C'est par un titre sobre et fort, "Barbares", que Le Monde a choisit d'évoquer les tortionnaires responsables de la mort d'Ilan Halimi, dans son édition du 23 février 2006.
C'est le nom que cette bande de voyous meurtrieurs avait choisi elle-même pour se désigner.
En voici quelques extraits :
"Le crime de la "bande des barbares" a marqué et marquera durablement les esprits. La mort du jeune Ilan Halimi, après vingt et un jours de calvaire, suffit en effet à rendre ce fait divers tragique tout à la fois odieux et poignant. Mais chaque composante renforce encore plus le sentiment d'avoir affaire à un crime d'époque, sorte de loupe sur l'état réel de notre société. "
(...)
"L'ultime composante de ce fait divers, à savoir l'antisémitisme, achève de le rendre encore plus nauséeux. Il appartiendra bien sûr à la justice de déterminer, en s'appuyant sur des éléments vérifiés, quel rôle (déterminant ou marginal) le racisme a précisément joué dans le choix de la victime. Mais il reviendra aussi aux autorités, sans tabou, de ne pas tenter de minorer cet aspect, au motif de ne pas opposer les communautés entre elles. Toute tentative de déni ne fait, en la matière, que cristalliser les peurs."
(...)
"La vérité, a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy, c'est que ces voyous ont d'abord agi pour des motifs crapuleux et sordides, l'argent, mais qu'ils avaient la conviction, entre guillemets, que "les juifs ont de l'argent''. Cela s'appelle de l'antisémitisme par de l'amalgame".
Cela s'appelle de l'antisémitisme tout court. Le thème de l'argent est bien l'un des fils qui relient l'antisémitisme traditionnel, tel qu'il s'exprime depuis des siècles en France (avec une mise entre parenthèses de plusieurs décennies après le choc de la découverte du génocide) et l'antisémitisme tel qu'il se déploie aujourd'hui dans des populations d'origine souvent immigrée, sur fond de traditions culturelles et d'amertume face au conflit palestino-israélien.
En l'occurrence, même si la "bande des barbares", aujourd'hui démantelée, voisinait avec "le degré zéro de la pensée", pour reprendre une formule de Jean-Claude Marin, le procureur de la République de Paris, il semble bien que pour certains de ses membres l'antisémitisme était comme une évidence."
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