Entre rupture et désir d’avenir
Candidat à la présidence du Crif, Arié Bensemhoun, sépharade, se différencie de ses prédécesseurs par ses idées
Article paru dans le Nouvel Economiste.
« La rupture n’est pas un mot en phase avec la tradition juive. Je préfère parler de renouveau. » Ainsi s’exprime Arié Bensemhoun, candidat à la présidence du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui procèdera à ses élections présidentielles le 13 mai 2007.
Celui que les « éléphants » de la communauté juive continuent de surnommer « le petit Arié » présente un profil atypique. Quadra, séfarade et toulousain, cet ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) dont la barbe est aussi soigneusement taillée que ses costumes n’a pas beaucoup de points communs avec ses prédécesseurs, à commencer par l’actuel président du Crif, Roger Cukierman, ashkénaze, retraité et parisien. Eh oui, la différenciation n’est pas l’apanage exclusif des femmes en politique.
Sur ses idées, la manière de les exprimer, Arié Bensemhoun ne trahit pas les apparences. L’institutionnellement correct n’est pas sa tasse de thé. En témoigne la courageuse journée de solidarité avec Robert Redeker qu’il a organisée le 15 novembre dernier pour répondre aux menaces dont le philosophe fait l’objet depuis son article dans Le Figaro du 19 septembre où il s’était hasardé à critiquer l’islam.
N’hésitant pas à impliquer le Crif dont il préside la section Midi-Pyrénées, le dynamique leader a interpellé les pouvoirs publics coupables, dans cette affaire, d’une lâcheté habillée des oripeaux de la « responsabilité ». Grâce à ce colloque auquel ont participé, entre autres, Bernard-Henri Lévy, Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, et le journaliste algérien Mohamed Sifaoui, Robert Redeker a recouvré sa dignité et une vie presque normale.
Quant à l’avenir du Crif, Arié Bensemhoun en a une vision innovante qu’il espère partager demain avec la majorité des 160 grands électeurs de l’assemblée générale. « Je souhaite que le Crif participe de façon plus active à la vie de la cité, dit-il. Au-delà des combats légitimes contre l’antisémitisme et au côté d’Israël, le Crif doit porter une parole juive sur beaucoup de sujets qui intéressent tous les Français. Avons-nous quelque chose à dire sur les questions environnementales ou sur la polémique du Téléthon ? Je pense que oui. »
Patron d’une PME qui occupe la moitié de son temps – l’autre étant consacrée à la communauté –, Arié Bensemhoun est reconnaissant à Roger Cukierman d’avoir introduit au sein du Crif une culture d’entreprise. « Il ne faut pas craindre le management dans le monde associatif, dit-il. Roger a donné de véritables moyens de travailler à l’institution qui a énormément gagné en visibilité. Je m’inscris dans la continuité sur ce plan-là. »
Lors de l’élection à deux tours où tous les candidats peuvent se maintenir au second et où il suffit d’une majorité relative pour l’emporter, il trouvera sur sa route au moins deux adversaires déclarés, Joseph Zrihen, un médecin d’une cinquantaine d’années très impliqué dans de nombreuses associations et Richard Prasquier, militant exemplaire qui incarne une forme de continuité. L’ex-président du Crif, Me Henry Hajdenberg n’a pas encore officialisé sa candidature. Et qui sait si cette autre campagne présidentielle ne réservera pas, elle aussi, quelques surprises.
© Le nouvel Economiste - n°1370 - Du 14 au 20 décembre 2006
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