Vu sur le site du Figaro :
Trois agresseurs, soupçonnés d'avoir proféré des injures racistes avant de rouer leur victime de coups devant témoins, ont été écroués.
CETTE AFFAIRE d'antisémitisme constitue une première en Haute-Savoie. Trois hommes sont placés depuis lundi sous mandat de dépôt après l'agression gratuite, à Annecy, d'un lycéen juif de 16 ans dont le seul tort a été de répondre au prénom d'Abraham. Victime d'un passage à tabac sur le parking d'une boîte de nuit, l'adolescent s'est vu délivrer six jours d'interruption temporaire de travail.
Hier, les hommes de la sûreté départementale cherchaient encore à préciser les circonstances de l'attaque qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche.
Vers 3 heures, une dizaine d'inconnus originaires d'un quartier sensible de Bellegarde (Ain), errent aux abords de la discothèque Pop Plage. Ils viennent d'en être éconduits. Par dépit, ils se sont saoulés. «Particulièrement agressifs, ces voyous ont cherché à en découdre avec le premier venu», explique une source proche du dossier.
Les videurs évitent le lynchage
Après s'être frottée sans succès avec plusieurs clients sortant de la boîte de nuit, la bande est passée à l'action en bousculant un couple d'adolescents. Dès que la jeune fille a crié le prénom de son ami, Abraham, les agresseurs ont fondu sur lui.
Proférant une bordée d'injures antisémites, ils lui ont ensuite assené des coups de pied et de poing. Seule l'intervention in extremis des videurs accompagnés de molosses a permis d'éviter le lynchage.
Quatre des agresseurs ont été tenus en respect le temps qu'une patrouille de police intervienne. Lors de leurs garde à vue, les suspects, âgés d'une vingtaine d'années et jusqu'alors inconnus de la justice, ont reconnu les coups. En dépit d'une série de témoignages accablants, ils ont cependant nié le caractère antisémite de l'agression. «L'examen des procès-verbaux ne permet pas de parler d'une expédition punitive», expliquait-on hier au parquet d'Annecy. Un des suspects a été relâché au terme de son audition, tandis que trois autres ont été présentés lundi en comparution immédiate. Mais faute de pouvoir contacter les parents de la victime, Français d'origine vénézuélienne, l'affaire a été renvoyée au 4 septembre prochain.
Entre-temps, les trois agresseurs présumés d'Abraham ont été placés en détention provisoire sur réquisition du parquet. «Jusqu'alors, Annecy n'a jamais connu d'affaire d'antisémitisme, confiait hier un magistrat. Hormis quelques courriers injurieux ou de rares tags, la ville n'a jamais eu à déplorer d'agression de cette nature.»
Article de Christophe Cornevin.
Commenter cet article