par Jeanne Bourdillon
Je vous l'avoue, je suis tombée, ce mercredi soir, devant mon poste de télévision, sous le charme d'un monsieur d'un certain âge. C'était pourtant le moins connu de tous les invités de l'émission de Franz-Olivier Giesbert, " Culture et Dépendances ", dont le thème était " Comment peut-on être Français ".
Cet homme s'appelle Vartan Berberian, et il vient d'écrire un livre que je vous recommande à cause de mon coup de foudre : " Le Figuier de mon
père ", édition Anne Carrière.
Les autres invités étaient Xavier Darcos, Alain Finkielkraut, Chahdortt Djavann, Edwy Plenel et une des égéries des " Indigènes de la République ", Houria Bouteldja.
Qu'a bien pu dire Vartan Berberian pour me taper ainsi dans l'œil ? Fils de réfugié arménien, il a dit son amour et sa reconnaissance pour le pays qui l'a accueilli. Il a exprimé ce qu'il devait
à l'école de la République, grâce à laquelle le fils de famille modeste, dont les parents n'ont jamais pu apprendre le Français, a réussi ses études, grâce aux encouragements de son père, et aux
hussards de la République.
Il a raconté le message de son père : " Tu ne dois pas perdre l'Arménie de ton cœur, mais ton arménité, cela est privé, tu ne dois jamais la mettre en avant pour te
marginaliser. "
Cet homme, aujourd'hui âgé d'une soixantaine d'années, dégage une grande sagesse, une grande bonté, ce qui ne l'empêche pas de ne pas accepter le discours communautariste qu'il a entendu toute la
soirée chez certains intervenants. Il a repris de volée de première Edwy Plenel et surtout Houria Bouteldja, sur l'importance de la nationalité : " Moi qui suis fils d'Arménien, j'ai choisi
d'être Français, je n'aurai jamais accepté la double nationalité, une nationalité, cela ne se partage pas. Je vous plains, madame, de ne pas comprendre cela ".
Bien évidemment, le débat s'est cristallisé en deux camps, les républicains, avec, outre Vartan, Chahdortt Djavann et Alain Finkielkraut. Chahdortt sut remettre à sa place ceux qui osent dire que la France est un pays raciste. " Les Français et les étrangers touchent les mêmes allocations familiales, le même RMI. J'ai fait le choix de venir en France, parce que j'aime ce pays, et j'y ai découvert ce qu'était la liberté pour une femme, moi qui venais de l'Iran des ayatollah. Il y a bien plus de racisme dans les pays d'où je viens, je sais de quoi je parle, vous devriez voyager un peu plus " s'emporta-t-elle, traitant Edwy Plenel de démagogue.
Inutile de consacrer trop de lignes à ce personnage, qui, tellement parano, est toujours convaincu qu'il a quitté la direction du Monde suite à un complot des forces réactionnaires. Nous n'oublions pas que c'est sous sa direction que Ternisien a couvert l'offensive islamiste contre la République, et calomnié les laïques. Bien sûr, Plenel n'a vu dans les émeutes de banlieue qu'une révolte sociale, et fait le parallèle avec mai 68. Il m'a fait éclater de rire quand il a décrit le discours des " Indigènes de la République ", et de la démonstrative Bouteldja, comme une colère d'amour adressée à la France (authentique). Toujours autant imbus de lui-même, il nous fit bien sur le coup de la France moderne, pour mieux nous vendre le multiculturalisme.
Bravo Chahdortt de l'avoir traité de démagogue, et bravo à Alain Finkielkraut d'avoir répondu point par point au discours de Plenel (que je trouve
insupportable).
Alain Finkielkraut sut contre-attaquer, avec ses mots, ses indignations, son discours républicain, parfois aussi quelques contradictions, face à cette bouillie communautariste qu'on a subie toute
la soirée, et j'avoue que je l'ai applaudi quelques fois devant ma télévision.
Je continuerai ce récit par le cas de la jeune Houria Bouteldja. Les " Amis de Respublica " la connaissent bien, puisque c'est cette jeune femme qui, en septembre 2003, traita, lors d'une de nos premières réunions publiques, notre camarade Pascal Hilout, musulman pratiquant laïque, de " bougnoule de service ", se faisant critiquer durement par ses chefs en fin de réunion pour sa maladresse. Je suis habituée à ses interventions et à ses provocations dans tous les lieux où je l'ai vue intervenir. Elle s'était composée hier le masque de la fille d'immigrée revancharde, venue demander des comptes aux enfants de Jules Ferry. Grotesque !
Nous eûmes droit naturellement à ses élucubrations sur la loi contre les signes religieux à l'école, et à sa profonde méconnaissance de ce qu'est la laïcité en France.
Son agressivité lui permet de masquer la pauvreté d'un discours limité. Quand Elisabeth Levy lui demanda : " Mais êtes-vous au moins capable, Houria, de trouver une seule qualité à la France, et à la République ? ", elle fut incapable de répondre, et se réfugia dans des vociférations à la limite du ridicule. Cette femme a surtout un problème : elle ne peut prononcer le mot République, ou laïcité, sans qu'une crispation spectaculaire ne déforme sa bouche, ce qui n'a pas pardonné, hier soir, les gros plans se montrant impitoyables face à ce genre de tique.
J'avoue que dans un premier temps, j'ai rouspété après sa présence, peu après la venue du pathétique Laurent Levy à cette émission. Avec le recul, je pense que Giesbert a raison de les inviter, car de tels porte-parole sont tellement caricaturaux que seuls les petits-bourgeois gauchistes culpabilisés peuvent tomber dans le piège de leur dialectique haineuse.
En attendant, je vais acheter le livre de Vartan Berberian, et je vous invite à en faire autant.
par Jeanne Bourdillon
Vu sur le site de RESPUBLICA
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