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Le Blog des Spiritualités

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Jean-Arnold de Clermont, l'au-revoir du président des protestants.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 29 Juin 2007, 22:38pm

Catégories : #Protestantisme, #FPF, #DeClermont

Je vous propose un article d' Elodie Maurot, paru dans La Croix du 29 juin dernier : 

de-clermont-Jean-Arnold.jpgLe pasteur
Jean-Arnold de Clermont quitte la présidence de la Fédération protestante de France. Pendant huit ans, il a porté avec conviction la voix de la Réforme

On l’appellerait volontiers «Monsieur le président», parce que le titre lui va bien. Avec sérieux, avec prestance, Jean-Arnold de Clermont a donné pendant huit ans son visage à la Fédération protestante de France (FPF) : un petit monde en soi, 23 Églises, 81 communautés, institutions, œuvres et mouvements ; une galaxie plurielle, en pleine recomposition, qu’il a su fédérer et représenter avec doigté.

La présidence lui va si bien qu’il ne rendra pas les clés de la rue de Clichy, siège de la FPF à Paris, sans un pincement au cœur. Qui se souvient pourtant aujourd’hui qu’il fut élu à ce siège dans des conditions difficiles, après une campagne ouverte contre son nom ?

 

 

Un homme accessible

On reprochait à sa candidature d’être trop marquée par la «haute société protestante» des réformés de Paris. Huit ans après, il n’a pas oublié. «Le doute sur ma capacité à remplir cette fonction m’a marqué, heurté. J’ai même pensé me retirer, se souvient-il. Le démarrage a été très difficile, mais cela m’a fouetté et, finalement, je crois que c’était bien.»

Qui l’a vu arpenter toutes sortes de réunions et assemblées, prendre la défense des droits des migrants, promouvoir l’intégration des Tsiganes évangéliques ou tenter de faire changer le regard sur les Églises issues de l’immigration, sait que l’homme a la capacité de naviguer entre des mondes bien différents.

S’il peut se fondre sous les ors de la République et porter une voix protestante dans les plus hautes sphères de l’État, Jean-Arnold de Clermont est aussi un homme simple, accessible. Sa haute stature, qui semble taillée pour le prêche en chaire, cache un homme sensible, capable de s’émouvoir aux larmes lors de son discours d’adieu à la Fédération protestante, en avril dernier.

 

 

«Une tradition de protestantisme très fidèle»

« Responsabilité » : voilà le mot qui revient quand le pasteur évoque son parcours. Autant dire qu’il ne surprend pas dans la bouche d’un
huguenot car il y eut Calvin, Weber, Ricœur et tant d’autres pour tracer des ponts entre protestantisme et responsabilité. Jean-Arnold de Clermont, lui, s’est efforcé d’assumer les siennes – mieux : de les incarner. Pour se préparer à cet exercice, il avait de solides racines. Le pasteur a une terre nourricière qui lui a donné des repères et une colonne vertébrale, «une tradition de protestantisme très fidèle, côté paternel comme maternel», souligne-t-il.

Dans cette grande famille de la société parisienne, le père travaille pour les tissus Boussac, puis dans le milieu bancaire anglais. «Il était un exemple de piété et de règle de vie dans la lecture biblique, raconte le fils. Toute sa vie, après le petit déjeuner et avant d’aller au bureau, je l’ai vu lire dans un petit livre le texte du jour et son commentaire. J’ai retrouvé ce livre sur sa table de chevet quand il est mort.» La vie familiale est donc marquée par la piété, mais de manière «très simple» : «Il n’y avait pas de prière à table, pas d’exigences formelles. Il y avait un cadre chrétien et l’on vivait là-dedans. C’était naturel.»

A 9 ans, il rejoint l’internat de l’École des Roches

Cette vie familiale paisible va prendre fin à l’âge de 9 ans. Le jeune garçon rejoint alors l’internat de l’École des Roches, institution fondée à la fin du XIXe siècle sur le modèle du collège anglais. La rupture est rude pour le petit Parisien exilé en Normandie. «Sur le moment, je n’en ai pas souffert, mais a posteriori je me rends compte de l’incroyable séparation que cela a représenté.»

La rupture comporte aussi des avantages, et d’abord l’apprentissage de la responsabilité. «Les plus âgés étaient responsables des plus jeunes dans les dortoirs et pour les études», se souvient le pasteur. S’ajoute «la chance» de grandir dans un environnement chrétien et œcuménique, où l’on vit, «avant l’heure, de l’esprit de Vatican II». Loin de sa famille, le garçon grandit aux côtés de chrétiens engagés, dont un pasteur qui comptera beaucoup à l’adolescence. Vivier familial, vivier éducatif, l’alchimie portera une vocation pastorale. Il n’y en avait pas eu avant lui dans la famille.

Vocation et responsabilité, deux mots indissociables pour Jean-Arnold de Clermont. «Ce qui m’a poussé au pastorat, c’est le sens de la responsabilité à l’égard des autres, la conviction qu’il y avait là, dans l’Évangile, quelque chose à leur faire partager.» Qu’on n’y cherche pas les angoisses d’un Luther ou les «crainte et tremblement» d’un Kierkegaard. «Devenir pasteur n’a pas été le fruit d’une espèce de chemin de Damas, où la lumière aurait jailli brutalement. Il y a dans ma vocation quelque chose de très réformé, reconnaît-il. C’est un choix raisonné, plus qu’un choix impulsé ou affectif. Le pastorat m’est apparu comme l’engagement le plus complet au service de l’Évangile.»

