Le site chrétienté.info publiait il y a quelques jours, sur proposition de monseigneur Lantheaume, Cardinal et premier
conseiller de nonciature à Washington, une « prière pour
la conversion des francs-maçons ».
Voici le texte de cette prière :
« Seigneur Jésus-Christ, qui vous plaisez à faire éclater votre toute-puissance principalement en pardonnant aux pécheurs, vous qui avez dit: « priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient », nous implorons la clémence de votre Cœur Sacré pour des âmes créées à l’image de Dieu, qui ont été misérablement trompées par les séductions de la franc-maçonnerie et se précipitent dans la voie de la perte éternelle.
Ne permettez pas, nous vous en conjurons, que l’Eglise, votre sainte Epouse, soit opprimée, mais apaisé par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, votre Mère, et par les prières des justes, daignez vous souvenir de votre miséricorde infinie.
Préservez la France de l’action malicieuse de la franc-maçonnerie. Oubliez la perversité de ses sectataires, et faites que revenant à Vous, ils consolent l’Eglise par des actes de pénitence et obtiennent la gloire éternelle, auprès de Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il »
Imprimatur: cardinal + RICHARD, archevêque de Paris, 2 juillet 1896.
Pas vraiment étonnant que cette prière ait été sinon écrite du moins propagée par le Cardinal François-Marie-Benjamin Richard de La Vergne, 131ème archevêque de Paris.
François-Marie-Benjamin Richard fut nommé Cardinal le 24 mai 1889 par le Pape Léon XIII. Ce même Léon XIII que nous connaissons bien pour être l’auteur de la célèbre encyclique Humanum Genus du 20 avril 1884 qui condamne une nouvelle fois la franc-maçonnerie.
L’encyclique précise notamment « Le but fondamental et l'esprit de la secte maçonnique avaient été mis en pleine lumière par la manifestation évidente de ses agissements, la connaissance de ses principes, l'exposition de ses règles, de ses rites et de leurs commentaires auxquels, plus d'une fois, s'étaient ajoutés les témoignages de ses propres adeptes. En présence de ces faits, il était tout simple que ce Siège apostolique dénonçât publiquement la secte des francs-maçons comme une association criminelle, non moins pernicieuse aux intérêts du christianisme qu'à ceux de la société civile. Il édicta donc contre elle les peines les plus graves dont l'Église a coutume de frapper les coupables et interdit de s'y affilier ».
Le Cardinal Richard mit également toute son énergie pour achever la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, qu'il allait également consacrer. La basilique du Sacré-Cœur construite, ne l’oublions pas, pour expier les péchés de la Commune de Paris de 1871.
Si le Concile de Vatican II a bien abolit le canon 23-35 qui condamnait la Franc-Maçonnerie en tant que telle, la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi a publié le une déclaration sur l’incompatibilité entre l’appartenance à l’église catholique et la Franc-Maçonnerie le 26 novembre 1983. Rappelons qu'elle était alors présidée par un certain Cardinal Joseph Ratzinger…
Il y est dit : « Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion.
Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci-dessus ».
Notons cependant que cette position officielle de l’église catholique n’est pas adoptée par toutes les sensibilités du christianisme. Il n’y a jamais eu de texte de cette nature émanent de l’Eglise Réformée de France par exemple.
Il faut rappeler aussi que , bien qu’il existe en effet une franc-maçonnerie qui fait de la lutte antireligieuse son fer de lance, pour la grande majorité des franc-maçonnes et des francs-maçons, l’appartenance à une religion ne pose aucun problème. Elle lui est même indifférente et ne regarde ques les sœurs et frères concernés.
Du point de vue de la Franc-Maçonnerie en général – et encore d’avantage du point de vue de la Franc-Maçonnerie Régulière de Tradition – il est donc bien possible d’être chrétien, catholique, protestant ou orthodoxe, et franc-maçon.
Nul besoin donc de prière de conversion…
Jean-Laurent Turbet
° Pour aller plus loin :
° Catholique & franc-maçon ? , sur ce site.
° Peut-on être chrétien et franc-maçon (suite) ? , sur ce site.
° "Peut-on être chrétien et franc-maçon ?", de Mgr Dominique Rey , sur ce site.
° « Déclaration sur l’incompatibilité entre l’appartenance à l’église catholique et la Franc-Maçonnerie », sur le site du Vatican.
° Encyclique Humanum Genus , sur le site du Vatican.
° Mgr Lantheaume : « Les progressistes du « printemps de l’Eglise » s’essoufflent », sur le site Itinerarium.
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Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
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Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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