la Grande Loge de France trop oubliés de mon point de vue.
Je souhaite aujourd'hui vous parler du Commandant Edouard GAMAS (né le 10 mars 1877 à Cherbourg – et mort à Paris en janvier 1959).
Il est à peu près inconnu des nos jours des frères de la Grande Loge de France, à part, évidemment des frères de Bordeaux, et des habitants de la « rue du Commandant Edouard Gamas » de ladite capitale girondine. Et c’est bien dommage ! Je vais donc, à travers cet article, tenter modestement de lui rendre hommage et de remettre en lumière son action.
Le Commandant GAMAS est le fils d’Emile Ernest GAMAS, officier de l’administration coloniale et d’Adeline LABORDE.
Il est lui-même officier de marine dont la conduite durant la Première Guerre Mondiale fut exemplaire – le Tigre lui-même, Georges Clémenceau le reconnut publiquement !
Il est engagé volontaire dans la Marine en 1896 à 19 ans.
Il est lieutenant de vaisseau en avril 1913.
Le 14 octobre 1914, affecté au 2ème Régiment de Fusiliers Marins, Capitaine de la 7ème compagnie du 2ème Bataillon, il est blessé au cours des combats sera cité à deux reprises à l'Ordre de l'Armée navale :
- 1ère citation (01/1915) : « Conduit admirablement sa compagnie, soit au feu, soit dans tous les détails du service journalier ».
- 2ème citation : « Affecté à la brigade depuis sa formation, y a fait preuve d'une bravoure personnelle éprouvée et d'une aptitude professionnelle hors de pair. S'est distingué notamment dans la défense du cimetière de Dixmude et dans les combats de mars et mai 1915 où il commandait un bataillon. ».
Il a eu aussi d'autres citations.
Il appartint à la célèbre « brigade Ronarc'h » de fusiliers marins (du nom de son commandant l’amiral Pierre-Alexis Ronarc'h) qui tint bon le front sur l’Yser en 1914 et 1915, face à un ennemi incomparablement supérieur en nombre et qui menaçait de tout emporter. L’action de la Brigade Ronac’h – au prix de pertes humaines considérables – fut déterminante pour que l’Allemagne ne gagne pas la guerre en 1914.
Le Commandant Edouard GAMAS est un véritable héros reconnu pour tel.
En 1914, la Croix de Léopold avec glaives lui est décernée par le Roi Albert 1er de Belgique tandis qu'il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 2 novembre 1914 pour ses faits d'armes. Blessé en mars 1915, il repart au front et est fait Officier de la Légion d'Honneur en juillet 1916. Il est commandeur de la Légion d’Honneur le 9 juillet 1925.
En 1917, il est promu capitaine de Corvette. Il achève sa carrière avec le grade de capitaine de frégate.
Appelé au cabinet du ministre de la Marine, Edouard Gamas arrive à Bordeaux en janvier 1919 pour organiser le pilotage de la Gironde, en service d'assistance aux capitaines de navires qui pénètrent dans l'estuaire jusqu'à Bordeaux ou Libourne.
Il organise un service modèle devenu référence dans les écoles de navigation.
En 1922, il organise le service de sauvetage en haute mer dans le golfe de Gascogne.
Les pilotes de la Gironde nomment le nouveau bateau porte-pilotes « Commandant Gamas ». Le plus grand bateau-pilote de France portera le même nom en 1958 à la demande du Pilotage de la Gironde.
Le Commandant Edouard GAMAS reprend du service, pendant la Seconde Guerre mondiale, dans les rangs de l’Armée secrète.
Le 27 novembre 1940, les Allemands suppriment le poste de Chef de Pilotage de la Gironde. Edouard Gamas, 64 ans, s'engage alors dans le réseau de Résistance Jade-Amicol, dont il devient le chef . De 1941 à 1943, il remplit plusieurs missions dangereuses. Il est cité à l'Ordre de l'armée pour services de guerre exceptionnels.
La Gestapo l'arrête le 30 janvier 1943 pour « espionnage et résistance à l'armée Allemande ». Interné au Fort de Hâ, il est déporté au camp de concentration de Flossenbürg.
Edouard Gamas s'emploie à sauvegarder le moral de ses compagnons jusqu'à leur libération, le 7 mai 1945.
Le 5 janvier 1947, il est élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur et reçoit la médaille de la Résistance.
Dix ans après, par décret du 6 mars 1947, il est élevé au grade de Grand-Croix de la Légion d’Honneur, avec la citation suivante : « Officier supérieur du plus grand mérite, vétéran de la Brigade des Fusiliers-marins de la guerre de 14-18, se mit au service de la Résistance dès 1941. A rendu les plus grands services à la cause de la Libération. Arrêté par la Gestapo et déporté en Allemagne où il subit vingt-huit mois de captivité ».
Edouard GAMAS franc-Maçon :
Edouard GAMAS est initié le 9 mai 1908 au Havre 1908, dans une loge du Grand Orient de France et rejoint vite une loge de la Grande Loge de France.
Comme nous l’avons vu, il arrive en Aquitaine en 1919 et il s’affilie donc en 1920 dans la seule loge de la Grande Loge de France de Bordeaux, « Le Réveil Ecossais », dont il est rapidement élu vénérable maître. Une autre loge verra le jour en 1922 « Les Disciples de Saint-André d’Ecosse ». Elles sont aujourd’hui 16 loges de la Grande Loge de France à se réunir dans le célèbre temple de la rue Ségalier. C’est dans ce temple que depuis 1933 trône le buste en marbre blanc du Commandant Gamas, posé sur une pierre cubique.
