Comprend-on toujours bien les mots, les termes ou même les concepts que nous énonçons ? Peut-on en percevoir du moins une signification qui n’apparaît pas forcément lors d’une première lecture, ou lors d’une lecture habituelle.
C’est à voir …
J’avais écrit, il y a quelques années - au mois de novembre 2007 – un article dans lequel je tentais de démontrer en quoi, comment et pourquoi Jésus (Yeshouah, le Rabbi de Nazareth) avait été le premier franc-maçon, ou tout du moins avait été franc-maçon.
Article à lire au second degré (voire au troisième, voire même…), bien évidemment pour ceux qui ne savent pas décrypter les mythes et les légendes fondatrices.
Je vous propose aujourd’hui de nous intéresser à Jean, Jean l’évangéliste, c’est-à-dire celui qui propage la Bonne Nouvelle, Yohanan, en bref, « le disciple que Jésus aimait », si l’on en croit le texte qui porte aujourd’hui son nom, la quatrième biographie de Yeshouah, le Massiah d’Israël, l’Oint du Seigneur, le successeur de David.
Passons donc déjà du Terme « Evangile de Jean » à « Bonne Nouvelle annoncée par Jean », puisqu’en grec le mot « Evangile » veut dire simplement « Bonne Nouvelle ».
Ou Mieux : « La bonne nouvelle annoncée par Johanan », rendons lui donc son nom.
Cet évangile de Jean qui est presque totalement différents des trois évangiles dits « synoptiques – que l’on peut lire ensemble » (ceux de Marc, Matthieu et Luc), et qui est si particulier et symbolique.
Avançons ensemble : La première partie de cet évangile s’appelle le « Prologue ». Il est constitué des 18 premiers versets du texte.
Intéressant car prologue vient du latin prologus (« début d'une pièce de théâtre », « récitant du prologue »), du grec ancien πρόλογος, prologos («préambule ») constitué de : προ-, pro- (« avant ») et λόγος, logos (« discours »).
Très intéressant car cet évangile, la bonne nouvelle de Yohanan, est également appelé l’évangile de Lumière ou l’Evangile de la Parole.
Quel en est donc le premier verset, le premier verset de ceprologue ? :
« Au commencement (Bereshit – qui est le premier mot de la Genèse et donc le premier mot de la Bible) était la Parole (ou le verbe - en grec logos), et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu ».
Le fait que le prologue (pro – logos – avant la Parole) soit antérieur au logos à la Parole, ne manquera pas de nous faire méditer. Mais après tout, il est logique que le pro-logos précède le logos, ou tout du moins que ce dernier soit contenu en lui…
Aux trois premiers degrés de la Franc-Maçonnerie, au Rite Ecossais Ancien et Accepté tel que pratiqué à la Grande Loge de France, les travaux sont rituellement et régulièrement ouverts lorsque se trouvent placés sur l’autel des Serments les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie.
Ces trois Grandes Lumières sont, le Compas et l’Equerre posés sur le Volume de la Loi Sacrée (à la Grande Loge de France par exemple c’est la Bible), ouverte au prologue de l’évangile de Jean.
Les travaux maçonniques rituels étant bien entendu ouverts "à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers".
Le Vénérable demande « de faire apparaître les trois Grandes Lumières en Ouvrant le volume de la Loi Sacrée au prologue de l’Evangile de Jean ».
Puis il indique à l’assistance qu’il va « ouvrir les travaux de cette respectable loge de Saint Jean », avant enfin de déclarer cette fois ouverte « cette respectable loge de Saint Jean ».
Comme le souligne le chevalier Michel de Ramsay dans son discours de réception des ducs sous l'Acacia lorsqu'il était orateur de la Grande Loge en 1737 : « On ne communiquait ces signes et ces paroles qu'à ceux qui promettaient solennellement et souvent même au pieds des Autels de ne jamais les révéler. Cette promesse n'était donc plus un serment exécrable, comme on le débite, mais un lien respectable pour unir les hommes de toutes les Nations dans une même confraternité. Quelques temps après, notre Ordre s'unit intimement avec les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. Dès lors et depuis nos Loges portèrent le nom de Loges de Saint Jean dans tous les pays. Cette union se fit en imitation des Israélites, lorsqu'ils rebâtirent le second Temple, pendant qu'ils maniaient d'une main la truelle et le mortier, ils portaient de l'autre l'Epée et le Bouclier».
