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Le Blog des Spiritualités

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Francs-maçons.com.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 22 Novembre 2006, 19:18pm

Catégories : #Franc-Maçonnerie

Vu sur le site du Nouvel Economiste :

Comment le Grand Orient de France tente de restaurer son image en appelant à la rescousse une agence de communication extérieure.

Par Emmanuel Lemieux

La star du moment dans la franc-maçonnerie est un « profane » (non franc-maçon) : Laurent Payet, ancien dir-com de Jean-Pierre Chevènement. Et qui vient d’organiser le lancement officiel de la pré-candidate à la présidentielle, Ségolène Royal, à Vitrolles.

Il a décroché le contrat de communication du Grand Orient de France (GODF). Mission : restaurer une image particulièrement dégradée.

Le 5 octobre, il organisait au siège, rue Cadet, un déjeuner de presse réunissant la présidence avec des journalistes notamment du Canard Enchaîné et de L’Express, deux titres qui se délectent entre tous des frasques de la prestigieuse obédience. « Oui, nous souffrons d’un déficit de communication vers l’extérieur, nous devons nous ouvrir beaucoup plus. On ne va tout de même pas solliciter la presse people », gronde le Grand Maître, l’avocat Jean-Michel Quillardet, pas encore bien rôdé dans son rôle de grand communicateur.

Une violente contestation du mode de gestion
Le GODF est fort de ses 47 000 adhérents qui le placent en première position des obédiences maçonniques d’Europe continentale, mais il est aussi frappé par une crise à la fois identitaire et intellectuelle.

Il se contorsionne entre la presse, ses dissidents et sans doute, plus périlleux, une superbe indifférence quant à ses réflexions et ses avis autorisés. Le GODF ne nourrit plus vraiment le logiciel républicain. Jean-Michel Quillardet, réélu haut la main lors du dernier convent (assemblée générale annuelle) en septembre, a essuyé des critiques virulentes ces derniers mois.

 Hugues Le Forestier, directeur du Caveau de la République, chef de file de la contestation, a publié chez un éditeur profane en juin dernier, un témoignage chamboule-tout* : trésorerie opaque, pratiques comptables douteuses, cotisation élitiste à 400 euros par an, structure centralisatrice et autoritaire, clientélisme et notabilisation, désarroi intellectuel et affaires corruptrices.

Le Forestier, secrétaire général en 2005 et président du Conseil de surveillance de la filiale immobilière du GODF, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, s’en prenait très explicitement à la présidence Quillardet.

 « La belle affaire ! Le Forestier nous reproche des comportements qui ont vécu sous d’anciennes présidences et que nous avons dû régler nous-mêmes, et par ailleurs, il dit sur la place publique ce qu’il ne dit jamais dans sa loge », enterre assez vite Daniel Morfouace, Grand Maître adjoint, et également professeur de philosophie à Lille.

Selon Hugues Le Forestier, qui a mis le nez dans la trésorerie, les cotisations représentent 5 millions d’euros, et le patrimoine du GODF est estimé à 80 millions d’euros. Même si le siège emploie 47 salariés permanents pour la maintenance d’un patrimoine immobilier important, acquis en son temps à la famille Grimaldi, et comptant pas moins de 17 temples rue Cadet, de nombreux services sont désormais externalisés. Comme ceux de la société Edimaf (Editions maçonniques de France) qui a englouti 1,3 million d’euros en cinq ans, par incompétence. Quelques pelletées de chaux sur le frère rebelle, conseiller de l’Ordre du GODF depuis mis à distance, et une opération vitrine ne font pas oublier les errements.

 Alain Bauer, ancien Grand Maître, et par ailleurs spécialiste de la sécurité et proche de Nicolas Sarkozy, s’était même déclaré en 2002 « partisan du ménage, mais de plus favorable à la “karchérisation”, en passant bien dans les coins, et une bonne fois pour toutes. »

L’interpellation publique de Le Forestier a sonné comme un défi. Pour Jean-Michel Quillardet, la difficulté franc-maçonne de communiquer résulte avant tout du fait que les conclusions restent ouvertes dans les multiples débats des loges, à l’instar de la fédération protestante. « Mais nous pouvons rendre publiques nos indications et nos orientations sur tel ou tel sujet, comme nous l’avons fait récemment sur les banlieues. »

Les « libres penseurs » en mal de médiatisation
Coïncidence : Ségolène Royal a décliné au dernier moment une invitation le 4 octobre au siège de la rue Cadet pour un grand oral en « tenue blanche ouverte ».

« Comme Nicolas Sarkozy d’ailleurs, son entourage a annulé pour cause de calendrier très chargé. Et on dit de nous que nous avons une influence occulte sur les politiques… », soupire le vice-Grand Maître.

Il y a de beaux restes. Un frère député UMP va bientôt poser la question à l’Assemblée nationale sur le fait que les libres penseurs n’ont pas droit à leur émission au même titre que les émissions religieuses. « Nous avons saisi Patrick de Carolis, président de France Télévisions, et le CSA, qui nous ont superbement ignorés », s’irrite Jean-Michel Quillardet.

Le GODF entend peser sur les débats de la campagne présidentielle 2007. Les 13 et 14 octobre, il consacre un colloque sur la République et les élections. Des politiques tels que Henri Caillavet, Henri Cuq, ministre délégué aux relations avec le Parlement, Roger-Gérard Schwartzenberg, député, ou encore Raymond Forni, ancien président de l’Assemblée nationale, les politologues et universitaires Dominique Reynié, Stéphane Rozès, Bastien François, Marie-Anne Cohendet ou Didier Maus débattront « dissidence électorale », ve République ou encore « démocratie de caste ».

Une nouvelle gouvernance
Un autre dossier revient sur le devant de la scène : la féminisation du GODF. « De nombreux frères y sont opposés, mais également des loges féminines et mixtes qui redoutent de perdre toute raison d’exister », tempère Daniel Morfouace.

Chantiers de réflexion sur la laïcité, colloques ouverts à tous, campagne pour le transfert des cendres de Jean Zay au Panthéon…

Derrière ce plan d’actions au calendrier soigné, Jean-Michel Quillardet entend faire briller les reliefs d’un mandat qui lui a été renouvelé massivement au dernier convent, malgré ses ennemis plus ou moins déclarés.

Subtilement, le Grand Maître fait évoluer la gouvernance de l’institution. Il a réussi à faire passer le principe d’un mandat de 3 ans non renouvelable, et non plus d’un an. « Je ne l’appliquerai pas à moi-même, que l’on se rassure, explique l’actuel responsable. La réélection annuelle du Grand Maître nous met à la fois dans une position d’électoralisme permanente de plus en plus intenable, et ne donne pas le temps d’exercer pleinement son mandat alors qu’il faut exécuter les décisions de son prédécesseur. »

Jean-Michel Quillardet ne nie pas que cela va donner un style très présidentiable à la GODF. « Le poste va être très convoité », sourit-il, gourmand.


Emmanuel Lemieux


* Frères à abattre, entretiens avec Philippe Lobjois, Nouveau Monde éditions.

© Le nouvel Economiste - n°1361 - Du 12 au 18 octobre 2006

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