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Le Blog des Spiritualités

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Sarkozy et la "laïcité positive".

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 23 Décembre 2007, 00:50am

Catégories : #Laïcité

Nombre d’observateurs ont été pour le moins surpris des propos de Nicolas Sarkozy en terre Vaticane appelant à l'avènement d'une "laïcité positive" qui sache "veiller à la liberté de pensée", mais qui "assume également les racines chrétiennes" de la France.
Mais aussi une laïcité qualifiée par lui d’«épuisée » et «guettée par le fanatisme».

SarkoPape2.jpgLe président de la République venait d’être intronisé dans l’après-midi «unique chanoine honoraire» de Saint-Jean-de-Latran, un titre conféré à tous les chefs d'Etat français depuis Henri IV.  Pour mémoire, Saint Jean de Latran est la cathédrale de Rome, c'est le premier sanctuaire dédié au Christ par Constantin l'empereur qui fit de la religion chrétienne la religion de l’Empire romain en 312.

Ce titre remonte à l’époque où la France était la «fille aînée de l’Eglise» (catholique) délivré pour la première fois à un roi qui venait d’abjurer sa foi réformée.
Il est à noter que sous la 5ème  République, ni Georges Pompidou, ni François Mitterrand n’ont souhaité aller chercher ce titre inhérent à leur fonction mais qui marque surtout leur soumission à une puissance étrangère.

Je voudrais essayer d’expliquer pourquoi les propos du président ont pu choquer.
 
Tout d’abord parce qu’il s’exprimait depuis le Vatican. Nicolas Sarkozy a tout loisir de parler de laïcité, en des termes qui lui appartiennent. Pour autant, il n’est pas forcé d’en parler depuis les terres vaticanes, siège de l’Eglise catholique apostolique et romaine.
Nicolas Sarkozy a le sens de la symbolique. Celle qu’il nous envoie ici est celle d’un retour à une soumission du pouvoir à l’église catholique. Et ça, ce n’est pas acceptable.
 
Ce n’est pas la première fois que le président essaie de s’en prendre à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, celle qui fonde la laïcité à la française et qui est le socle de notre pacte républicain.
 
Rappelons en les deux premiers articles :
° art. 1 : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
° art. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
 
Ce sont ces deux conditions, liberté de conscience, garantie du libre exercice des cultes, qui fait que l’Etat est indépendant de tous les cultes qu’il a la charge de garantir sur le territoire de la République.
 
Il faut tout de même se souvenir que cette loi n’est pas venue ex nihilo. Elle vient achever plus d’un siècle de combat acharné entre les républicains pour se défaire de la tutelle de l’Eglise catholique. Celle-ci est ramenée dans la sphère privée. Il faudra attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour que l’Eglise catholique (si compromise avec le régime de Vichy, malgré quelques exemples très minoritaires de religieux résistants) accepte enfin ce pacte qu’elle avait très durement combattu jusqu’alors.
 
C’est ce conflit que le président Sarkozy risque de réveiller. Peut-être pour faire oublier d’autres soucis bien plus actuels en faisant diversion sur ce sujet si sensible…
 
Car il confond très volontairement plusieurs niveaux, historique, spirituel, politique, religieux.
 
Nous pouvons parler très sereinement des « racines chrétiennes de la France ». Mais alors il faut en parler sous tous ses aspects et expliquer pourquoi cette relation entre l’Etat et l’Eglise a amené à la « laïcité à la française ».
 
Sur le plan historique, comment nier que la France a été fortement imprégnée de culture chrétienne ? Il suffit de se promener dans nos villes et dans nos villages pour admirer nos églises et cathédrales, basiliques et couvents divers. Je suis de ceux qui déplorent d’ailleurs que les jeunes – et les moins jeunes ! - soient bien souvent ignorants, d’un point de vue historique, de ce que représentent ces monuments et ne comprennent pas ce qu’ils voient.
 
Mais le problème est ailleurs. Lorsqu’on parle de christianisme en France comme parle Nicolas Sarkozy, on pense immédiatement à « catholique ». D’ailleurs le fait d’en parler devant le Pape confirme bien cette impression.
 
Republique.jpgOr c’est fait l’impasse historique sur les christianismes français écrasés par l’Eglises catholique. C’est fait fi des mouvements dits « hérétiques » (du point de vue de l’Eglise catholique) du Moyen-Âge, comme le mouvement Cathare sauvagement réprimé et passer à pertes et profits la Réforme qui gagne le royaume de France dès le 16ème siècle.
 