Intéressons-nous maintenant à cet autre mot que nous découvrons : « Saint ». Et pour cela ouvrons le « Dictionnaire Historique Robert de la Langue Française » rédigé sous la direction du grand Alain Rey. En voici l’explication :
SAINT, SAINTE adj. et n. est issu (1050), par l’intermédiaire de sancz (fin Xe s., adj. et n. m.) et sanz (v.980), du latin sanctus adj. « rendu sacré et inviolable ». L’état desantus est obtenu par un rite de caractère religieux, alors que sacer marque un état initial (sacrer) ? Sanctus a pris ensuite le sens du grec hagios qui avait lui-même reçu la valeur de l’hébreu qadôs « saint » chez les juifs et les chrétiens. Du sen de « consacré, établi », on passe à des acceptions essentiellement morales : « vénérable », « vénéré », « vertueux », puis, dans la langue de l’Eglise, « saint ». Sanctus est le participe passé passif, employé adjectivement, de sancire, verbe de la langue religieuse et politique signifiant « rendre sacré ou inviolable » (…) Ce verbe se rattache à une racine indoeuropéenne exprimant l’idée de domaine réservé, surhumain et protégé.
Il est très intéressant de constater que, dans l’acception qui nous intéresse, nous pouvons aisément – et sûrement - traduire « Saint » par « Vénérable ».
Ce qui pourrait donner (librement) la traduction suivante.
A la place de « Les travaux sont ouverts avec le Volume de la Loi Sacrée ouvert au Prologue de l’Evangile de Saint-Jean », ne pouvons-nous pas imaginer une autre lecture ? Cette lecture qui donnerait :
« Les Travaux des Francs-Maçons sont ouverts rituellement avec le Livre de la Parole, la Bonne Nouvelle que nous donne notre Vénérable Jean ».
Cette Bonne Nouvelle délivrée par Jean, Yohanan, étant bien entendu la Parole (Logos) de son Maître Yeshouah qui fut lui-même un maçon, Tektone (τεκτων en grec), particulièrement libre…
Ne trouve-on pas là un beau sujet à méditer surtout en regardant avec attention le détail du tableau intitulé « La Cène » de Philippe de Champaigne que j’ai détourné à dessein pour illustrer cet article (voir illustration en haut à gauche de cet article).
Jean, qui est à la droite de Jésus, puisqu’il est le disciple qu’il aime entre tous, est celui qui comprend le sens caché (ésotérique) de sa Parole, contrairement aux autres apôtres que Jésus ne cesse de réprimander en leur disant que vraiment ils ne comprennent rien ! Jean qui sera, avec les femmes, au pied de la Croix.
C’est bien pour cela que sur le tableau – mais rien n’est jamais un hasard – c’est bien entre Jésus et Jean que se trouve le Graal…
Et puis, celui que bien historiens ont souvent confondu avec une femme, et notamment avec Marie-Madeleine, est bien celui que nous appelons Jean (nous voyons la même chose sur le tableau de Léonard de Vinci ci-contre, Jean dessiné avec des traits féminins).
Mais il semble que nous irions peut-être trop loin en posant la question de savoir si Jean, notre premier Vénérable comme nous venons de le voir, était une femme… Mais c’est bien un garçon !
Jean-Laurent Turbet
° Traduction du Prologue de l'évangile selon Jean par Louis Segond :
1. Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
2. Elle était au commencement avec Dieu.
3. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
4. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
5. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
6. Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean.
7. Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.
8. Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.
9. Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.
10. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.
11. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.
12. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu
13. lesquels sont nés non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
14. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.
15. – Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié : C’est celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi.
16. – Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ;
17. car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
18. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.
Jean-Laurent Turbet
° Pour aller plus loin :
° Jésus était-il franc-maçon ? , sur ce site.
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Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas
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Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
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Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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