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Le Blog des Spiritualités

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Dessins rescapés de Buchenwald.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 26 Août 2006, 23:01pm

Catégories : #Judaïsme

Une centaine d'oeuvres du peintre Boris Taslitzky, mort l'an dernier, sont exposées à Paris.

Article d'Anne-Laure JEANSON vu dans Libération du 25 août 2006.

Buchenwald : l'arme du dessin, exposition de Boris Taslitzky. Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, 71, rue du Temple, Paris IIIe, 01 53 01 86 60. Jusqu'au 1er octobre.
C'est une exposition testament. Avant sa mort en 2005 à l'âge de 94 ans ( Libération du 12 décembre), Boris Taslitzky avait décidé de montrer une dernière fois les dessins qu'il a réalisés en 1944 et 1945 au camp de concentration de Buchenwald. Et l'artiste avait choisi de montrer ce travail au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme (hôtel de Saint-Agnan) : un endroit où il pouvait être «à la fois juif et communiste» . Et puis il aimait l'endroit pour l'oeuvre de Christian Boltanski, qui, sur un mur du musée, évoque la rafle du Vel' d'Hiv' (juillet 1942) qui avait emporté sa mère.
 
Soulèvement. Quatre-vingt-dix dessins originaux, réalisés avec des bouts de crayons et des morceaux de papier hygiénique ou volés au camp, sont montrés sous une lumière faible. Ce sont des petits formats représentant des scènes de la vie quotidienne de Buchenwald : Après la soupe, Camarades fatigués attendant l'appel ... Buchenwald fut l'un des premiers camps libérés en avril 1945, notamment grâce au soulèvement des prisonniers. L'un d'eux emporta tous les dessins de Taslitzky, qui seront recueillis et publiés dès janvier 1946 par Louis Aragon aux éditions de la Bibliothèque française, sous le titre «111 dessins faits à Buchenwald». On ne les revit qu'en 1989, lors de leur achat par le musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne.
 
L'hôtel Saint-Agnan présente aussi, accrochés dans la même salle, des portraits ­ plus fouillés et réalisés sur du papier de meilleure qualité volé au service des archives SS ­ d'intellectuels et de peintres présents au camp : «des hommes debout», malgré la fatigue et les souffrances endurées. Grâce à l'organisation clandestine du camp, Boris Taslitzky avait pu récupérer sa petite boîte d'aquarelle, confisquée à son arrivée ; avec celle-ci, il a pu peindre quatre scènes hallucinées de corps bleus et verts, entremêlés dans la zone de quarantaine (le petit camp), dont deux sont présentées dans l'exposition. «En arrivant au petit camp, je fus tranquillement émerveillé, je découvris la beauté de l'horreur», a témoigné Taslitzky.
 
Le peintre, orphelin de père à 3 ans, avait découvert en Aragon «un père intellectuel et patriotique» en écoutant ses conférences sur le réalisme socialiste. Si bien qu'en 1933, Taslitzky adhère à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), une organisation nationale et antifasciste qui regroupait en 1936 soixante mille écrivains et artistes. Deux ans plus tard, il est au Parti communiste et, se définissant comme «un peintre réaliste à contenu social», réalise de grands panneaux peints (aujourd'hui détruits) pour les fêtes du Front populaire. «L'art est lié au mouvement social ; il l'a toujours été, tout au long des siècles !» proclamait-il ( Libération du 27 février 1997).
 
«Aspects mouvants». Mobilisé en 1939, le peintre entre dans la résistance, est arrêté par la police de Vichy en 1941, puis déporté trois ans plus tard à Buchenwald en tant que résistant communiste. Lorsque son convoi arrive au camp le 5 août 1944, il sent que dessiner sera un moyen de lutter contre la déshumanisation du camp : «Ce fut l'impérieux besoin de dessiner, d'arracher à la réalité effroyable quelques-uns de ses aspects mouvants.» Cette démarche n'est pas isolée : une vingtaine d'artistes ont pu dessiner à Buchenwald grâce à un comité clandestin.
 
Un film documentaire réalisé par Christophe Cognet, l'Atelier de Boris, est présenté en continu dans les salles d'exposition (1) : précieux témoignage recueilli par le cinéaste au fil de plusieurs mois, peu avant la mort de Taslitzky.
 
(1) Le 19 septembre, à 19 heures, le film sera projeté en présence d'anciens compagnons de Taslitzky.

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