Cela donnera les guerres de Religions si meurtrières, la Révocation de l’Edit de Nantes sous Louis XIV et la traque et l’exil des Huguenots français.
 
Cela explique pourquoi la relation Etat/Religion et Citoyens/Religion est très différentes selon les pays restés sous le joug du catholicisme et ceux gagnés par la Réforme.
 
Un grand pays démocratique comme les Etats-Unis (ou règne pourtant une stricte séparation entre l’Eglise et l’Etat) n’a pas connu de querelle religieuse et celle-ci est très présente dans la société. Elle est souvent perçue comme libératrice et émancipatrice : pensons au pasteur Martin Luther-King….
 
Point de querelle religieuse non plus dans l’Angleterre anglicane depuis la fin du 17ème siècle. Pas plus que dans l’Ecosse presbytérienne, la Suisse calviniste ou les pays nordiques. La forme démocratique de l’organisation religieuse à précédé ou accompagné les changements politiques. Point de conflit alors entre les puissances spirituelles et temporelles.
 
Il en a été autrement dans les pays catholiques comme la France, l’Italie ou l’Espagne. Il a fallu alors des siècles de luttes pour se défaire du cléricalisme et de l’obscurantisme imposés par la hiérarchie catholique.
 
Il a fallu le siècle des Lumières, les Philosophes, la Révolution et toute l’action des républicains depuis le milieu du 19ème siècle pour arriver à mettre à bas l’hégémonie catholique. Autant de combats laissent forcément des traces, des plaies qu’il convient de ne pas rouvrir.
 
C’est à cet inconscient là que le président Sarkozy parle. A son électorat le plus réactionnaire qui voudrait bien voir revenir le bon temps de l’union entre le sabre et le goupillon. Et ce n’est pas non plus sans signification si Nicolas Sarkozy le fait devant le Pape le plus réactionnaire depuis bien longtemps.
 
Je ne mets évidemment pas sur le même plan des arguments développés par des chercheurs comme Jean Baubérot qui, très sincèrement et avec des arguments que l’on peut entendre même si on ne les partage pas, voudraient une évolution de la loi de 1905.
 
Non, Sarkozy parle à la France de la réaction. A une France qui a des relents et des pulsions vichystes. A la vieille France anti-Lumières, anti-révolutionnaire, anti-Mai 68. A une France frileuse, repliée sur elle-même, ignorante de ses vraies valeurs et du génie français.
 
A cette France qui s’est battue tout au long de son histoire, pour les droits de l’Homme et du Citoyen, pour les droits des protestants, pour les droits des juifs, pour les droits des noirs et l’abolition de l’esclavage, pour Dreyfus contre la droite cléricale et antisémite, pour les droits des ouvriers, pour les droits des femmes, pour la fin du colonialisme, pour la libération des mœurs, pour choisir comment mourir.
 
Peut-être même Sarkozy n’a-t-il pas conscience de la portée de ses actes et de ses paroles…
 
Peut-être faut il tout simplement y voir un nouveau révélateur de ce qu’est réellement et fondamentalement Nicolas Sarkozy ; Un réactionnaire.

Pour aller plus loin :

° Le
texte intégral de la loi du 9 décembre 1905 (sur ce blog).

° Un
article de Jean Baubérot (sur ce blog).

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A
j'ai trouvé cette pétition pour la déstitution de sarko, j'ai signé et je vous invite a signé www.antisarkozysme.com
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G
Je souhaiterais que le pasteur Alain Houziaux nous dise ce qu'il entend par "peuple juif". Une race? une ethnie? Qui vaut pour le grand russe blond aux yeux bleus et au teint clair, pour le petit nord africain brun et frisé au teint mat, pour les Falavas couleur d'ébène?On n'est juif que par appartenance à la religion israélite. Un juif athée, ça n'existe pas. On ne peut parler dans ce cas que de son origine juive, éventuellement de sa culture juive.Comme "peuple", on peut citer le peuple israélien, comme on le fait du peuple  français; italien etc.. mais pas du "peuple juif", pas plus qu'on ne le fait du "peuple protestant" par exemple.GaspardGaspard
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C
Je vous recommande, sur ce thème, l'article de synthèse paru sur le site du collectif "J'ai pas voté Sarko", à l'adresse http://jaipasvotesarko.over-blog.fr
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H
La laïcité est l'un des piliers de la République (d'après les cours d'éducation civique). J'en suis aussi convaincue à titre personnel.Ces derniers temps en Ftance la laïcité est de plus en plus mise à mal. Je suis heureuse qu'il y ait au moins une voix pour s'élever et la défendre.
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