Qaddish pour Ilan

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 22 Février 2006, 22:59pm

Catégories : #Ilan Halimi

Article de Fabien Ghez sur le site de Primo-Europe, 22 février 2006 :

Ilan ne brûlait pas de voitures le week-end, il ne mettait pas le feu aux gymnases reconstruits à la place des anciens, il ne caillassait pas les policiers venus faire des rondes, ni ne tirait sur les pompiers accourus éteindre des incendies allumés à dessein.

Il ne jetait pas de cocktails Molotov sur les écoles coraniques, ni ne tentait de bruler des mosquées.

Il ne violait pas d’adolescentes terrorisées dans le fonds de caves sordides… non il travaillait, il travaillait dur pour gagner sa vie, pour aider sa mère.
Il était une jeune homme sans haine et sans violence, un jeune homme comme il y en a des millions.

A quoi pensait celui qui rouait de coups son visage et son corps meurtris? A la caricature de Libération (1), représentant Sharon en boucher, un couteau ensanglanté à la main, à la porte de sa boucherie avec en enseigne "Le boucher de J.." ou à la photo de couverture de Paris-Match (2), d’une mère palestinienne embrassant le corps de sa fillette tuée par les Israéliens (3).

A quoi pensait celui qui enfonçait son couteau dans sa poitrine blessée ? Au reportage de Charles Enderlin sur Mohamed Al Dura (4) faisant de tous les Juifs à travers les Israéliens, des massacreurs d’enfants palestiniens ?

A quoi pensait celui qui écrasait son corps déjà mutilé avec des bouts de cigarettes incandescents ? Au paroles de Dieudonné (5) sur « tous ces négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd'hui l'action terroriste qui manifestent leur soutien à la politique d'Ariel Sharon .. [...].. c'est Israël qui a financé l'apartheid et ses projets de solution finale esclavagistes et pillant le monde » ?

A quoi pensait celui qui l’inondait de white spirit et l’enflammait ? Au dessin du journal kenyan Daily Nation repris dans Le Monde (6) qui comparait le Ghetto de Varsovie après sa destruction en 1943 avec Djénine en 2002 avec en légende : "l’histoire a une curieuse façon de se répéter."

A quoi pensaient ses bourreaux, abreuvés depuis des années de tant de haine à l’égard d’Israël et à travers lui à l’égard des Juifs, en le torturant à mort pendant trois semaines, bâillonné, attaché, agonisant tout nu ? Au feuilleton égyptien haineusement antijuif "cavalier sans monture" diffusé en France (7), ou encore aux propos de Morin, Nair et Sallenave dans Le Monde selon lesquels "un anti-arabisme se répand dans le monde juif. Les instances communautaires qui s'autoproclament représentantes des juifs dans les pays occidentaux tendent à refermer le monde juif sur lui-même dans une fidélité inconditionnelle à Israël" (8).

Il n’a pas eu droit à une visite de soutien à sa famille après son calvaire et sa mort, il n’a pas eu droit à un appel à une marche silencieuse de la part de sa communauté, ni à accompagnement officiel lors de ses obsèques, il fallait qu’il disparaisse sans bruit.

Il ne faut pas, il faut crier son nom, honorer sa mémoire rappeler en témoignage de son martyre que la bête immonde est toujours vivante.

Que chacun le fasse à sa mesure, ce sera le Qaddish pour Ilan.

(1) du 7 février 2001
(2) du 12 octobre 2000
(3) En réalité, l’enfant avait été tuée accidentellement par son père qui manipulait sa Kalachnikov, probablement en prévision d’un attentat.
(4) Les Israéliens furent immédiatement accusés sans le moindre début de preuve. Leur absence de responsabilité fut affirmée plus tard trop tard.
(5) Journal du Dimanche, 8 février 2004
du 3 mai 2002
(6) Par Noos en décembre 2002
(7) 4 juin 2002

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