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Le Blog des Spiritualités

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Les protestants dans un nouveau siècle

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 19 Octobre 2005, 23:00pm

Catégories : #Protestantisme

La Fédération protestante de France fête son centenaire. Six ministres et plus de 600 invités sont attendus, vendredi 21 octobre, à la Maison du protestantisme à Paris

C’est le 25 octobre 1905 qu’est née la Fédération protestante de France (FPF). Pour la dizaine de fondateurs, représentants cinq Églises, il s’agissait de rapprocher les Églises de la Réforme, alors très divisées entre tendances «libérale» et «orthodoxe», afin d’adopter une attitude commune face à la séparation des Églises et de l’État. La première assemblée générale de la FPF se tiendra à Nîmes en 1909 et consacrera publiquement son existence. Contrairement aux catholiques, qui se sont ralliés tardivement à la laïcité à la française, la FPF est née avec elle, quelques semaines avant la loi du 9 décembre 1905.

Paradoxalement, c’est elle aujourd’hui qui voudrait toiletter cette loi pour faciliter les activités sociales et culturelles des associations cultuelles, comme le demande, depuis deux ans, le pasteur Jean-Arnold de Clermont (lire La Croix du 6 décembre 2002). C’est d’ailleurs ce «défi de la laïcité» que le président de la FPF pointait en premier, parmi les principaux défis que la Fédération aura à relever dans les années à venir, à l’occasion du rassemblement de 113 pasteurs (de 13 confessions) de la Fédération en région parisienne, lundi 17 octobre, au temple parisien des Batignolles.

Un rassemblement qui «ne s’était jamais produit jusqu’ici», souligne Élisabeth Hausser, membre du bureau région parisienne de la FPF, et qui marquait le début des célébrations du centenaire, à Paris et dans les régions (lire ci-contre). Du fait des vacances scolaires de Toussaint, il a fallu en effet devancer de quelques jours la date du 25 octobre… «Il faudra bien que l’on travaille en 2006 sur les sujets qui n’ont pas été traités en 2005», confiait, lundi, le pasteur de Clermont, avant de réaffirmer sa conviction «que la laïcité ne doit pas devenir une religion qui exclurait les convictions religieuses».

Le défi de l'aile évangélique

Un autre défi prioritaire pour le protestantisme français concerne ses relations avec son aile évangélique. Alors que les évangéliques en France, définis selon les quatre critères de l’Américain David Bebbington (1989) – focalisation sur la conversion (avec changement de vie), normativité de la Bible (lue quotidiennement), importance de la croix et engagement individuel (exprimé par le baptême d’adultes par immersion) – sont estimés à plus de 350.000.

Ils représentent dorénavant un tiers du total des 1,2 million de protestants, «soit sept fois plus qu’après la Seconde Guerre», comme l’indique le sociologue des religions (CNRS) Sébastien Fath, dans sa récente Histoire des évangéliques en France depuis 1800 (1). «Depuis les années 1970, une nouvelle Église évangélique se crée toutes les deux semaines», estime encore le chercheur.

Ce chiffre de 350.000 fidèles évangéliques grimpe à 400.000 si l’on inclut les «Églises issues de l’immigration», selon la terminologie prônée par le pasteur réformé Bernard Coyault, lors d’une conférence sur le sujet, lundi. Celui-ci rappelait combien «les Églises historiques (principalement luthéro-réformées) ne doivent pas se résoudre à la logique du développement séparé» d’avec ces communautés colorées, constituées plus ou moins indépendamment d’Églises des anciens pays de mission. Et d’appeler à «la capacité de valoriser ces Églises issues de l’immigration par les Églises historiques».

Trouver de nouveaux moyens de financement

Un autre défi semble urgent au président de la FPF : la nécessité de trouver de nouveaux moyens de financement, en s’inspirant éventuellement de méthodes anglo-saxonnes (parrainage, mécénat, collecte de fonds), pour remédier à la fragilité des œuvres sociales protestantes qui, «depuis trente ans, explique le pasteur de Clermont, doivent faire face à des problèmes techniques, juridiques, scientifiques, de plus en plus pointus.»

Outre l’engagement souhaité par son président de voir la Fédération protestante s’engager sur le plan politique – «dans les deux années à venir, les Églises protestantes devront partager leur conviction sur la noblesse du politique et la justice», souligne-t-il en précisant qu’un texte de la FPF sur «Églises et politique» devrait être publié à Pâques 2006 –, celle-ci pourrait aussi se mobiliser à nouveau autour de l’Europe. Jean-Arnold de Clermont qui, en tant que président de la Conférence des Églises européennes (KEK), doit rencontrer dans quelques jours le président de la Commission européenne José Manuel Barroso compte bien lui redire la «détermination des Églises à ne pas laisser le projet européen partir à vau-l’eau».

Cette dimension désormais européenne du protestantisme n’était sans doute pas imaginable il y a un siècle. De même que n’étaient pas imaginables en 1905 l’ampleur et la visibilité de l’unité donnée au protestantisme en un siècle. Unité qui, aujourd’hui, insiste encore le président de la FPF, «ne pose pas de problèmes majeurs, même avec les évangéliques».

Claire LESEGRETAIN

(1) Les Églises évangéliques en France, du ghetto au réseau, Éd. Labor et Fides, 424 p., 25,15 €. Lire aussi son article dans la revue Les protestants, Histoire & Patrimoine, n° 1, 130 p. 6,90 €.

***

Un centenaire sous le signe de l’Europe

Vendredi 21 octobre, à la Maison du protestantisme à Paris : 600 invités sont attendus, dont six ministres (Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo, ainsi que Thierry Breton et Gérard Larcher, tous deux protestants) et des personnalités d’autres confessions religieuses. Après un discours du pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France (FPF), et une allocution du premier ministre, ce dernier devrait délivrer un message du président Chirac.

Samedi, à la Maison du protestantisme : colloque sur «La place du protestantisme en Europe», en présence de représentants de fédérations protestantes européennes.

Dimanche au temple parisien des Batignolles : culte du centenaire à 10 h 30, avec prédication du pasteur Élisabeth Parmentier, présidente de la Communion d’Églises protestantes en Europe.
 
Source : La Croix

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