Si vous avez lu "La Croix des Assasins" de Giacometti & Ravenne (tome 4 des aventures du commissaire Marcas), ou si vous vous intéressez à l'Ordre du Temple et à ses hypothétiques ramifications ultérieures, vous savez que plusieurs "filiations" se disputent l'héritage templier.
1. La filiation de Beaujeu
2. La filiation d'Aumont
3. La filiation Larménius
4. La filiation de Geoffroy de Gonneville
Le docteur Fabré-Palaprat se revendique, lui, de la filiation Larménius.
Tout d'abord, qui était Bernard-Raymond Fabré-Palaprat ? C'était un médecin remarquable dont l'engagement auprès des blessés lors du siège de Paris en 1814 lui vaudra plus tard d'obtenir la Légion d'honneur.
Fabré-Palaprat était également franc-maçon, membre de la loge des Chevaliers de la Croix au sein du Grand Orient de France.
La loge des Chevaliers de la Croix , peut-être parrainée par Napoléon Ier, est dirigée par un autre médecin, le docteur Ledru, qui affirme détenir le fameux héritage templier, par l'intermédiaire d'un certain Radix de Chevillon qui l'aurait lui-même reçu, en 1792, d'un dernier grand maître secret de l'ordre du Temple, Timoléon de Cossé-Brissac. C'est le début de la filiation Larmenius.
D'où vient la légende de la filiation Larmenius ? Cette légende propagée par l'abbé Grégoire raconte que Larménius, commandeur de Jérusalem, aurait été désigné par Jacques de Molay comme futur Grand-Maître.
L'Ordre serait alors resté dans l'ombre jusqu'en 1804 avec la résurgence officielle orchestrée par Fabré-Palaprat, Chevillon et Ledru. Cette année là, l'ordre des "Chevaliers de l'Ordre du Temple", avec Fabré-Palaprat comme Grand Maitre est autorisé par l'Empereur Napoléon 1er. De nombreux maçons de la loge Sainte-Caroline rejoignent cette nouvelle association templière.
En 1808, à son apogée, les Chevaliers de l'Ordre du Temple, au nombre d'à peu près 200, feront une procession remarquée, à cheval et avec l'habit blanc frappé d'une croix rouge, en direction de l'église Saint-Paul de Paris. Ce sera la plus grande - et l'unique - grande manifestation de l'Ordre du Temple restauré.
Fabré-Palaprat prétend alors avoir retrouvé un document la “Carta Transmissionis” ou Charte Larmenius, qui établit une liste des Grands Maîtres ayant succédé à Jacques de Molay, prétendant qu’il avait transmis les rênes de l’ordre à Jean-Marc Larmenius.
Etait-ce document authentique ou inventé par Fabré? Il est fort probable que tous les documents produits par Fabré-Palaprat aient été confectionnés par ses soins ou par ceux de ses complices dans cette affaire.
L'encre, la calligraphie, la paléographie, l'épaisseur du parchemin, en témoignent. Il est vrai également que Larmenius est un Nom qui ne figure en aucune pièce du procès des templiers.
La traduction du texte n'en a été réalisée par Elizé de Montagnac qu'en 1864, chez Auguste Aubry, Imprimeur Editeur à Paris. (voir image ci-contre).
Reconnaissons toutefois à Fabré-Palaprat, qui était par ailleurs un franc-maçon très actif, de réelles qualités d'ésotériste, même si Daniel Ligou, dans son dictionnaire de la Franc-Maçonnerie, le qualifie de remarquable fantaisiste.
En effet, le document Larmenius, au delà d'un simple faux, doit être perçu comme une réelle tentative de réalisation constructive pour atteindre un objectif spirituel.
N'oublions pas que de nombreux courants maçonniques revendiquent, même symboliquement, une origine templière.
De nombreux "hauts" grades maçonniques font d'ailleurs explicitement référence à l'Ordre du Temple, notamment dans le Rite Ecossais Ancien & Accepté et dans le Rite Ecossais Rectifié.
Les documents du fonds Palaprat sont conservés à la Bibliothèque Nationale (dépôt Vernois) où ils ont été déposés en 1871 et la Charte Larmenius quant à elle, est actuellement conservée à Londres.
Il faut noter pour l'ensemble de "l'oeuvre" Palaprat-Larmenius, que sa filiation directe en est réellement éteinte. Son dernier conseil s'est déroulé le 12 Mars 1841, après s'être divisée en 2, voire 3 Branches dès 1838.
Divers courants se réclament aujourd'hui de l'héritage templier de Fabré-Palaprat.
En 1945 s'est créé un Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem basé à Paris.
Antonio Campello Pinto de Sousa Fontes, détenteur des archives de la branche belge issue de l'Ordre du Temple de Fabré-Palaprat, fonde l'OSMTJ (Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem). http://templedeschevaliers.free.fr/
En février 1960 : Fernando Campello Pinto Pereira succède à son père à la tête de l'OSMTJ.
En 1970, scission au sein de l'OSMTJ: Fernando Campello Pinto fonde l'Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani à Porto au Portugal.http://www.osmth.org/
Je ne connais évidemment rien de ces organisations actuelles!
Mais revenons aux documents exceptionnels que je vous propose aujourd'hui.
Tout d'abord les statuts de l'Ordre du Temple: ils étaient remis à chaque "Chevalier" lors de son initiation. Les Statuts sont manuscrits. Ils sont dits "Statuts de 1705", mais rien ne prouve qu'ils aient été réellement rédigés avant 1804. Ce sont les 6 premières images ci-dessous.
Enfin la reproduction d'un diplôme templier, daté de 1809. (7ème image). Ce diplôme est inséré dans l'exemplaire des statuts. Comme vous pourrez le constater, il est signé de Fabré-Palaprat lui-même.
Il ne reste que très peu de ces documents originaux dans le monde. Je remercie Elise Gautier de m'avoir autorisé à les reproduire ici.
Les passionnés d'histoire maçonnique, comme les spécialistes de l'Ordre du Temple et de ses résurgences postérieures ont maintenant la possibilité de visualiser ces documents extrêmement rares.
Je précise, comme indiqué plus bas, que ces documents exceptionnels font partie d'une collection privée et que leur reproduction sur quelque support que ce soit est évidemment interdite.
Voici les documents :
Première page des "statuts de 1705"
Le titre
La page de garde
Premiers articles des statuts des Chevaliers de l'Ordre du Temple
Signatures et sceaux des Statuts.
La table des matières
Très rare : Diplôme de Templier.
A noter, la signature de Fabré de Palaprat, en bas à droite.
Tous droits réservés :
Collection privée Jean-Laurent Turbet. Reproduction interdite.
A lire :
° "La Croix des Assassins" d'Eric Giacometti & Jacques Ravenne
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