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Le Blog des Spiritualités

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La figure de Jésus dans le judaïsme contemporain

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 9 Juin 2006, 11:43am

Catégories : #Judaïsme

Voici un article très intéressant de Joël Reymond, paru dans "Christianisme Aujourd'hui" et reprit sur le site Vox Deï :

Après des siècles d'antipathie pour la figure centrale du christianisme, les Juifs s'intéressent de près à Jésus, qu'ils voudraient bien «ramener à la maison»

«Avec le temps, la communauté juive, au fur et à mesure de sa renaissance, reconnaîtra la valeur de Jésus», avait annoncé en prophète le philosophe Martin Buber, le plus grand, quoique marginal, penseur du judaïsme moderne.

Pendant la majeure partie de l'histoire du christianisme, Jésus de Nazareth n'a pas eu de valeur religieuse pour le judaïsme. Ce désintérêt pour celui qui a été l'un des Juifs les plus marquants, sans doute le Juif le plus connu de l'Histoire, peut sembler incohérent au regard du XXIe siècle, mais il trahit la mesure du ressentiment de la communauté juive face au christianisme oppresseur et face à celui qui en était le principal étendard.

Or cette attitude a commencé à changer avec l'avènement du sionisme moderne, à la fin du XIXe siècle. Des figures comme Joseph Klausner ou Franz Rosenzweig ont été parmi les premiers à écrire sur Jésus. La période de l'après-guerre a été marquée par une floraison d'écrits, qui a connu un petit recul dès les années 80, d'après Arnold Fruchtenbaum. Aujourd'hui, l'intérêt pour la personne de Jésus et les thèmes messianiques en général n'aurait jamais été aussi fort dans la communauté juive, observe Josué Turnil, directeur parisien des Juifs pour Jésus. De l'antipathie, les historiens juifs sont passés à une vision favorable de Jésus.

Regard pluriel

Le regard du judaïsme moderne sur Jésus est pluriel, allant de théologiens rompus à l'historico-critique (comme Jacquot Grunewald dans "Shalom, Jésus" ou Armand Abécassis, auteur notamment "d’En vérité, je vous le dis", une lecture juive de l'Évangile de Matthieu) à des sympathisants comme le romancier Sholem Asch (qui publiait "Le Nazaréen" au début de la Seconde Guerre mondiale) ou, plus récemment, Shlomo Kalo ("Le jour vient", 2003) qui a mûri une foi messianique.

Mais le courant qui domine est celui qui veut réinterpréter Jésus à la lumière de la tradition juive et de la littérature rabbinique, en contestant ou en ignorant le manteau messianique dont l'Église l'a chargé, manière de le «rendre aux siens» (selon la formule de la compilation de Salomon Malka). À cette aune, Jésus apparaît comme un maître de morale judaïque, sans originalité exceptionnelle dans ses idées par rapport à la Torah et aux Prophètes. Yitz Greenberg, rabbin orthodoxe américain, est de ceux qui ont exhorté les Juifs pieux à cesser de voir Jésus comme un faux messie pour voir en lui un messie raté : une personne avec de sincères aspirations messianiques, mais que les circonstances ont empêché de concrétiser son œuvre.

Je ne crois pas en Jésus, mais je crois avec lui
Ressuscité, mais pas messie

Pour Albert Baumgarten, Jésus fut un réformateur qui a proposé une notion de sainteté fondée sur la liberté et non les obligations; pour Daniel Schwartz, une figure politique d'opposition à la domination romaine.

Plus originale, quoique marginale, la thèse de Pinchas Lapid ("Résurrection"), professeur de Nouveau Testament à Francfort, selon laquelle la résurrection physique de Jésus est un fait crédible au regard des éléments à disposition (les Évangiles), mais que cela ne fait pas de lui le Messie de Dieu pour autant.

Christianisme et judaïsme : vocations complémentaires

Le libéralisme théologique ne voit pas d'inconvénient à cette rejudaïsation de Jé­sus, pas plus d'ailleurs que les chrétiens israélisants, mais pour des raisons oppo­sées. Dans le même temps, le judaïsme a pu accepter l'idée que le christianisme soit, plus qu'un des avatars du judaïsme, l'un de ses rameaux et même que les deux traditions aient, dans le cœur de Dieu, des vocations complémentaires pour amener l'humanité à Dieu par l'entremise de la Torah.

Un domaine reste fort sensible: les relations avec les Juifs qui ont reconnu en Jésus leur messie, souvent considérés comme des traîtres, en particulier s'ils se lancent dans une activité mission­naire auprès de leur peuple. Toujours le contentieux historique.

