par Malek Boutih,
secrétaire national du PS,
chargé des questions de société
Est-on sûr qu'il s'agit d'un crime raciste ?
- Nous n'avons pas tous les éléments, contrairement aux juges d'instruction aux avocats, qui ont accès aux dossiers. Il est certain qu'il s'agit d'actes de crapulerie antisémites. Le prétexte serait qu'ils s'en seraient pris à un juif parce que, selon eux, les juifs ont de l'argent.
Mouloud Aounit, président du Mrap, a déclaré qu'il s'agissait de "voyous au comportement crapuleux prolongés par une haine antisémite". Etes-vous d'accord ?
- Mouloud Aounit a toujours eu un problème avec l'antisémitisme, ça ne date pas d'aujourd'hui. Il ne reconnaît pas l'antisémitisme en France, sauf quand cela vient de l'extrême droite. Il dilue la réalité antisémite, il ne la reconnaît pas.
Historiquement, la crapulerie a souvent été rejointe par l'antisémitisme et on le retrouve aujourd'hui. Avoir du mal à en parler empêche de voir le réel danger de ce phénomène.
Si la piste antisémite se confirme, quelles seraient les conséquences ?
- Au niveau judiciaire, cela va entraîner des circonstances aggravantes pour les accusés.
Sinon, cela prouve que, malgré les statistiques, la réalité antisémite n'a pas disparu.
Il faut gérer l'antisémitisme en profondeur et non en surface, comme cela est fait aujourd'hui. Il y a un acteur essentiel dans ce combat qui, selon moi, n'est pas assez aidé, c'est l'Ecole. Devant ce genre d'actes et de comportements, l'Ecole doit être mobilisée. Il doit y avoir des campagnes et du matériel pédagogiques pour lutter contre ce phénomène.
Mais le gouvernement semble gêné sur ce sujet. Il ne réagit pas efficacement, sauf lors d'envolées lyriques, comme au dîner du Crif quand le Premier ministre a réagi sur l'affaire. Mais en dehors de ce genre de réunion, les membres du gouvernement ne font rien d'efficace.
Propos recueillis par Pauline Mouchard
(le mardi 21 février 2006)
Source : Nouvel Obs
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