Plusieurs candidats sont sur les rangs. Les principaux sont Jean-Pierre Raffarin et Gérad Larcher.
Le magazine l'Express pose la question du poids de la Franc-Maçonnerie est des frères dans cette future élection.
L'enquête est menée par François Koch et Eric Mandonnet.
Voici les élements proposés par l'Express :
L'ombre mystérieuse de la franc-maçonnerie plane toujours sur l'élection du président du Sénat. La prochaine se déroule le 1er octobre. Mais tout devrait se jouer le 24 septembre, lors de la primaire au sein du groupe UMP. Avec deux favoris : un ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et un ex-ministre du Travail, Gérard Larcher. Et trois outsiders: Alain Lambert, ancien ministre du Budget, Philippe Marini, rapporteur général de la commission des Finances, et Jean-Claude Gaudin. Confidence d'Henri de Raincourt, président du groupe : "Parmi les 159 sénateurs UMP, on compte une trentaine de 'frères', pour environ 80 si l'on prend en compte l'ensemble des 331 élus."
Afin de les pousser à sortir de l'ambiguïté, L'Express a adressé à chaque prétendant un questionnaire, leur demandant s'ils étaient frères. Une première. Les réponses sont-elles convaincantes ? Seul Marini met son joker. Larcher indique ne pas être franc-maçon... en empruntant le jargon des temples "trois points" ! Interrogé comme président sortant, Christian Poncelet a refusé de répondre.
Beaucoup de maçons, surtout à droite, se camouflent derrière le secret d'appartenance, qui les autorise à mentir. Un jeu de cache-cache très franco-français, qui permet aussi à bien des parlementaires de laisser croire qu'ils sont initiés. A ce petit jeu Christian Poncelet était passé maître. "Au point que, pour sa première élection, en 1998, alors qu'il était opposé à deux candidats centristes, une quinzaine de sénateurs de gauche francs-maçons se sont portés sur son nom, confie l'élu (PS) de la Drôme Jean Besson, membre du Grand Orient (GO). Son côté républicain séduisait des frères."
"Cette fois, nous n'aurons pas besoin de faire arbitrer l'élection du président par les francs-maçons de gauche", se réjouit Bernard Saugey, sénateur (UMP) de l'Isère. Cet ancien patron de presse, vice-président de la commission des Lois, pourrait devenir le nouveau président de la fraternelle parlementaire.
Habituellement dirigé par un élu socialiste membre du GO, ce réseau discret aura donc à sa tête un élu UMP, membre de la Grande loge nationale française, obédience déiste aimant recruter des hommes de pouvoir. Du jamais-vu, de mémoire de maçon!
Mais il est très loin, le temps où la puissante fraternelle faisait et défaisait les lois de la République. Elle demeure néanmoins une amicale de complicités et un lieu de débats, sur la laïcité ou les tests ADN, la bioéthique ou la gestation pour autrui.
Franc-maçonnerie: les réponses des sénateurs :
L'Express a posé trois questions à chacun des prétendants à la présidence du Sénat. Voici l'intégralité de leurs réponses.
Que représente, pour vous, la franc-maçonnerie ? Quel est son rôle dans la société française ? Quelle est son influence dans la rédaction et le vote des lois?
Jean-Pierre Raffarin, sénateur UMP de Haute-Vienne: La Franc-maçonnerie est pour moi une école de pensée avant d'être
un réseau. La réflexion philosophique qu'elle développe pénètre la société au travers des valeurs telles que la laïcité, la fraternité, l'humanisme.... Pour la loi contre le voile à l'école, pour
la laïcité, j'ai bénéficié en 2004 d'un réel appui des francs-maçons dans tous les groupes de l'Assemblée et du Sénat.
Gérard Larcher, sénateur UMP des Yvelines: Pour moi, la franc-maçonnerie est une famille de réflexion et de pensée qui plonge ses racines dans le siècle des Lumières. Au travers du rôle
important qu'elle a joué sous la IIIème République, où nombre de ses valeurs ont inspiré des législations fondatrices, elle a contribué à bâtir notre démocratie.
Plus profondément, le mouvement maçon compose à mon sens des cercles de spiritualité non religieuse dont les préoccupations humanistes et les interrogations face au mystère de la vie ne sont pas sans faire écho à ma foi et à mon engagement chrétien. Au regard du fait religieux, c'est une spiritualité d'action, engagée dans son temps, où la contemplation n'a pas une place centrale ; je n'imagine pas par exemple un maçonnisme monacal. Cependant, comme les Églises, la maçonnerie développe un sentiment d'appartenance communautaire, facteur d'identité et de solidarité. Comme les Églises et comme la République, elle prône la fraternité.
