Vu sur le site du Parisien :
Dans un rapport, le Grand Orient de France, principale obédience maçonnique, s'alerte du projet d'assouplissement de la loi de 1905 (séparation stricte des Eglises et de l'Etat). En ligne de mire : le financement public des activités et édifices religieux.
LES FRANCS-MAÇONS du Grand Orient de France, principale obédience maçonnique française, se déclarent aujourd'hui « profondément inquiets face aux graves atteintes portées contre la laïcité en France ». Dans un rapport élaboré par leur « commission pour le respect de la loi de 1905 et l'affirmation du principe de laïcité », ils jugent que « toute révision de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat serait inopportune et dangereuse ». Dans leur collimateur, un autre rapport commandé, celui-là, par le ministre de l'Intérieur à la commission dite Machelon, qui propose d'assouplir la fameuse loi de 1905.
Une « rupture » avec le principe républicain
Pour les frères du GO, il ne s'agit là que d'une manoeuvre destinée à « habiller juridiquement le retour à un régime concordataire » (organisant le financement par l'Etat des activités religieuses). Selon eux, « les véritables motivations de ceux qui veulent toiletter la loi de 1905 ne visent pas le financement des lieux de culte musulman mais, en fait, à instaurer un régime concordataire pour l'ensemble des Eglises et des religions, voire demain des sectes. » Or, la loi de 1905 et celle de 1901 sur les associations suffisent, selon les francs-maçons, à assurer le financement des cultes : « Les dispositions actuelles et les contributions des fidèles directes ou induites par des pratiques cultuelles comme l'abattage hallal ou le pèlerinage sont de nature à assurer des capacités financières suffisantes. »
Même si « l'exigence » de l'égalité de traitement entre tous les cultes n'est pas toujours respectée, au détriment des musulmans, les membres de la commission du Grand Orient estiment que cela ne saurait légitimer « le principe d'un financement public direct de la construction des mosquées ».
Au passage, l'obédience maçonnique juge nécessaire que « la plus grande vigilance soit exercée par les collectivités publiques dispensatrices de subventions pour éviter des flux non contrôlés entre les associations cultuelles et les associations culturelles et s'assurer l'usage qui en est fait ».
Pour les rapporteurs du GO, qui ont auditionné publiquement les 4 et 5 avril une vingtaine des personnalités politiques et syndicales (parmi lesquelles François Bayrou, Laurent Fabius, Jean Glavany ou encore Georges Sarre), l'objectif visé par Nicolas Sarkozy (qui, pas plus que Ségolène royal, n'a répondu positivement à l'invitation à débattre du GO) serait de déléguer une partie de l'ordre public aux communautés. Il s'agirait là, selon le GO, d'une véritable « rupture » avec le principe républicain de laïcité. Raison pour laquelle les rapporteurs concluent : « Loin de réformer la loi de 1905, il faut la faire vivre. La loi, toute la loi, rien que la loi. »
Article de Philippe Martinat dans Le Parisien , mardi 31 octobre 2006
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