Vu sur le site N@ros : lundi 8 septembre 2003, par Martine NOUAILLE.
(Les liens sont ajoutés par moi)
Leïla Hamrat, 46 ans, qui a présidé dimanche le culte protestant au "Rassemblement du Désert" de Mialet (Gard), est une enfant d’immigrés algériens devenue pasteur de l’Eglise réformée de France (ERF).
"Mais je ne veux pas qu’on fasse de moi un modèle d’intégration par la religion, mon histoire est atypique", se défend-elle. Les organisateurs du rassemblement, où se retrouvent chaque année des milliers de protestants français fiers de la lutte pour la liberté de conscience menée par leurs ancêtres, ont cette fois-ci confié la prédication à une femme née hors du milieu huguenot.
De plus en plus de pasteurs français viennent aujourd’hui d’autres Eglises que celle où ils choisissent d’exercer : d’autres courants du protestantisme, voire de l’Eglise catholique et, pour quelques uns d’entre eux, du judaïsme ou de l’islam.
Issue d’une famille non religieuse installée à Romans (Drôme) dans les années 1950, une amie de lycée a entraîné Leïla Hamrat dans un petit groupe oecuménique de jeunes chrétiens où elle rencontre "quelque chose qui a bouleversé mon adolescence". Les valeurs transmises "naturellement" par la famille trouvent alors leur expression.
"A un moment, on se demande sur quoi appuyer sa vie, sur quelles valeurs la construire", raconte-t-elle. "Le matérialisme, ça rassure, mais ce n’est pas quelque chose qui donne de l’épaisseur à sa vie".
Après des études de théologie à Montpellier, elle est pasteur depuis 20 ans, d’abord à Paris, puis depuis onze ans à la tête de la paroisse francophone de Londres.
"L’idée était de servir Dieu à plein temps. C’était un peu naïf, car quand on est pasteur on est accaparé par toutes sortes de tâches matérielles. Mais j’aime le travail sur les textes bibliques, j’ai plaisir à préparer une prédication, à mettre en relation théologiens et intellectuels d’autres disciplines".
"J’ai eu de la chance. Je n’ai pas eu d’éducation religieuse, ce qui me rend très libre vis-à-vis du protestantisme", affirme Leïla Hamrat.
"Très libre également vis-à-vis de l’Algérie et de l’islam", ajoute-t-elle. Même si elle dit ressentir "un manque" devant l’absence de transmission, par ses parents, de leur culture d’origine.
"Quand je rencontre des intellectuels algériens, des romancières algériennes, quelque chose me parle. Mais je ne suis pas capable de produire dans ce registre", regrette-t-elle.
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