Toutes les obédiences étaient représentées. Cinq anciens grands maîtres du Grand Orient de France (GOF), dont Patrick Kessel, et Philippe Guglielmi, étaient présents. Dans la salle, les représentants de nombreuses associations avaient pris place, ainsi que l'ancien secrétaire général de Force Ouvrière, Marc Blondel. Introduit par M. Kessel, un proche de Jean-Pierre Chevènement, fondateur de la loge invitante, M. Fabius a vigoureusement défendu la loi de 1905 sur la laïcité, un sujet qu'il a placé au coeur de l'élection présidentielle de 2007. Devant des maçons très attachés à la loi, il a fustigé, sans nommer explicitement Nicolas Sarkozy, ceux qui, à droite voudraient y toucher et regretter ceux qui, à gauche, ne s'en préoccuperaient pas assez. Il a rappelé son intervention en faveur de la laïcité au congrès de Dijon du PS -en mai 2003- et son rôle pour que le parti vote la loi sur le port des signes religieux", rapporte un participant. Interrogé par la grande loge féminine de France, il a, notamment, condamné la pratique de certaines villes qui autorisent les piscines à afficher des horaires spécifiques pour les femmes, comme à Lille.
M. Fabius a opposé communautarisme et universalisme. "Il a insisté sur la conjonction qu'il pouvait y avoir entre marchandisation de la société, et communautarisme, menace contre les valeurs et la citoyenneté", indique un autre participant.
La rencontre, prévue de longue date, n'avait rien à voir avec le congrès du PS, qui doit s'ouvrir le 18 novembre au Mans, comme cela a été rappelé à plusieurs reprises. A l'issue du discours de M. Fabius, les maçons toutefois n'ont pas résisté à l'envie de lui poser des questions sur son "évolution", qu'il s'agisse de son non à la Constitution européenne ou de ses positions sur le plan économique. "Il a répondu qu'il assumait ses actes passés mais qu'on pouvait se tromper, que la société avait changé, et qu'il fallait savoir tirer les leçons des échecs de la gauche, dit un témoin. Pour ce dernier, "son humilité est bien passée". M. Fabius qui voudrait faire de la laïcité un domaine réservé, cultive les réseaux francs-maçons. Quelques jours plus tôt, le 19 octobre, il participait en compagnie de plusieurs représentants éminents de différentes loges à un banquet Républicain.
Tandis qu'il mène campagne pour le congrès du PS, il n'en oublie donc pas le reste. En aparté, M. Fabius déplore qu'au sein du PS "le débat sur le fond n'ait quasiment pas lieu". "La motion Hollande est tentée d'aller chercher dans d'autres poches ce qu'elle n'a pas", ironise-t-il, en se vantant d'apporter les idées.
Isabelle Mandraud
Source : Le Monde . Article paru dans l'édition du 28.10.05
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