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Le Blog des Spiritualités

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L'école face au passé "sensible"

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 26 Décembre 2005, 22:56pm

Catégories : #Société

L’éducation nationale a consacré récemment un premier séminaire à l’enseignement des «questions sensibles», de la Shoah à la colonisation. Entretien avec Laurent Wirth, inspecteur général d’histoire et géographie à l’éducation nationale et coordinateur du séminaire.

: Quelles sont ces « questions sensibles » auxquelles le monde scolaire serait de plus en plus exposé ?

Laurent Wirth : Précisons que l’existence de « questions sensibles » n’est pas un phénomène nouveau. Le grand historien Marc Bloch arrivant à Béziers, la veille de la guerre de 1914, pour son premier poste, s’était vu mis en garde par le directeur du lycée : surtout, ne pas parler de religion ! Aujourd’hui, ces questions qui peuvent poser des problèmes aux enseignants dans leurs classes concernent la Shoah, le fait religieux, les problèmes du Proche-Orient, la politique étrangère américaine ou encore la décolonisation et la guerre d’Algérie. Nombre de pays voisins sont aussi concernés par la réflexion sur l’enseignement de la Shoah. Disons que chez nous, les débats sur notre passé prennent plus d’ampleur qu’ailleurs car l’histoire est une passion française.

Certains livres récents et même un rapport de l’éducation nationale semblent démontrer qu’il n’est plus possible d’enseigner paisiblement la Shoah à l’école. Votre séminaire a-t-il confirmé ce diagnostic ?

Des difficultés liées à l’enseignement de la Shoah existent bien mais elles se concentrent sur certains établissements. Des incidents lors de voyages d’élèves à Auschwitz l’an dernier ont été largement relatés dans la presse. Ces problèmes condamnables demeurent toutefois marginaux. Des associations et groupements de la mémoire participaient à nos travaux.

Plus que jamais, ils sont partie prenante de cet effort de sensibilisation par les témoignages de rescapés des camps, les voyages ou la diffusion de films. Nous constatons que des dérapages interviennent quand des initiatives de sensibilisation ont été mal préparées ou mal cadrées par un travail de l’équipe enseignante. Le témoignage est le plus beau matériau de l’histoire.

Mais la mission d’enseignement de l’histoire consiste précisément à accomplir un travail à partir des mémoires restituées. C’est une démarche rationnelle et explicative. C’est sur ce point que doit aujourd’hui porter l’effort de l’éducation nationale. Mais ni les témoignages de rescapés ni les voyages à Auschwitz ne sauraient être remis en cause par des incidents qui, je le répète, restent marginaux.

Comment expliquez-vous que l’école se trouve régulièrement au centre des débats sur ces sujets sensibles ?

Chaque fois qu’une polémique surgit dans les médias, la société se retourne vers l’école. Au moment du procès Papon, on a mis en cause l’enseignement de la France de Vichy. Au moment de l’affaire Aussares, en 2003, on nous a dit : «Pourquoi l’école n’enseigne pas la guerre d’Algérie ?» On semble toujours ignorer ce que l’école fait déjà. La guerre d’Algérie a été introduite dans les programmes de 3e en 1969 et dans ceux de terminale en 1980 !

La dernière polémique en date sur les programmes concerne la question de l’esclavage.

Sur ce dernier point, je reconnais que la situation est différente. La question de l’esclavage n’est pas inscrite assez explicitement dans les programmes au collège et au lycée. En revanche, dans les DOM-TOM, les programmes sont adaptés pour accorder davantage d’importance à cette question.

Lors de notre séminaire, l’idée a été exprimée qu’il peut être dangereux de mettre l’accent sur ces chapitres seulement dans les DOM-TOM car on risque de les enfermer dans leur identité. Les programmes scolaires, ceux d’histoire, au collège, datent du milieu des années 1990 et vont être bientôt révisés. Ce pourrait être là l’occasion de parler de la question de l’esclavage plus explicitement.

Recueilli par Bernard GORCE

Source : La Croix

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