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Le Blog des Spiritualités

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Gnose, Esotérisme, Franc-maçonnerie, Hermétisme, Illuminisme, Initiation, Kabbale, Martinisme, Occultisme, Religions, Rose-Croix, Spiritualités, Symbolisme, Théosophie, et toutes ces sortes de choses...


Mozart Franc-Maçon

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 27 Décembre 2005, 01:30am

Catégories : #Franc-Maçonnerie

A lire dans le dossier du Nouvel Observateur consacré à Mozart, l'article de Philippe Autexier intitulé "Frère Wolfgang".

Voir aussi plus bas l'invitation pour la cérémonie en l'hommage de Mozart Franc-Maçon du 28 janvier prochain.


 

Franc-maçonnerie, par Philippe A. Autexier

Frère Wolfgang

Ce que Mozart a cherché dans les loges ? Les relations, la confiance en l'humanité et une source d'inspiration

Le 14 décembre 1784, vers 7 heures du soir, Mozart boite. Un membre de la loge maçonnique de la Bienfai-sance, à Vienne, lui a tout juste mis le soulier gauche en pantoufle ; il lui a aussi découvert la jambe et le genou droits;il lui a dénudé l'épaule gauche ; il lui a retiré bijoux, argent et autres métaux ; il lui a enfin bandé les yeux. Maintenant, il le tient par les deux mains pour le guider vers la porte du temple. Mozart boite. Rythme régulier : longue, brève, longue, brève... Rythme initiatique, celui des grandes scènes de la « Flûte », avec les trois enfants ou Sarastro. Rythme aussi de l'andante d'un quatuor (K. 464) que Mozart va écrire aussitôt après sa réception dans la loge de la Bienfaisance. Car il s'agit d'une expérience inhabituelle et marquante, et Mozart a le sens du symbole. L'univers maçonnique ne peut que lui convenir, qui est fait d'abord de symboles, dont il sait la force communicative mais aussi l'ambiguïté. En sept années de fréquentation des loges, il vivra le symbole et le fera vivre dans sa musique, reproduisant non seulement la démarche initiatique mais aussi les batteries des trois grades, ou le G (la note sol en allemand) de l'Etoile flamboyante du temple maçonnique, qui brille aussi à la fin du même quatuor comme la note la plus haute atteinte par le premier violon.

Depuis le début des années 1780, la franc-maçonnerie a le vent en poupe dans l'empire libéral de Joseph II. En 1785, ils sont près de cinq fois plus qu'en 1780, tous issus de l'aristocratie, de l'administration, du commerce ou du monde des arts. Peu de membres du clergé, point de petites gens.

Dans le même temps, les sociétés secrètes fourmillent dans la capitale des Habsbourg. Mais la franc-maçonnerie, elle, n'en est pas une. Tout le monde sait qu'elle existe. Les activités des loges viennoises sont connues ; il arrive même qu'elles soit annoncées ou commentées dans les journaux ! Joseph II regarde d'un mauvais oeil cette tendance mystique se développer dans ses Etats. Conseillé par quelques francs-maçons rationalistes, il ordonne la réorganisation des loges de son empire. La Grande Loge nationale d'Autriche, créée en avril 1784, exclut les systèmes mystiques des hauts grades. Mais la tendance reste vive; d'autres ont pour raison d'être l'action caritative et la convivialité ; d'autres enfin diffusent la pensée rationaliste. En 1784, Mozart choisit : ce sera la loge de la Bienfaisance. Action caritative et rationaliste, dans la lignée de Lessing et de Wieland, soutien à la politique de réformes de Joseph II.

Joseph II s'irrite de voir le mysticisme continuer à dominer certaines loges. A la fin de 1785, il en provoque la réorganisation, l'occasion pour beaucoup de cesser toute activité maçonnique. Mozart, lui, demeure. Il passe dans la loge de l'Espérance couronnée, et ne la quittera plus jusqu'à sa mort.

La musique est un agrément important de la vie maçonnique du xviiie siècle. On chante en loge, on chante pendant les banquets, on organise aussi de véritables concerts. Les loges ont besoin de musiciens et, pour les attirer à elles, les initient gratuitement et les dispensent de cotisation. En échange, ils jouent dans toutes les occasions où la musique est requise, et Mozart compose même des pièces pour ces circonstances. Là se cache la raison principale de son attachement à la vie maçonnique ; car les chants des loges, selon la règle de l'époque, s'achèvent toujours sur la reprise par toute l'assemblée de la dernière phrase du soliste. Il ne construit pas autrement l'air de Sarastro avec choeur « Isis und Osiris » de la « Flûte », ou la fin de sa cantate maçonnique. En nul autre endroit de Vienne Mozart ne peut connaître la joie d'entendre toute une salle reprendre en choeur son chant fraternel à l'humanité. Qu'importent les petits symboles maçonniques, les rythmes pointés, les anapestes (deux brèves-une longue), les tierces, le nombre de bémols à la clef ; l'essentiel est ailleurs : dans la communion musicale.
Une seule ombre à ce tableau - la moitié de l'humanité en est exclue, précisément celle dont « les Noces de Figaro » revendiquaient les droits -, les femmes. Le débat est vif entre francs-maçons viennois. L'attitude misogyne des prêtres, dans la « Flûte », reflète l'opinion qui prévaut ; mais l'avis de Mozart est différent : il veut battre en brèche la « tradition » maçonnique en lui opposant une tradition égyptienne, plus ancienne : Héliodore d'Emèse n'a-t-il pas représenté une initiation double, masculine et féminine, dans ses « Ethiopiques » ? Tamino et Pamina suivront cet exemple.
Mozart, donc, n'est plus tout à fait satisfait de la franc-maçonnerie, qu'il connaît au moment où, précisément, éclate la Révolution française. Il ne veut pas se contenter de penser ; il veut agir, instaurer l'ère nouvelle de la franc-maçonnerie mixte. Il commence même à en rédiger les statuts ; mais la mort l'empêche de poursuivre.