Au cours de l'Histoire, c'est le ju­daïsme rabbinique qui s'est imposé, au détriment du judaïsme messianique (pas forcément chrétien). Mais les attentes messianiques refont périodiquement sur­face. Le rabbin Itzhak Kadoury, l'éminent cabbaliste décédé récemment, aurait livré sur son lit de mort des informations (co­dées) sur celui qui devrait être le messie. Menahem Schneerson, le guide spirituel des Loubavitch (un courant important du hassidisme) décédé il y a douze ans, a été acclamé comme messie par les siens, dont certains s'attendaient même à ce qu'il re­vînt à la vie.

En attendant l'illumination complète d'Israël dont Paul dévoile la perspective en Romains 11, le Juif pieux d'aujourd'hui est prêt à voir dans l'œuvre de Jésus une contribution majeure au développement du messianisme juif et à s'identifier à la parole de Martin Buber: «Je ne crois pas en Jésus, mais je crois avec lui

Joël REYMOND.

Source : Vox Deï

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S
<br /> Salut ! Permettez-moi de donner mon avis. A juste titre, les Juifs sont méfiants ou plutôt prudents. Pour l'ensemble des Rabbins, des Sages d'Israêl : Jésus ne saurait être Le Messie. Le Monde<br /> s'est-il véritablement amélioré après son passage ? Selon Maïmonide, il ne saurait répondre aux critères correspondant Au Messie. Au contraire Israêl n'a été que plus persécuté.<br /> <br /> L'Etat d'Israêl a certainement besoin d'alliés et pour une question de survie Les Juifs font des concessions. Ils n'ont pas le choix.<br /> <br /> Et puis, l'idée de Jésus Juif peut servir de "pont" pour que les non-Juifs se convertissent, qu'ils reconnaissent Le Peuple Juif comme élu (et non maudit et déchu). Pour les non-Juifs, il suffit<br /> d'observer les 7 Lois Noachides - de plus un non-Juif qui se conduit bien et qui étudie La Torah est considéré de la même façon que le Cohen Gadol, Le Grand Prêtre - il est particulièrement<br /> respecté.<br /> <br /> En ce qui me concerne, je considère l'Eglise Catholique comme idolâtre (du fait des statues, et du concept de La Trinité). Jésus ne saurait être, en tous les cas, fils de D.ieu, au sens littéral -<br /> cette expression désigne un "bon Juif" - Je suppose que Jésus était un Juif Messianique, un "illuminé". Nombreux sont d'ailleurs les Juifs qui s'égarent - au même titre que les Gentils.<br /> <br /> Le concept de Messie est fort peu clair dans La Tradition Juive : c'est si j'ose dire "la carotte qui fait avancer l'âne"... Le Judaïsme est-il une Religion - à mon avis il ressemble plutôt à une<br /> salle d'attente !<br /> <br /> Salut !<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Merci tout d'abord d'avoir en quelque sorte "réssucité" cet article que j'avais publié il y a plus de trois ans ! Je trouve normal que les juifs aujourd'hui recommence à penser la figure de Jésus<br /> (ou plutôt de Jeshua)... qui était totalement juif et qui a pensé toute sa théologie à l'intérieur d'Israël... Juif certes hétérodoxe, mais qu'il faut comprendre dans la diversité du judaïsme<br /> d'alors, d'avant la destruction du Temple en 70 et avant la reconstruction du judaïsme rabbinique d'essence pharisienne. D'ailleurs les romains ne s'y trompaient pas qui bel et bien crucifié un<br /> juif, celui dont ils disent même qu'il se prétend "le roi des juifs".<br /> Mais en parallèle comment comprendre à la fois le christianisme aujourd'hui sans penser le judaïsme et j'allais dire, sans se penser juif. Comme le rappelle le pasteur Alain Houziaux que je cite à<br /> la fin de mon blog "Le judaïsme est et reste la religion légitime du peuple juif. "Les juifs ont raison de rester juifs même après Jésus.En<br /> effet Jésus n'est pas venu pour les convertir à une religion nouvelle. Il est venu pour étendre aux non-Juifs les promesses dont bénéficiait le peuple juif et dont il bénéficie toujours. Le<br /> christianisme n'est pas un monothéisme nouveau par rapport au judaïsme. Le christianisme n'est rien d'autre que le<br /> judaïsme, mais il est le judaïsme étendu aux non-juifs".<br /> <br /> Et même l'évangile de Jean, soi-disant le plus éloigné du judaïsme le souligne «Le salut vient des Juifs.»<br /> (évangile selon Jean 4.22).<br /> <br /> Il est temps certainement de revenir aux origines communes ...<br /> <br /> <br />

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