La nouvelle a fait grand bruit dans le landernau religieux américain.
La chaine Discovery Channel a diffusé (et elle s'aprête à le faire en France également) un documentaire réalisé par James Cameron (réalisateur de Titanic entre autres) sur la découverte d'une tombe où seraint inhumé les restes de Jésus et de sa famille.
En réalité, le découverte de ce tombeau et de ces inscription date de 1980, mais la chaîne américaine lui donne une "nouvelle vie" avec ce reportage.
Celui-ci est d'ailleurs en partie visible sur un site internet qui lui est consacré : The Lost Tomb of Jesus.
La chaîne de télévision affirme que «la tombe des 10 ossuaires a appartenu à la famille de Jésus de Nazareth», puisque les boîtes porteraient les noms d’un «Jésus, fils de Joseph» (Yeshua Ben Yosep), d’une «Marie», (Mariam) d’un «Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus», (Yacov ben Yosep...)d’une «Marie connue comme maître» – il s’agirait de Marie-Madeleine (Mariamene, qui nous le savons depuis les travaux de François Bovon, était également le nom de Marie-Madeleine) – et d’un «Judas, fils de Jésus» (nous savions déjà que son frère s'appellait Jude d'après les évangiles qui citent nommément ses frères, dont Jacques-Yacov).
Une vive polémique est toujours en cours que vous trouverez sur de nombreux sites internet.
Les détracteurs de cette découverte disent que Jéus, Jacques, Joseph et marie étaient des prénoms extrêmement courants dans la Judée et la Galilée de l'époque et que rien ne prouve qu'il s'agisse de Jésus "de Nazareth", reconnu comme le Mashiah par ses discpiles (Mashias, "le Messie", c'est Krestos en grec d'où Christ, ce qui veut dire "oint", sous entendu, oint par Dieu).
Olivier BAUER commente cette découverte dans le dernier numéro de Réforme : "(...)Ceci m’amène à réfléchir sur l’attitude que nous – chrétiens et théologiens – adoptons à l’égard d’un reportage comme celui de Discovery Channel. En caricaturant un peu, j’en relève deux. Il y a d’abord l’orgueil fondamentaliste qui fait peu de cas de telles informations. Pour le fondamentaliste, elles sont pour le moins mensongères, peut-être sataniques. Nous le savons, le fondamentaliste est immunisé contre tout ce qui pourrait remettre en question sa foi, y compris les découvertes archéologiques. Pour lui, les choses sont simples : si l’on retrouve le tombeau de Jésus, il ne peut qu’être vide, puisque c’est ce qui est écrit dans les évangiles. Le raisonnement est évidemment un peu court.
Mais l’autre attitude est tout aussi discutable. Je la qualifie de mépris théologique, pour lequel le documentaire sur la tombe perdue de Jésus n’apporte aucune information nouvelle. Car, depuis plus de 100 ans, le théologien sait que les évangiles ne sont pas des témoignages de première main, que Paul ne parle pas du tombeau vide et que le Nouveau Testament contient plusieurs manières d’exprimer la divinité de Jésus. Le théologien n’en est peut-être pas conscient mais, ici aussi, la procédure d’immunisation fonctionne à plein. Rien ne peut remettre en question son travail, pas même une émission de télévision à succès !
Et le coup du mépris révèle une faiblesse du théologien. Il ne lui suffit pas de mener des recherches sur la Bible et sur la foi chrétienne, il lui faut encore trouver les moyens de les faire connaître. Au fondamentaliste comme à Discovery Channel ! "
Je laisse bien tendu chacun juger selon ses propres convictions !! Deux ossuaires attribués l'un à Jésus et l'autre à Marie Madeleine, retrouvés en 1980 dans une tombe du Ier siècle à Talpiot, un quartier de Jérusalem, ont été dévoilés. Un bulldozer utilisé pour la construction d'un nouvel immeuble avait alors mis la tombe au jour et des archéologues israéliens étaient venus sauver dix ossuaires. La découverte fut détaillée seize ans plus tard dans une revue d'archéologie israélienne. La tombe n'avait pas beaucoup attiré l'attention. Pour les archéologues, les noms de Joseph, Jésus, Marie étaient extrêmement fréquents au Ier siècle à Jérusalem. Un ossuaire porte le nom en araméen de Jésus fils de Joseph, un autre le nom romain Maria transcrit phonétiquement en hébreu, un troisième, toujours en hébreu, Mathieu, un quatrième en hébreu, Yose, un cinquième, en grec, Mariamene e Mara et le sixième, qui contenait les restes d'un enfant, en araméen, Juda fils de Jésus. Le tournant de la recherche serait venu de la découverte par le professeur François Bovon (Harvard), d'après des écrits du IVe siècle, que le vrai nom de Marie Madeleine était Mariamene. Des tests sur l'ADN mitochondrial récupéré dans les ossuaires montrent que Jésus et Mariamene n'avaient pas la même mère. Leur rapprochement dans la tombe en fait-il des époux ? Quant à Yose, diminutif de Joseph, il pourrait être un des quatre frères de Jésus, évoqués dans l'évangile de Matthieu. "Notre objectif est que les recherches continuent et aillent bien plus loin, explique Simcha Jacobovici, le réalisateur du documentaire. Les faits sont incontestables. Ces ossuaires ont été trouvés dans une tombe in situ et ensuite conservés par les autorités archéologiques israéliennes. Six d'entre eux portent des inscriptions dont le déchiffrage est confirmé par les plus hautes autorités archéologiques mondiales", ajoute-t-il. "FRAUDE TITANESQUE" Selon M. Jacobovici, s'il a fallu vingt-sept ans pour mesurer l'importance de la découverte, c'est que les archéologues, d'un côté, ne connaissaient pas les différents noms attribués aux proches de Jésus tandis que les spécialistes de l'histoire religieuse, de l'autre, n'avaient pas connaissance de l'existence de cette tombe. "Nous avons seulement rapproché les informations", ajoute-t-il. La recherche s'appuie également sur un modèle statistique pour contourner l'argument de la fréquence de ces noms. Andrey Feuerverger, professeur de mathématiques à l'Université de Toronto, conclut que la probabilité pour trouver ces noms ensemble est dans le cas le plus défavorable de 600 contre un et le plus favorable de 30 000 contre un, et que "la possibilité que le tombeau de Talpiot est bien celui de Jésus doit être considérée sérieusement". En guise de conclusion, Darrell Bock, spécialiste du Nouveau Testament du séminaire théologique de Dallas, a souligné que "l'histoire bien faite n'est pas l'ennemie de la théologie". Mais plusieurs organisations chrétiennes dénoncent cette "fausse découverte". "Il s'agit d'une fiction hollywoodienne déguisée en fait scientifique", estime le pasteur Rob Schenck, président du Conseil national du clergé américain. La ligue catholique américaine évoque "une fraude titanesque", en référence au film de James Cameron. Pour la plupart des traditions chrétiennes, la tombe de Jésus est située dans la basilique du Saint-Sépulcre, même si des recherches historiques la situent plutôt au-delà des murailles de la vieille ville. Pour sa part, l'archéologue Amos Kloner (Université de Bar-Ilan), interrogé par l'AFP, estime qu'il n'y a "pas de preuve scientifique" que la tombe de Talpiot soit celle de Jésus. Sur les 900 tombeaux de la même époque recensés à Jérusalem, le nom Jésus ou Yéshu a été retrouvé 71 fois.
Un article du Monde du 27 février sur le même sujet :
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