Philippe A. Autexier : Musicographe, disparu il y a six ans, auteur d'un « Mozart » remarquable (Champion). Cet article avait déjà paru dans ces colonnes en 1990.



 

 

A l’occasion du 250e anniversaire de la naissance de Mozart, le Grand Orient de France, en collaboration avec l’Institut Maçonnique de France, vous invite à la journée

"Mozart en France , Mozart en loge : le jeune homme et… la Lumière"

Samedi 28 janvier, de 16h à 20h

L’année 2006 marque le 250e anniversaire de la naissance de Mozart. En Autriche, mais aussi dans toute l’Europe et en particulier en France, ce sera l’occasion de se pencher sur l’une des plus éminentes personnalités du monde de la musique. Mozart est aussi devenu un symbole. Pour le grand public il apparaît comme le type même de l’artiste. Dans ces années 1780 qui sont le seuil de la modernité, son existence courte et orageuse présente le modèle de la création artistique. Pourtant, au-delà de la caricature du génie-enfant, la vie du musicien le plus célèbre recèle encore bien des épisodes à approfondir.
Parmi ceux-ci, le rôle qu’a pu y jouer la Franc-maçonnerie. Mozart est initié à Vienne le 14 octobre 1784 dans la loge La Bienfaisance. Il y sera très impliqué durant les 7 années qu’il lui reste à vivre et qui sont parmi les plus fécondes sur le plan musical. Il a composé de nombreuses musiques pour les cérémonies maçonniques conduites dans le huis clos des loges. Il a aussi utilisé le symbolisme maçonnique pour des compositions « profanes » au premier rang desquelles La Flute Enchantée. Mais avant même d’être initié, Mozart a souvent été en contact avec des Francs-maçons, par exemple lors de son deuxième voyage en France en 1778, et ceux-ci ont joué un rôle important à plusieurs étapes de sa vie. Loin d’être anecdotiques, les liens entre Mozart et la Franc-maçonnerie illustrent la question des relations complexes entre la création artistique, les Lumières et les prodromes du Romantisme.

Sous le label "Mozart en France" une série d’événements (conférences, colloques, expositions, concerts) vont explorer cette face maçonnique de la vie de Mozart. Pour sa part le Grand Orient de France organise la journée de lancement de l’opération le samedi 28 janvier 2006. Il accueillera aussi les 8 et 9 décembre 2006 un grand colloque scientifique international "Franc-maçonnerie et musique au XVIIIe siècle, de Naudot à Mozart."


Programme :

16h : Accueil par Jean-Michel Quillardet, Grand Maître du Grand Orient de France

16h15 : La Franc-maçonnerie en France au siècle des Lumières
par Pierre Mollier, Directeur de la Bibliothèque et des Archives du Grand Orient de France

16h45 : Les loges et les milieux intellectuels et culturels au XVIIIe siècle
par Roger Dachez, président de l’Institut maçonnique de France

17h30 : La musique maçonnique de Mozart
par Nicole Desgranges, Maître de conférences en musicologie à l'IUFM d'Alsace et à l’Université Marc Bloch de Strasbourg"

19h : Concert : œuvres maçonniques de Mozart
Direction : Nicole Desgranges.
Tenor : Stuart Patterson. Baryton : Jacques Calatayub

100 places sont réservées aux lecteurs de L'Histoire.
Inscription obligatoire par courrier :
Journée Mozart - GODF - 16 rue Cadet - 75439 Paris cedex 9 ou ou par e-mail à :
irene.mainguy@godf.asso.fr
Important : en raison du nombre de place limité, vous recevrez une confirmation

Siège du Grand Orient de France
16 rue Cadet
75439 Paris cedex 9
www.godf.org

Informations L'Histoire : Carole Rouaud 01 40 47 44 18


 

 

Sur cet aspect relativement méconnu de la vie de Mozart, voir la partie Mozart franc-maçon d'un très beau site qui lui est consacré : http://www.wa-mozart.net.

 


 

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