Au vu de ce ressenti, l'influence de la franc-maçonnerie ne me paraît ni plus, ni moins importante que celle d'autres fortes
communautés de pensée de notre pays qui s'impliquent dans la vie sociale. Il ne faut pas fantasmer à partir du halo de secret qui entoure le mouvement maçon. Pour le vote des lois, il n'y a pas
de "bloc maçon". Il y a répartition, d'ailleurs à peu près égalitaire à mon avis, entre la droite et la gauche.
Jean-Claude Gaudin, sénateur UMP des Bouches-du Rhône: C'est une société de pensée philosophique dont les membres sont attachés aux principes républicains de liberté, d'égalité et de
fraternité. De nombreux hommes politiques, qui ont joué un rôle important dans notre pays, ont été inspirés de son humanisme pour conduire leur action au service de leurs concitoyens. Mon passé
d'enseignant me conduit à citer, parmi bien d'autres, Jules Ferry qui a instauré l'école laïque obligatoire.
Philippe Marini, sénateur UMP de l'Oise: Quelle est son influence dans la rédaction et le vote des lois?Pas d'influence sur la rédaction et le vote des lois en tant qu'organisation. Elle est porteuse de concepts, de valeurs (dans un dosage différent selon les obédiences) et des personnes imprégnées de ces concepts peuvent participer à la fabrication des lois.
Alain Lambert, sénateur UMP de l'Orne:La franc-maçonnerie est à mon avis, une association d'hommes et de femmes qui veulent faire progresser la société. J'ai de nombreux amis franc-maçon dont dans des partis politiques et je suis toujours frappé par leur tolérance et la diversité de leurs croyances. Certains sont athées, d'autres croient en Dieu ; politiquement certains sont de droites, d'autres de gauche.
Quel est le poids des amitiés ou de la solidarité franc-maçonnes dans l'élection du Président du Sénat?
Jean-Pierre Raffarin: Je ne crois pas qu'il y ait un vote franc-maçon, pas plus qu'il y a un vote gaulliste ou un vote centriste. Les réseaux existent, ils entretiennent la convivialité, la proximité entre tous les membres mais chacun est libre de son vote.
Gérard Larcher: Si, dans cette question, le mot "franc-maçonne" était remplacé par le mot "chrétienne", je crois
qu'elle pourrait choquer certains. Pour y répondre, je dirai qu'à ma connaissance le dernier Président qui a été franc-maçon était Gaston Monnerville. Son dernier mandat a expiré il y a près de
40 ans ! On ne peut donc pas dire que l'appartenance maçonnique soit un facteur déterminant de l'élection du président du Sénat. Ceci étant, le vote à cette élection est un vote individuel qui
s'effectue en conscience, dans le secret de l'isoloir. Il en découle que les valeurs défendues par les candidats jouent un rôle important dans le choix de leurs collègues. Le caractère
républicain de l'engagement des uns et des autres est un critère important.
Jean-Claude Gaudin: On prête à la franc-maçonnerie, grâce à la solidarité de ses membres, une certaine influence dans le monde politique. Elle joue peut-être pour l'élection du Président
du Sénat, mais ce n'est pas la seule. Elle se manifeste également entre les membres d'une même famille politique et les amitiés personnelles. De toute manière, un candidat à la Présidence doit
faire valoir une certaine expérience et avoir manifesté son attachement à la recherche du consensus.
Philippe Marini: Il y a au Sénat différents cercles, selon la géographie, les affinités religieuses etc. Les sociétés philosophiques ont leur place, pas une place exclusive, mais elles
font partie de l'alchimie. Ces amitiés ne suffisent donc pas, ce sont des cercles parmi d'autres.
Alain Lambert: Aucun à ma connaissance. En tout cas, personne apparemment n'en parle.
Etes-vous, ou avez-vous été membre d'une obédience maçonnique ? Si oui, laquelle?
Jean-Pierre Raffarin: Je ne suis ni n'ai été membre d'une obédience maçonnique.
Gérard Larcher: Non. Je ne suis pas et je n'ai pas été franc-maçon. Ceux qui me prêtent cette qualité se trompent. Mais j'ai déjà été invité à des réunions maçonnes ouvertes pour présenter la manière dont je concevais des dossiers comme l'aménagement du territoire ou, plus récemment, l'hôpital. J'ajoute que je ne considère nullement comme vexatoire de me voir donner ce titre erroné.
Jean-Claude Gaudin: Je n'ai jamais été, et ne suis pas, membre d'une obédience maçonnique. Dans l'exercice des différentes responsabilités que m'ont confié les électeurs, je me suis toujours inspiré des principes de la démocratie chrétienne dont je suis issu, et qui bien souvent rejoignent ceux de la franc-maçonnerie.
Philippe Marini: Je fais partie du groupe de spiritualités des Assemblées parlementaires, qui siège à côté de Sainte Clotilde, et je suis vice-président du groupe France/Saint siège. Pour le reste, je mets mon joker.
Alain Lambert: Non.
° à lire sur le site de l'Express
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