A l’occasion de la Première Journée Internationale de commémoration des victimes de la Shoah, le 27 janvier 2006, une cérémonie officielle s’est tenue sur le site de l’ancien camp des Milles sous le haut parrainage de Madame Simone Veil, présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Malgré les fortes intempéries, nombreuses furent les personnes qui participèrent à cette première cérémonie autour des autorités, des élus locaux et des représentants du monde associatif, anciens déportés et résistants, Justes des Nations, communautés juive, arménienne et tsigane…, dont la présence marquait le caractère universel des enseignements de la Shoah.
Après le dépôt des gerbes devant le Wagon-Souvenir, lieu même du départ pour la déportation, tous les participants se sont réunis dans la salle des peintures du camp, où une classe de l’Ecole Auguste Boyer (Juste des Nations) a lu 54 noms retrouvés sur la centaine d’enfants déportés à Auschwitz en août et septembre 1942. Ce fut un moment de grande émotion, au cours duquel fut interprété un chant sur les droits des enfants.
Un message de Madame Simone Veil a été lu par M. Zvi Ammar qui représentait la FMS. Elle y remerciait « toutes les personnes qui œuvrent à la mémoire du Camp des Milles et qui s’attachent à faire de ce lieu non seulement un lieu de mémoire mais aussi un espace de transmission… Il importe de rappeler cette page sombre de l’histoire de notre pays, qui a vu la France trahir sa tradition d’accueil et de fraternité, et interner ici entre autres des intellectuels, des artistes comme Max Ernst, Lion Feuchtwanger, Hans Bellmer, qui avaient fui l’Allemagne nazie et cherché refuge en France. Par la suite, ce camp a été l’antichambre de la mort pour des milliers de juifs, victimes des grandes rafles de Vichy et qui furent transférés à Drancy et Rivesaltes, avant d’être déportés à Auschwitz, et pour la plupart gazés dès leur arrivée…Chaque fois que la haine, l’antisémitisme, et la xénophobie risquent d’entraîner des stigmatisations et des discriminations, c’est à nous, à chacun d’entre nous, qu’il appartient de s’opposer et de savoir dire non.»
Alain Chouraqui, Président du Comité de pilotage du projet Mémoire du Camp des Milles a rappelé que : « L’Assemblée Générale de l’ONU a consacré le miroir que la Shoah nous tend. Elle a reconnu le véritable paradigme que la Shoah offre hélas à l’humanité pour mieux se comprendre elle-même, dans ses cruautés et ses faiblesses, mais aussi dans sa capacité de résistance et dans sa force. Ce qui est reconnu aujourd’hui c’est à la fois la singularité historique de la Shoah et l’universalité des mécanismes humains qu’elle révèle, et des réflexions civiques qu’elle impose aujourd’hui. » Puis, parlant du futur « Mémorial pour demain », il a indiqué qu’ « il n’y a à ce jour aucun lieu de mémoire explicitant les mécanismes permanents qui conduisent vers la catastrophe des individus et des sociétés... Comment l’on passe, par exemple, de la croyance aveugle au rejet de l’autre, de l’insulte dans la cour d’école aux pierres contre des bâtiments puis contre des hommes, de la peur à l’agressivité et à la violence extrême…. Comment le mal est dans le quotidien, comment dans des lieux ordinaires, comme cette Tuilerie des Milles, se prépare l’horreur extraordinaire d’Auschwitz. Rappelons-le, le Camp des Milles est le seul camp français intact, sur les 200 que la France comptait. Et il n’y a à ce jour d’aménagement pédagogique et culturel significatif sur aucun de ces camps… Comment comprendre, après 60 ans d’oubli, le temps mis encore à rassembler les moyens de ce futur haut lieu d’éducation civique, alors que le terreau du pire est toujours actif ?»
Isidore Aragones, a demandé au représentant de l’Etat, au nom du CRIF Marseille Provence qu’il préside et qui participe à toutes les réunions en tant que partenaire du projet, « d’accomplir la démarche que tout le monde attend pour que nous puissions boucler le budget d’investissement et de fonctionnement, démarrer les travaux et dans un très proche avenir, nous réunir dans ce site qui sera un lieu de rencontres, d’écoute, de réflexion et d’éducation.... J’en appelle à l’Etat, à son sens des responsabilités, je pense à ces propos forts qui ont été tenus par le Président Chirac lorsqu’il évoque ce besoin de mémoire, lorsqu’il pense à la responsabilité du Gouvernement de Vichy et lorsqu’il souligne la nécessité de réparer.»
Michel Vauzelle, Président du Conseil Régional PACA, M. Zeitoun, représentant le Conseil Général des Bouches du Rhône, et M. Susini, représentant la Ville d’Aix, ont insisté fortement sur l’engagement moral et financier de leurs institutions en faveur du projet. Monsieur Fauqueur, qui représentait l’Etat, a affirmé enfin que le projet est « sur le point d’aboutir ».
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