Le protestantisme est une religion d’Etat. Divisé en cultes nombreux, il n’a pas parmi le monde cette suprématie sur les âmes que l’Eglise doit à son unité. Pour pouvoir se retrancher astucieusement derrière la complicité de cette dernière, des rois ont voulu lui imposer une déviation conforme à leurs intérêts et contraire à son caractère œcuménique. L’éclosion de l’anglicanisme en Angleterre et du gallicanisme en France est, à l’honneur de l’Eglise, un témoignage de son insoumission.
Je n’ignore pas que les dragonnades de la Révocation de l’Edit de Nantes ne furent pas approuvées par vos prédécesseurs. Vos appels à la miséricorde se sont souvent heurtés aux excès de pouvoir des despotes. Et jusqu’au Moyen Age, et Moyen Age compris, c’est vers le Vatican que se tournait la détresse des opprimés, en appelant de l’injustice des ministres de la Terre à la justice du ministre du Ciel. Seulement peut être avez-vous été trop orgueilleux?
Je ne vous en fais pas reproche. Le manque de souplesse, s’il constitue une faute en politique, et témoigne parfois d’une étroitesse d’esprit, peut être aussi l’indice d’une âme hautement vertueuse.
Le protestantisme en Allemagne a vengé l’humiliation de Barberousse. Et sans Boniface VIII se proclamant le César des Césars, Philippe le Bel n’aurait pas réuni les Etats Généraux du royaume, par quoi s’est trouvée lézardée l’alliance, jusqu’alors étroite, de l‘Eglise romaine et de la monarchie française.
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Prenons garde toutefois de nous insurger contre cette idée d’une religion d’Etat, ou mieux (pour enlever à ce dernier mot son acception habituelle) d’une spiritualité commune.
C’est à la faillite de cette idée que certaines nations occidentales doivent de se débattre aujourd’hui dans un infernal gâchis. Le jour où les païens osèrent blasphémer les dieux de la Cité marque l’agonie de la société antique.
Il s’agit ici de philosopher, c’est - à - dire de rechercher la vérité en faisant litière de nos sentiments et sans redouter les interprétations fâcheuses qui concluraient à une palinodie. Quand, dans son fameux discours pour la Paix prononcé en novembre 1936, le président Roosevelt affirme « La démocratie ne peut vivre et se renforcer que si elle continue d’être fondée sur la foi chrétienne », il constate pour la cohésion d’un peuple l’impérieuse nécessité d’une mystique.
Ses paroles ne constituent pas un prêche en faveur d’une religion particulière. Il ne se fait le propagandiste d’aucun culte. La foi chrétienne qu’il préconise n’est pas une foi surnaturelle, mais une foi humaine.
L’homme ne doit pas être, selon la terrible expression latine, un loup pour l’homme, mais, selon le conseil évangélique, un frère.
Et, entre parenthèses, c’est peut-être parce que cette foi s’est effritée dans les cœurs français que les jurys acquittent si facilement les crimes contre la personne, alors que la justice anglo-saxonne, fidèle au concept de l’inviolabilité de la vie, demeure rebelle à l’absolution. Elle observe la limite où s’arrête le pardon chrétien.
Si des démocraties comme l’Amérique et la Suisse semblent indestructibles, tellement que l’idée de leur confiscation par une dictature ne peut même pas être envisagée, c’est parce que le Spirituel n’y est point discuté. Même leurs maçonneries demeurent sur ce point d’un loyalisme intransigeant.
Albert Lantoine
Extrait du livre "Lettre au Souverain Pontife", d'Albert Lantoine (1869-1849).
Préface d'Oswald Wirth.
Pages 37 à 41.
Publié à Paris aux Editions du Symbolisme en 1937.
Extrait tiré de l'édition originale de 1937
"Lettre au Souverain Pontife", d'Albert Lantoine. - Bloc notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités
Je voudrais aujourd'hui vous parler d'un livre qui date de... 1937. La " Lettre au Souverain Pontife " d'Albert LANTOINE. Albert Lantoine (1869-1949) fut membre de la Grande Loge et du Suprême ...
La Lettre au Souverain Pontife d'Albert Lantoine
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Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
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« Jurez-vous, de plus, d’obéir fidèlement aux chefs de notre Ordre, en ce qu’ils vous commanderont de conforme et non contraire à nos lois ? » (Extrait du Serment prêté par chaque franc-maçon lors de son initiation).
Jean-Laurent Turbet
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