Les 19, 20 & 21 mai 2017 à Toulon dans le Var, aura lieu l' ICOM 2017, c'est à dire la première encontre internationale des loges de recherches maçonniques.
L'Icom 2017 est organisé par les loges de recherche "Marquis de La Fayette" et "Mare Nostrum" N°1306 de la Grande Loge de France.
Je reviendrai évidemment en détail dans plusieurs autres articles sur cet événement majeur tout au long des mois qui viennent.
Je vous propose ici un texte de Louis Trébuchet en préambule à ces journées de recherche.
Je tiens à remercier Louis.
Voici le texte :
Les Modernes, Anciens, ou Antédiluviens ?
par
Louis Trebuchet
Comité scientifique d’ICOM 2017 - Juillet 2016
Il n’aura échappé à aucun franc-maçon, ou franc-maçonne, qu’en 2017 seront célèbrés les 300 ans de la Grande Loge de Londres. Il ne fait aucun doute que personne n’y échappera, vu le nombre de manifestions dédiées à ce tricentenaire, à commencer par la Conférence du Tricentenaire sur l’histoire de la Franc-Maçonnerie célébrant les 300 ans de la Grande Loge d’Angleterre organisée en septembre 2016 par la loge de recherche Quatuor Coronati #2076 de la Grande Loge Unie d’Angleterre, de toutes les loges de recherche la plus ancienne, la plus célèbre, et la plus chère au coeur de tous les historiens de la Franc-maçonnerie.
Mais quel tricentenaire allons-nous célébrer en 2017 ?
Je ne suis pas sûr que ce soit celui de la Grande Loge Unie d’Angleterre, qui naquit à la Saint Jean d’hiver 1813 de la fusion de la Grande Loge née à Londres en 1851, qui se réclamait des Anciens, avec la Grande Loge de Londres et de Westminster, qu’elle qualifiait de Moderne. C’est bien cette dernière qui fête ses 300 ans.
L’historien maçonnique sait aussi, maintenant, que ce n’est pas non plus le tricentenaire de la Franc-maçonnerie spéculative qui sera célèbré.
L’américain Léon Hyneman écrivait déjà en 1877 : « Les quatre loges qui se rencontrèrent avec "quelques anciens frères" à la Taverne du Pommier étaient-elles sans connexion ou relation avec d’autres organisations maçonniques ? Quelle est l’origine de ces quatre loges ? Leurs membres doivent bien avoir été faits maçons sous quelque autorité ? Il doit bien y avoir eu une organisation antérieure sous l’autorité de laquelle ils furent reçus et admis dans la fraternité ? Qui étaient ces "anciens frères" ? »
Antédiluviens ou Anciens
Il est en effet clair aujourd’hui que des loges constituées en grande majorité, voire en totalité, de non opératifs, c’est-à-dire de gentilshommes étrangers au métier de maçon, travaillaient déjà de manière symbolique bien avant 1717, à tout le moins dans les îles Britanniques. Samuel Prichard lui-même, dans Masonry Dissected, fixe à 1691 le début de cette évolution : « Le nom de Maçonnerie Franche et Acceptée (tel que nous le connaissons aujourd’hui) n’avait pas encore été entendu jusqu’à ces quelques dernières années ; on n’y parlait ni de loges constituées, ni de communications trimestrielles, jusqu’à 1691 quand des Seigneurs et des Ducs, des Hommes de Loi et des Boutiquiers, et d’autres petits métiers, sans excepter les porteurs, furent admis dans ce Mystère, ou ce non Mystère ».
En Irlande, une telle loge est attestée dès 1688 au Trinity College de l’Université de Dublin et, entre 1708 et 1713, Arthur Saint Leger, Vicomte Doneraile, réunissait régulièrement ses frères et ses amis en loge dans son château du comté de Cork, avec son "Butler" comme tuileur extérieur.
En Angleterre, le plus ancien parchemin de la loge d’York retrace les Anciennes et honorables assemblées des Maçons libres et acceptés, en mars 1712, juin, août, décembre 1713, consacrées à la réception de gentilshommes en maçonnerie. Le président en fut, de 1711 à 1713 puis de 1720 à 1723, Sir Walter Hawksworth, Chevalier et Baronet (ci-contre), dont un portrait orne encore la loge.
Divers documents Anglais postérieurs à 1717 mentionnent les "innovations" du Docteur Désaguliers. Le dialogue entre Simon, maçon de la ville, et Philip, maçon passant note, vers 1725 : « Tous les compagnons et frères me reconnaissent comme tel : C’est la manière dont les anciens maçons répondent à cette question. Mais les nouveaux maçons sous le règlement de J. T. Désaguliers répondent seulement : Je le suis ». Une coupure de presse, datée à la main de 1726, s’avère être une convocation adressée « à tous les maçons qui ont été reçus à la manière Antédiluvienne » annonce
« plusieurs planches sur l’Ancienne Maçonnerie, particulièrement sur la signification de la lettre G et comment et de quelle manière les Maçons Antédiluviens formaient leurs loges, montrant quelles innovations ont récemment été introduites par le Docteur et quelque autre des Modernes ».
