Ces paroles sages d'un Rabbi juif de Nazareth dénommé Yéshoua au début du 1er siècle de notre ère plongent encore dans l'étonnement bon nombre de nos contemporains, y compris notre édile en chef, je veux bien entendu parler de Nicolas 1er, actuel hôte de l'Elysée.
Cette phrase, à défaut d'être la matrice de notre principe républicain de laïcité, indique clairement qu'il faut une séparation intengible entre ce qui relève du spiritiuel et ce qui relève du temporel.
Joseph Ratzinger, descendant spirituel de Shimon (dit Céphas, dit Petros, dit Pierre, disciple de Yéshoua) était en visite en France jusqu'à aujourd'hui. A Paris tout d'abord, puis à Lourdes, où il allait célébrer les 150 des "apparitions" de Myriam (mère de Yéshoua) à une jeune fille du sud-ouest, Bernadette Soubirou, qui a fini ses jours à Nevers.
Depuis nombre d'années, le petit Nico a des démangeaisons intenses dès qu'il s'agit de laïcité.
Il l'avait écrit dans un "livre", publié avant son élection et il avait réitéré sa "pensée" lors d'un discours au Latran l'année dernière. Discours qui avait, a juste titre, provoqué un levé de bouclier en France.
Sarko 1er n'a pu se retenir et nous en a remis une deuxième couche lors de la visite du chef de l'Eglise catholique apostolique et romaine : "Ce serait une folie de nous en priver (des religions), tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée. C'est pourquoi j'en appelle à une laïcité positive. (...) "La laïcité positive, la laïcité ouverte, c'est une invitation au dialogue, à la tolérance et au respect. C'est une chance, un souffle, une dimension supplémentaire donnée au débat public".
Une laïcité ouverte, qui invite au dialogue et au respect.... c'est tout simplement la laïcité telle qu'elle existe aujourd'hui. Mais Nico 1er ne s'en est pas aperçu...
Puis, notre actuel président poursuit son discours avec une profondeur théologique digne d'une discussion de comptoir :
"Nous ne mettons personne devant l'autre, mais nous assumons nos racines chrétiennes". Pour Nicolas Sarkozy chrétien est synonyme de catholique. Les 60% de chrétiens non catholique dans le monde apprécieront, ainsi que les protestants, les juifs, les athées français qui ont eu à subir pendant des siècles le poids du cléricalisme de l'église catholique. Heureusement, ces racines là nous nous en sommes défaites depuis 1789, 1848, 1870, 1905... Depuis, la France s'appelle une République Laïque.
"Nous travaillons pour la paix, nous ne voulons pas d'une reprise des guerres de religion". Alors pourquoi en rajouter sur un sujet qui fâche? Qui parle sans cesse de religions sinon Nicolas Sarkozy lui-même?
"J'ai souvent eu l'occasion de parler des racines chrétiennes de la France. Ca ne nous empêche pas de tout faire pour que nos compatriotes musulmans puissent vivre leur religion à égalité avec toutes les autres". Là encore que viennent faire les musulmans là dedans? La religion musulmane, comme toute autre religion doit être traitée sur un pied d'égalité. Ni plus, ni moins.
"Dans la République laïque qu'est la France, tous, très Saint-Père, vous accueillent avec respect en tant que chef d'une famille spirituelle dont la contribution à l'histoire du monde, à la civilisation et à l'histoire de France n'est ni contestable ni contestée. Je veux en votre présence adresser aux catholiques de France tous les voeux pour la réussite de votre visite": dire, en France, que l'apport de la "famille spirituelle" de Benoît XVI n'est "ni contestable, ni contestée" relève de la pure provocation. Cela mériterait - pour le moins - un bilan des plus nuancés!
Ce qui me dérange pour tout dire c'est que Nicolas Sarkozy mélange continuellement ce qu'il pense en tant qu'individu et ce qu'il doit dire en tant que chef de l'Etat.
En tant que chef de l'Etat, qu'il reste dans son rôle de président laïque de tous les français.
Quand à ce qu'il pense en tant qu'individu, qu'il nous épargne sa théologie de comptoir, nous en en passons très bien ! Il faut qu'il se mette dans la tête qu'on se fiche comme de notre première paire de chaussettes de ce qu'il croit ou ce qu'il ne croit pas. Ca ne nous intéresse tout simplement pas.
Benoît XVI a été quant à lui beaucoup plus mesuré. Il sait que le terrain est miné et que l'autre zozo peut l'emmener sur une pente dangereusement glissante. "L'Église en France jouit actuellement d'un régime de liberté. La méfiance du passé s'est transformée peu à peu en un dialogue serein et positif, qui se consolide toujours plus", dit-il. Et pan sur le bec. Lui, ne réclame rien et se satisfait pleinement de la situation actuelle.
