Le cinéaste israélien Amos Gitaï s'exprime ce soir dans un article donné au journal Le Monde.
En voici quelques extraits :
Etre à Haïfa, ma ville natale, ces jours-ci, entendre les sirènes d'alarme, et les missiles qui tombent, est une expérience qui n'a rien d'intellectuel. (...)
De façon tragiquement répétitive et prévisible, les extrémistes interviennent à chaque fois qu'un progrès est fait vers la paix et l'anéantissent par la force.
Il suffit de remonter quelques années en arrière pour s'en rendre compte : du moment où Itzhak Rabin a donné l'ordre à Tsahal de se retirer de Jénine et Naplouse, il y a eu une vague d'attentats dans les bus de Tel Aviv. Du côté des terroristes, chaque avancée vers la paix est interprétée comme un signe de faiblesse, l'occasion de démontrer leur puissance en frappant Israël.
C'est ainsi qu'ils minent le camp des modérés israéliens. (...)
Pour nous Israéliens de gauche, la guerre que nous vivons en ce moment est particulièrement complexe sur le plan politique. Depuis des années, par des articles, des livres ou des films, nous cherchons à démontrer que la solution est le retrait des territoires occupés. Or Israël s'est retiré de Gaza et du Liban, et c'est exactement là où le Hezbollah a frappé. Dans la partie du Golan qui est toujours occupée, en revanche, tout est calme.
(...) Mais en attendant, la lutte contre le Hezbollah n'a pas de solution "politiquement correcte".
Peut-on vraiment apaiser une organisation religieuse féroce, qui s'appuie sur une idéologie parfaitement irrationnelle, par la modération, la diplomatie ?
La particularité du conflit du Moyen-Orient est qu'il est intégralement filmé. (...)
Faire du cinéma dans ce contexte est un véritable défi : il faut constamment prendre de la perspective, rester rationnel, malgré la tourmente, malgré les inquiétudes individuelles.
Etre à la fois citoyen et cinéaste dans ce contexte relève de la schizophrénie, mais je crois profondément que le cinéma ne doit pas être le journal du soir, qu'il a pour fonction de démanteler la simplification des médias.
Au bout du compte, il ne doit pas nourrir la haine mais la compréhension.
Lire la totalité de l'article sur le site du Monde.
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