Les obédiences maçonniques ne font plus, de nos jours, obstacle à l'initiation de membres appartenant à des églises et croyants.
Si certaines obédiences comme le Grand Orient de France ont toujours une tradition très laïque, d'autres comme la Grande Loge de France sont de tradition spiritualiste. Une obédience, la Grande Loge Nationale Française, fait même obligation à ses membres de croire en l'existence d'un Dieu révélé.
De ce côté là les choses sont claires. La double appartenance est pour le moins tolérée sinon souhaitée voire encouragée!
J'apporte ici quelques éclairages concernant la position officielle de l'église catholique sur l'appartenance de ses fidèles à une obédience maçonnique.
Nous savons que l'église catholique a toujours été farouchement opposée à la Franc-Maçonnerie (cf la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat).
Je vous livre quelques citations bien évidemment non exhausttives :
Quo graviora, Léon XII (pape de 1823 à 1829) :
"Clément XII, Notre prédécesseur, ayant vu que la secte dite des francs-maçons, ou appelée d'un autre nom, acquérait chaque jour une nouvelle force, et ayant appris avec certitude, par de
nombreuses preuves, que cette secte était non seulement suspecte mais ouvertement ennemie de l'Église catholique, la condamna par une excellente constitution qui commence par ces mots : In
eminenti."
Mirari Vos, Grégoire XVI (pape de 1831 à 1846) :
"Abîme de malheurs sans fonds, qu'ont surtout creusé ces sociétés conspiratrices dans lesquelles les hérésies et les sectes ont, pour ainsi dire, vomi comme dans une espèce de sentine, tout
ce qu'il y a dans leur sein de licence, de sacrilège et de blasphème."
Humanum genus, Léon XIII (pape de 1878 à 1903) :
"Le but fondamental et l'esprit de la secte maçonnique avaient été mis en pleine lumière par la manifestation évidente de ses agissements, la connaissance de ses principes, l'exposition de
ses règles, de ses rites et de leurs commentaires auxquels, plus d'une fois, s'étaient ajoutés les témoignages de ses propres adeptes. En présence de ces faits, il était tout simple que ce Siège
apostolique dénonçât publiquement la secte des francs-maçons comme une association criminelle, non moins pernicieuse aux intérêts du christianisme qu'à ceux de la société civile. Il édicta donc
contre elle les peines les plus graves dont l'Église a coutume de frapper les coupables et interdit de s'y affilier."
Le Concile de Vatican II avait semblé marquer un net assouplissement dans la position de l'Eglise catholique en supprimant le canon 23-35 portant interdiction de la Franc-Maçonnerie.
Pourtant le Cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, devait en 1983, repréciser les choses. Je vous livre ici le texte que vous pouvez trouver sur le site du Vatican :
DÉCLARATION SUR L’INCOMPATIBILITÉ ENTRE L’APPARTENANCE À L’ÉGLISE ET LA FRANC-MAÇONNERIE
"On a demandé si le jugement de l’Eglise sur les associations
maçonniques était changé, étant donné que dans le nouveau Code de droit canonique il n’en est pas fait mention expresse, comme dans le Code antérieur.
Cette Congrégation est en mesure de répondre qu’une telle circonstance est due au critère adopté
dans la rédaction, qui a été suivi aussi pour d’autres associations également passées sous silence parce qu’elles sont inclues dans des catégories plus larges.
Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc
inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise.
Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion.
Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se
prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus, dans la ligne de la déclaration de cette
Congrégation du 17 février 1981 (cf. AAS 73, 1981, p. 240-241: DC 1981, n° 1805, p. 349. Voir aussi la déclaration de l’épiscopat allemand du 12 mai 1980, DC 1981, n° 1807, p.
444-448).
Le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans l’audience accordée
au cardinal préfet soussigné, a approuvé cette déclaration, qui avait été délibérée en réunion ordinaire de la Congrégation, et en a ordonné la publication.
A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 26 novembre 1983
Joseph, card.
RATZINGER, Préfet
+ Fr. Jérôme Hamer, O.P
"
De nombreux Evêques comme Mgr Brincart, Evêque du Puy-en-Velay sont d'ailleurs sur cette position. Vous pourrez lire son point de vu intitulé Catholique et Franc-Maçon?
Dans le même temps certains ecclésiastiques ont prôné le dialogue comme Monseigneur Thomas, alors Evêque de Versailles, qui a dialogué pratiquement dix ans avec des frères de la Grande Loge de France. Il a d'ailleurs été reçu, avec tous les honneurs, pour une conférence au sein de cette obédience. Avant lui le révérend-père Riquet avait aussi longuement dialogué avec des francs-maçons.
Mais la position doctrinale demeure dans son inflexibilité.
Et il est fort peu probable que le Cardinal Ratzinger, devenu Benoît XVI, revienne sur cette position.
La solution n'est donc pas à attendre du côté de la Franc-Maçonnerie, qui accueille tous les hommes, croyants ou non, mais du côté de l'église catholique, qui a peu évolué sur le sujet depuis trois siècles.
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