Plutôt que l'aventure, Benoît XVI préfère nettement le statu quo. Il sait que l'église catholique française est en pleine crise. Crise des effectifs, crise des vocations... que masquent à chaque fois les visites du Pape sur notre territoire. Il veut d'abord renforcer la machine de l'intérieur avant de reprendre l'offensive. Bref, ne pas mettre la charrue avant les boeufs. Et puis la place des prélats français au sein de la curie romaine s'est réduite comme une peau de chagrin; nous ne sommes plus à l'époque de Jean XXIII.
Benoît XVI est un pape profondément conservateur. Mais c'est également un intellectuel de haut vol. Lui ne pratique pas la confusion. Proche des traditionnalistes (voire l'épisode du Bon Pasteur, le retour dans le giron de Rome de l'abbé Laguérie et consorts), loin d'un oeucuménisme de façade, il veut d'abord (et c'est bien son rôle) renforcer les positions de l'Eglise catholique.
Evêque puis Cardinal allemand, il est certainement l'un des catholiques qui a le plus lu Luther... pour en être l'un des plus farouches adversaires. Il souhaiterait un rapprochement avec l'Orthodoxie (oubliée par Jean-Paul II, pape polonais), mais garde la plus grande suspicion envers les protestants, qu'ils soient luthériens, anglicans ou réformés. C'est une opposition doctrinale forte qu'il n'a pas manqué de rappeler : Tout en mettant en garde contre une lecture littérale de la Bible et rappelant que "l'Ecriture a besoin de l'interprétation" (mais celle officielle de l'Eglise), le pape a souligné "que la vision personnelle de celui qui interprète" est trop réductrice (c'est l'un des principes de base du protestantisme...).
Il est de ceux qui a le plus durement condamné tous les mouvements de pensée laïques et notamment la franc-maçonnerie. Il l'a d'ailleurs rappellé à mots couverts à Paris : Il a mis un nouvelle fois en garde les catholiques contre les "dangers" que représentent, "les querelles au sein de la communauté de croyants, la séduction offerte par de pseudo-sagesses religieuses ou philosophiques, la superficialité de la foi et la morale dissolue".
Hors l'Eglise catholique, point de salut. Et je ne reviendrait même pas sur ses condamnations constantes de l'homoséxualité, de la contraception, de l'avortement, du préservatif, de l'euthanasie, du divorce... Il n'y a rien à attendre de lui sur ces sujets.
C'est pourquoi le mélange des genres pratiqué par Nicolas Sarkozy n'est pas acceptable.
Les francs-maçons du Grand Orient de France ont réagit aux propos de Nicolas Sarkozy en affirmant que "la laïcité n'a pas besoin d'adjectif pour exister et que toute référence à une laïcité positive en dénature le sens", ont-ils dénoncé dans un communiqué.
Le seul qualificatif qui vaille, disait Robert Badinter samedi, est celui de "laïcité républicaine".
Le Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal) a dénoncé
"l'intrusion permanente dans le champ politique" de la religion depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, "qui porte atteinte à la séparation de l'Eglise et de
l'Etat".
Même le très pratiquant président du MoDem, François Bayrou, a dit pour sa part qu'il n'était pas "fana" de la venue du pape Benoît XVI. "Accueillir le pape à la descente d'avion je trouve ça normal, je suis moins fana du passage de Benoît XVI à l'Elysée parce que moi j'ai une idée assez simple, c'est qu'il ne faut pas mélanger l'Etat et la religion", a t-il déclaré sur RTL.
Manuel Valls, député-maire socialiste d'Evry et auteur de La laïcité en face, a commenté pour le JDD la visite du pape Benoît XVI en France et le discours de Nicolas Sarkozy. "Comme souvent, le Président de la République en fait trop. En écoutant ses propos tenus à l'Elysée, j'ai eu le sentiment que le Pape était beaucoup plus en retenue que lui. Il faisait la séparation entre le politique et le religieux, alors que Nicolas Sarkozy franchissait allègrement le Rubicon".
Manuel Valls a bien raison. Mais peut-être est-ce parce que Benoît XVI a lu, lui, en bon théologien, le chapitre 12, verset 17, de la Bonne nouvelle de Marc? Nicolas Sarkozy, visiblement, non.
Tous les président français ne peuvent être, à l'instart de François Mitterrand, des spécialistes de Châteaubriand et de son Génie du Christianisme... O tempora, O mores...
Pour aller plus loin :
° Sarkozy et la "laïcité positive" : sur ce blog.
° Le texte intégral de la loi du 9 décembre 1905
: sur ce blog.
° Hors de l'Eglise catholique point de salut : sur ce blog.
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