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Le Blog des Spiritualités

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"Nous ne reprochons rien à la loi de 1905

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 9 Décembre 2005, 17:00pm

Catégories : #Protestantisme

par Jean-Arnold de Clermont, pasteur et président de la Fédération protestante de France.

Vous faites partie des cultes qui réclament un "toilettage" de la loi de 1905. Que lui reprochez-vous ?

- On ne lui reproche rien. Nous pointons simplement certains problèmes en rapport avec son application dans la vie concrète. Les relations entre la loi de 1905 et la loi de 1901 (NDLR : portant sur la création d'une association sans but lucratif) sont très étroites. Trop. Elles se retrouvent parfois en complète contradiction. Si, en tant que croyant, on veut mettre en place une action sociale ou culturelle, il faut se tourner vers la loi de 1901. C'est très bien mais il n'existe aucune passerelle entre les deux lois, notamment au point de vue financier. Dans la pratique d'une foi chrétienne, l'engagement social va de pair avec l'exercice de son culte. Or c'est impossible aujourd'hui. Il faut des solutions réglementaires.
Deuxième problématique: les responsables politiques. De nombreuses communautés cherchent à construire leur propre lieu de culte. Leur financement est un vrai problème. Nous ne demandons surtout pas une modification de la loi de 1905 qui écarte tout financement public.

Nous constatons au quotidien que si une église évangélique veut réutiliser un local commercial ou autre en un lieu de culte, elle ne reçoit aucun soutien des collectivités publiques. Elles leur barrent même les démarches au prétexte d'une vague peur des sectes. Dans ces cas-là, les collectivités publiques sortent de la loi de 1905 qui stipule que "la République assure la liberté de conscience" et qu'elle "garantit le libre exercice des cultes". La situation est la même pour les mosquées. Musulmans et protestants sont côte à côte pour faire prendre conscience que les collectivités publiques doivent assurer la liberté de culte.

Justement, vous affirmez que vous êtes "discriminés". En termes pratiques, en quoi la loi de 1905 interfère dans l'exercice du culte protestant ?

- Nous n'avons pas de subvention, et nous n'en demandons pas. Nous ne voulons pas jouer sur le misérabilisme. Si une communauté n'a pas les moyens de construire, d'acheter, un lieu de culte alors elle n'est pas une vraie communauté. Ni les protestants, ni les musulmans ne jouons sur ce plan-là. Nous réclamons juste le droit à un lieu correct, sans luxe excessif.
Nous sommes discriminés dans la mesure où il persiste des a priori anti-secte à l'égard des évangélistes. Comme il existe des a priori anti-terroristes ou anti-islamistes à l'égard des musulmans. Vieux cultes comme nouveaux cultes, tous doivent être égaux.

Quels sont les liens historiques entre le protestantisme et la laïcité ?

- Mise à part la période entre l'Edit de Nantes et sa révocation (1598-1685), le protestantisme a toujours été considéré comme une atteinte au monopole de l'Eglise catholique. Et donc au roi et au pouvoir en place. A partir de la révocation de l'Edit, le protestantisme, comme le judaïsme, ont été totalement exclus. Et ce jusqu'à l'Edit de Tolérance de 1787. Tolérance: ceci explique bien la situation. On tolère les protestants parce qu'ils sont là et qu'on n'a pas le choix. La Révolution et le Concordat permettent par la suite au protestantisme d'entrer dans la légalité.
Mais les faiblesses de la reconnaissance politique persistent. Seuls les cultes luthérien et réformé sont tolérés et organisés. Les protestants se sont mis tôt du côté de la République et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Ils y ont vu enfin la possibilité d'exercer librement leur culte et de permettre l'égalité entre tous les cultes protestants.

Propos recueillis par Séverine De Smet

Source : Le Nouvel Observateur

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