Un rapport remis au gouvernement pointe le manque d'engagement pouvoirs publics en matière d'alcoolisme
Rendu public jeudi, ce rapport rédigé par le journaliste, fondateur et directeur de l'agence de télévision Capa, Hervé Chabalier, qui fut lui-même touché par cette maladie, évoque 5 millions de consommateurs abusifs.
Selon lui, parmi eux, 2 millions sont dépendants de cette "drogue" qui est aussi "la première cause de mortalité des jeunes".
L'alcool tue directement, selon les experts, 23.000 personnes par an, et est impliqué dans 45.000 décès si l'on prend en compte d'autres éléments comme la violence ou les accidents.
L'alcoolisation est impliquée dans 10 à 20% des accidents du travail et à l'origine de 2.700 morts sur la route par an.
"L'alcool, c'est aussi un fardeau financier pour la collectivité supérieur à celui du tabac et des stupéfiants réunis: 1,42% du PIB soit 17,53 milliards d'euros contre 0,8% pour le tabac et 0,16% pour les stupéfiants", écrit-il.
La diminution progressive de la consommation d'alcool depuis les années 60 a été suivie d'une diminution proportionnelle et significative de la mortalité par cirrhose et par cancer (bouche, oesophage...).
L'auteur dénonce la faiblesse de la prise en charge des personnes ayant des problèmes avec l'alcool : des hôpitaux dépourvus d'équipe spécialisée alors qu'ils ont un service pour soigner le foie malade.
A Paris et en Ile-de-France, il existe 245 lits d'alcoologie, représentant 5.260 hospitalisations possibles, pour un peu plus de 550.000 malades alcooliques.
Ce énième rapport sur l'alcool, moins académique dans la forme que les précédents, brocarde l'Etat dont l'engagement fait défaut et au passage des initiatives "pousse au crime" de certains parlementaires en faveur du vin de terroir.
L'ordonnance d'Hervé Chabalier comprend 9 recommandations. En premier lieu, "faire de la lutte contre l'alcoolisme une grande cause nationale" et "admettre que l'alcool n'est pas un produit ordinaire: c'est une drogue".
"Reconnaître l'alcoolisme comme une maladie progressive" sans attendre ses stades extrêmes (cirrhose, greffe du foie). "Lutter contre le déni: grâce à des médecins qui veillent, des conseillers qui détectent, des groupes d'anciens buveurs qui interviennent" et "associer l'éducation à la sanction".
En plus de l'aide aux proches, du rôle de l'entreprise dans la prévention, il préconise de "décider urgemment des mesures spécifiques à destination des jeunes".
Source : France 2.
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