Notre Frère est coopté en 1923 comme membre actif du Suprême Conseil de France, au terme d’une rapide ascension entre le 4ème et le 33ème degré du Rite. Il faut rappeler qu’après la guerre de 1914 – 1918 la Grande Loge de France ne comptait plus que quelques milliers de frères et le Suprême Conseil de France quelques centaines. Des personnalités d’une telle envergure étaient - fort logiquement - rapidement cooptées.
« Je suis entré dans la franc-maçonnerie pour un idéal, je ne renoncerai pas à mon idéal pour la gloire », avait coutume de dire celui qui fut, en 1925, tout à la fois Grand Maître Adjoint de la Grande Loge de France et Grand Chancelier du Suprême Conseil de France (ce qui est impossible aujourd’hui mais qui se comprenait alors, vue la faiblesse numérique des effectifs).
Le Commandant Gamas que l'on disait "Croyant - Voyant - Vaillant", titre d'un livre* qui lui sera consacré.
Il faut noter qu'en 1921 également, sous la Grande Maîtrise (1919-1922) de Bernard Wellhoff (1855 – 1932), le Convent de la Grande Loge de France désigne une Commission de la Réforme du Rituel composée de seize membres parmi lesquels Albert Lantoine, et Oswald Wirth, mais aussi Ubaldo Triaca. Le texte des rituels à « réformer » est envoyé aux Loges pour étude, mais suscite peu d'enthousiasme et peu de réponses. Mais le Respectable Frère Edouard Gamas travaillera beaucoup sur les rituels.
Le Très Illustre Frère Edouard Gamas signe en tant que Grand Chancelier du Suprême Conseil de France (avec René Raymond qui avait repris la tête de la Juridiction le 15 septembre 1926, et avec le Lieutenant Grand Commandeur Bernard Welhoff, et le Grand Secrétaire Général, Jacques Maréchal), le décret daté du 22 juillet 1927 qui abroge les derniers articles tombés en désuétude du décret du 7 novembre 1894 - il s’agissait des paragraphes D, E et F - faisant que, désormais, plus aucun lien administratif ne liait la Juridiction à l’Obédience.
Après cette vie maçonnique si riche et cette vie profane si héroïque, notre frère Edouard GAMAS rejoint l’Orient Eternel à près de 84 ans.
Que d’années au service de l’écossisme, de la Grande Loge de France, du Suprême Conseil de France, que d’années au service de notre Patrie, de notre pays, de la République.
Nous le voyons bien, il s’agit de Spiritualité (notre frère était membre du Suprême Conseil de France), mais pas d’une spiritualité éthérée et désincarnée ! La Spiritualité, le Devoir, les valeurs, doivent mener à l’action dans le monde profane. Le sacré mène au sacrifice, ce qui – sommes toutes - est un peu la même chose. Surtout lorsque l’essentiel est menacé !
Notre frère Edouard GAMAS fut un vrai héros des deux guerres mondiales. Un vrai héros français.
Il fut un maçon accompli. Un vrai maçon écossais. Lui qui était à la foi "croyant - voyant - vaillant" selon le sous titre d'une biographie qui lui est consacrée*.
Comment ne pas penser à ce moment à notre Très Illustre frère Hubert Germain, (né le 6 août 1920), dernier Compagnon de la Libération vivant, héros de Bir-HaKem, Grand-Croix de la Légion d'Honneur, ancien député et ministre de la République, Initié franc-maçon à la Grande Loge de France en le 24 octobre 1975 au sein de la loge "James Anderson" N°868 et fondateur de la loge "Pierre Brossolette, Compagnon de la Libération" N°1165, créée à son initiative en 1994. Il est Grand-Maître Honoris Causa de la Grande Loge de France et 33ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Notre frère Edouard GAMAS doit rester un héros dans nos cœurs et un modèle pour chacun de nous.
Pensons au vaste domaine de la pensée ET de l'action. Que cet idéal guide notre vie, qu'il soit la Lumière sur notre Chemin. Notre Frère Edouard Gamas fut une vraie lumière de vie. De pensée. Et d'action.
Jean-Laurent TURBET
* Voir : "La vie du capitaine de frégate, Edouard Gamas, 1877-1959, croyant - voyant - vaillant", de Edmine Saiz-Gamas (publié en 1970).
"La Question du Rituel", d'Albert Lantoine. - Le Blog des Spiritualités
Il a été souvent question d' Albert Lantoine (1869-1949) dans de nombreux articles du Blog des Spiritualités , sous la plume de Jean-Laurent Turbet, Ecrivain, poète, historien, philosophe ...
https://www.jlturbet.net/2021/03/la-question-du-rituel-d-albert-lantoine.html
Toutes les informations de la Bibliothèque Nationale de France sur : La vie du capitaine de frégate, Edouard Gamas, 1877-1959, croyant - voyant - vaillant - Edmine Saiz-Gamas
https://data.bnf.fr/fr/temp-work/fc370a507982152c81af08846e6129b6/
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Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
« Jurez-vous, de plus, d’obéir fidèlement aux chefs de notre Ordre, en ce qu’ils vous commanderont de conforme et non contraire à nos lois ? » (Extrait du Serment prêté par chaque franc-maçon lors de son initiation).
Jean-Laurent Turbet
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