L'hebdomadaire protestant Réforme fait cette semaine sa Une sur le
sujet "Francs-maçons et protestants". 3 pages en dossier central sont consacrées à ce thème.
Le premier article de Frédérick Casadesus fait le point sur les relations entre protestants et francs-maçons : "Mais deux événements ont créé les conditions d’un rapprochement décisif : d’une
part la papauté a condamné en 1738 un mouvement qu’elle considérait comme sacrilège, d’autre part nombre de pasteurs revenant en France à partir de 1760 étaient francs-maçons. « Formés à Lausanne
par le fils d’Antoine Court, initiés en maçonnerie en Suisse, ils ont contribué à l’implantation de la franc-maçonnerie languedocienne, rappelle l’historien Patrick Cabanel. Par la suite, au XIXe
siècle, les protestants français, comme les juifs, ont beaucoup fréquenté les loges parce qu’elles constituaient l’un des rares réseaux de sociabilité ou de notabilité qui n’étaient pas dirigés
par des catholiques. » En retour, les catholiques ont réuni dans une même détestation les protestants, les juifs et les francs-maçons."
Rapprochement oui, mais l'affairisme développé dans les années 80-90 notamment dans une obédience qui continue de faire parler d'elle aujourd'hui a fait que des liens se sont
distendus. «Mais quand les francs-maçons donnent le sentiment de se faire la courte échelle et qu’ils laissent se développer la corruption dans certaines régions de France ou en
Afrique, je trouve cela totalement inadmissible» déclare Jean-Arnold de Clermont, ancien président de la Fédération protestante de France. Le "ménage" fait dans les obédiences
traditionnelles de la maçonnerie française a permis de reprendre le contact : "Cela suffit-il à renouer des liens ? Michel Miaille le pense : « Quand je fais des conférences dans
les paroisses, beaucoup découvrent les liens entre le protestantisme français et la franc-maçonnerie. Je leur dit que nous ne constituons pas une Église parallèle et que nous sommes une
entreprise d’humanisme et de solidarité, je rencontre un écho favorable. » Presque fraternel".
Nous pouvons lire aussi une interview de Pierre Lambicchi, Grand-Maître du Grand Orient de France, qui parle pour la première fois de sa foi protestante. "J’ai retrouvé dans
la méthode maçonnique ce que m’avait donné mon éducation protestante, l’école du dimanche, les Éclaireurs Unionistes ou bien les mouvements européens de jeunesse auxquels j’ai participé,
c’est-à-dire la lecture des textes, leur exégèse et un certain humanisme. J’y ai retrouvé aussi le libre examen de conscience. La démocratie telle que la pratique l’Église réformée, l’absence
d’intercession entre la spiritualité et le texte constitue un autre point de rencontre fondamental. Même en montant les grades de la maçonnerie, je me suis senti dans un univers familier. Cela ne
doit d’ailleurs pas nous étonner : le calvinisme a été un phénomène important dans le développement de la franc-maçonnerie. Ainsi, dans les textes fondateurs de notre obédience, il est dit qu’il
est impératif d’entretenir un rapport avec Dieu, ce qui se réfère à une conception protestante de la foi. Ce qui compte, c’est le rapport que chacun entretient avec Lui".
Dans un article intitulé "Mal aimés chez Goethe", Déborah Berlioz, correspondance de Réforme à Berlin étudie la Franc-Maçonnerie en Allemagne. "Frédéric II, futur prince de Prusse,
aurait été initié par cette même loge dès 1738. L’ordre bénéficiera ainsi de la bienveillance des puissants, mais aussi des intellectuels, comme Goethe. Un épanouissement qui ne cessera qu’en
1932. À cette date l’État germanique compte 82 000 francs-maçons regroupés dans 632 loges"... L'arrivée au pouvoir des nazis sonne le glas de la Franc-Maçonnerie. "Après la chute
d’Hitler, la franc-maçonnerie germanique renaît de ses cendres. En 1949, les principales grandes loges du pays se regroupent dans une même association : « Les grandes loges unies
d’Allemagne ». Mais la convalescence est rude, surtout que pour les Soviétiques la franc-maçonnerie supposerait une « collaboration des classes ». Elle sera donc interdite en
Allemagne de l’Est jusqu’à la chute du Mur en 1990".
Je vous invite donc a vous procurer rapidement le dernier numéro de Réforme qui, en outre, est un hebdomadaire de grande qualité. Une bonne occasion pour celles et ceux
qui ne le connaissent pas de le découvrir!
° Pour aller plus loin :
° Le site de l'hebdomadaire
Réforme.
° Protestantisme et Franc-Maçonnerie, sur ce site.
° Entretien avec le pasteur Jean-Luc Rojas, sur la Franc-Maçonnerie, pour le magazine suisse protestant Bonne Nouvelle. , sur ce site.
° Mon intervention au colloque de Theolib du 21 mars 2009, sur ce
site.
° "Libre pensée et protestantisme libéral", colloque de
Theolib., sur ce site.
° Le lien maçonnique des dirigeants protestants espagnols
(1868-1939)., sur ce site.
° Chronologie du Protestantisme & de la
Réforme.,sur ce
site.
° Chronologie maçonnique 2ème partie : de 1717 à 1812, sur ce site.
° La Réforme et ses aventures spirituelles, sur ce
site.
° A lire en complément :
° Le protestantisme & la
Franc-Maçonnerie
de Luc Néfontaire
Editions Labor & Fides
Publié en 2000
N°ISBN 2830909674
Prix : 9,15€
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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