Centrafrique, Rouen, Paris

En quarante ans de ministère, le service de l’Évangile aura entraîné le pasteur dans des domaines bien différents. Lui qui aime conjuguer réalisme et ouverture à l’inconnu ne s’en plaint pas. «Je crois qu’il faut se laisser porter par une certaine disponibilité et là vous est donné le type de ministère qui vous convient.» Cette disponibilité l’aura conduit en paroisse en Centrafrique, à Rouen, puis à Paris. Elle l’a mené dans de nombreuses fonctions institutionnelles, qui témoignent d’un goût et d’une compétence reconnus pour la représentation, au sens fort du terme.

Depuis huit ans, l’homme avait trouvé à la présidence de la FPF un lieu où exprimer sa liberté et son espérance. Sa liberté, il a su la prendre notamment à l’occasion du débat parlementaire sur les sectes, dans la défense d’une liberté religieuse pleine et entière pour tous, dans le respect de la loi. «La liberté religieuse ne se divise pas», aura-t-il répété sans relâche.

À ce poste clé, il a aussi joué pleinement la carte d’un protestantisme pluriel, mettant une bonne partie de son énergie à réussir la greffe des mouvances évangéliques et pentecôtistes sur les branches multiséculaires du protestantisme luthéro-réformé français. On se souviendra longtemps de son tonitruant «Nous sommes tous évangéliques», prononcé lors de l’adhésion de cinq Églises évangéliques à la Fédération, en 2006.

Vigilant sur la laïcité

Vigilant sur la laïcité, ancré dans sa tradition réformée mais ouvert à un protestantisme pluriel, Jean-Arnold de Clermont croit à l’avenir du christianisme en France. De son expérience de jeune pasteur en Afrique, l’homme a rapporté un solide sens missionnaire. Dans son bureau, quelques statuettes africaines et une grande carte du monde témoignent du souci de regarder plus loin ou d’ailleurs. Une perspective qui s’est imposée à lui dès le départ. En mai 1968, le pasteur était à Bangui (République centrafricaine), loin des barricades du Quartier latin et d’un séisme qui allait ébranler l’Église en profondeur. «Quand je suis rentré en France, j’étais sidéré d’entendre parler d’une crise que je n’avais pas connue et que j’avais du mal à comprendre.»

Aujourd’hui, il pense que cette distance lui a rendu service, lui permettant d’avoir «un autre regard sur la vie de l’Église, sur la société et la sécularisation : je suis resté très confiant que l’Évangile est une parole qui s’adresse à la société, aussi sécularisée soit-elle. Je suis revenu d’Afrique avec une perspective très missionnaire du rôle de l’Église dans la société»

Sans nostalgie pour le passé, le pasteur de Clermont a intégré les données nouvelles de la vie religieuse en France. La sécularisation ? «Ce n’est pas une catastrophe, c’est la condition du monde dans lequel nous vivons.» La place des chrétiens dans la société ? «Nous ne sommes pas là pour contraindre la société, ni pour imposer le règne de Dieu. Nous sommes là pour donner des signes, pour que la parole de Dieu reste parole, avec sa force d’interpellation.»

Serein pour l'avenir

Il y a une source derrière cette liberté, une Sola Scriptura pour nourrir ces convictions. C’est chez l’
apôtre Paul que le pasteur trouve les textes qui comptent le plus pour lui. Il aime lire les lettres de ce «type à la fois confus et génial», «capable de fulgurances dans la pensée et dans l’écriture». Il y a d’abord la Lettre aux Romains, qui ramasse l’expérience chrétienne : «Être délivré du péché et de la mort pour être uni à Christ dans la résurrection, par le baptême.»

Il y a aussi celle aux
Galates, «où Paul parle de la liberté chrétienne comme de quelque chose de profondément libérateur : cela donne à mon existence de chrétien quelque chose de profondément marqué par l’espérance».

Comment, dès lors, s’inquiéter de demain ? Jean-Arnold de Clermont est serein. D’abord, l’heure de la retraite n’a pas sonné pour lui. Il continue à présider la Conférence des Églises européennes (KEK) et prépare le 500e anniversaire de la naissance de Calvin, pour 2009.

Il a été élu dernièrement président du Defap, le service protestant de mission chargé de développer une relation de solidarité avec les Églises protestantes du Sud. Peut-être même trouvera-t-il un peu de temps pour s’échapper plus régulièrement dans sa campagne du Loiret, retrouver ses forêts, ses étangs. Là, ce « terrien » retrouve ses racines, mais pour mieux repartir ailleurs.

Elodie MAUROT
 

de-clermont-Jean-Arnold-2.jpg




Jean-Arnold de Clermont en quelques dates :

1941
Naissance à Paris.


1960
Étudiant en année de préparation aux Écoles nationales d’agriculture.


1962
Début de sa formation de pasteur à la faculté de théologie protestante de Paris.


1964
Volontaire du service national à Bangui (République centrafricaine).

1965
Mariage avec France-Anne. Ils auront quatre enfants.

1967
Ordonné pasteur dans l’Église réformée de France (ERF). Retour à Bangui pour quatre ans.

1972-1978
Secrétaire à l’animation du Service protestant de Mission – Défap.

1978
Pasteur à Rouen (Normandie).

1984
Membre du conseil de la Fédération protestante de France (FPF).

1985
Élu président du conseil régional Nord-Normandie de l’ERF.

1994
Pasteur à la paroisse du Saint-Esprit, rue Roquépine (Paris 8e).

1999
Élu président du conseil de la FPF. À ce titre, il sera coprésident du Conseil d’Églises chrétiennes en France (Cecef).

2003
Réélu président du conseil de la FPF.

2003
Élu président de la Conférence des Églises européennes (KEK).

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

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