Mais c’est en Ecosse que nous trouverons la Franc-maçonnerie non opérative la plus nombreuse, travaillant symboliquement et connaissant le mot de maître bien avant 1717. Plus de cent non-opératifs identifiés seront reçus dans certaines loges d’Écosse entre 1685 et 1717. Six loges de cette époque en Écosse sont même constituées en majorité, voire fondées, par des non-opératifs : Dunblane, Hamilton, Kelso, Haughfoot, Aberdeen et Dumfries. Les diverses minutes de ces loges montrent qu’elles ne fonctionnaient pas du tout comme des loges opératives. L’usage y était d’opérer le même jour la réception comme apprenti entré et le passage à compagnon de métier, ce qui est totalement contraire aux usages des loges opératives. Au cours d’une tenue de Dunblane quatre gentilshommes furent reçus apprentis puis passés compagnons après avoir été interrogés entretemps sur des connaissances qui, dans ces conditions, ne peuvent être techniques, mais bien symboliques.
Le manuscrit Dumfries n°4, découvert dans les archives de la loge de Dumfries, qui date des environs de 1700 et semble avoir été beaucoup utilisé, est un des deux anciens devoirs à s’adresser non plus au vrai maçon, mais au franc-maçon, mot qu’il utilisera plusieurs fois. On y parle délibérément à celui qui « entre dans l’association pour agrandir ou satisfaire sa curiosité », et l’accent y est déjà porté sur la symbolique : « d’abord qu’il apprenne ses questions par coeur, puis ses symboles, et ensuite on fera comme la loge le juge convenable ». Les trois piliers que sont l’Équerre, le Compas et la Bible y sont déjà vécus symboliquement : la maçonnerie est « un travail d’équerre » et le franc maçon doit user de « l’ordre du compas ».
La postérité des Anciens et la Grande Loge de France
La Franc-Maçonnerie Américaine doit beaucoup aux Anciens. Nombre de loges y furent constituées par les Grandes Loges d’Écosse et d’Irlande, à partir de 1736, et par la Grande Loge des Anciens après 1751. Mais on peut se demander s’il n’y eut pas des influences plus précoces. David Stevenson étudie l’émigration outre-Atlantique des quakers membres de la loge d’Aberdeen : en 1683 John Alexander of Peffermiln et Robert Gordon devinrent propriétaires de terres dans le New-Jersey. Ils n’y mirent jamais les pieds, mais John Forbes y émigra en 1684, et John Skene rejoignit le Delaware en 1682. Un membre de la loge de Kelso, le Docteur Gustavus Brown, partit s’installer dans le Maryland en 1708. Nul ne sait si ces frères emmenèrent la Franc-maçonnerie avec eux dans le Nouveau Monde, mais on peut remarquer que le fils du docteur Brown, Gustavus lui aussi, fut membre de la Columba lodge #11 à Port Tobacco, et le 5e Grand Maître de la Grande Loge du Maryland.
Par contre l’influence de ces anciens maçons des loges non opératives d’Écosse d’avant 1717 sur la création de la Grande Loge de France est claire et attestée.
Sans parler des loges militaires des régiments de la garde de Jacques II Stuart, arrivés en 1689 à Saint-Germain-en-Laye, dont l’existence est totalement incertaine, on sait maintenant que la première loge dont l’existence est attestée, de 1725 à 1737 au moins, fut fondée à Paris, rue des boucheries par trois jacobites qui ne pouvaient en aucun cas avoir été initiés après 1717 par une loge de la Grande Loge de Londres.
Charles Radcliffe de Derwentwater (ci-contre), s’était évadé le 11 décembre 1716 de la prison de Old Newgate pour se rendre en France. Hector McLean, successeur de son père Sir John à la tête de son clan, est le correspondant des Stuart dans les Highlands. Dominique O’Heguerty est le correspondant à Paris de la famille irlandaise et jacobite Walsh, armateurs à Nantes et à Saint Malo, petits-fils et neveux du Capitaine Jacques Walsh qui commandait le navire qui transporta vers la France Jacques II Stuart en 1690. Ils n’étaient bien entendu pas les bienvenus à Londres après 1717, compte tenu de la révolte jacobite de 1715.
Au moins deux franc-maçons ayant appartenu à la loge de Dunblane dans les dernières années du 17e siècle, donc bien avant 1717, sont influents à la cour des Stuart à Saint Germain : Le duc de Melfort et Alan Cameron of Lochiel. De 1728 à 1738 les Grands Maîtres de l’Ordre des Francs-Maçons dans le Royaume de France, qui se succèdent par élection chaque année, seront jacobites. La Grande Loge de Londres ne prendra pied sur le sol français que le 3 avril 1732, avec la loge Saint Thomas "Au Louis d’Argent", rue des Boucheries elle aussi.
La rivalité, qui se manifeste par quelques courriers acerbes de part et d’autre, sera réglée en 1738 après une intervention politique de l’ambassadeur d’Angleterre, Lord Waldegrave, lui-même franc-maçon de la Grande Loge de Londres. À partir du 24 juin 1738 le Grand Maître ad-vitam, et non plus élu, sera un pair de France, Louis Pardaillan de Gondrin, 2e duc d’Antin, (ci-contre), initié avant septembre 1737 à Aubigny par un passé Grand Maître de la Grande Loge de Londres, Charles Lennox, 2e duc de Richmond.
Ainsi la Grande Loge de France, fondée par des maçons de la tradition Ancienne, n’est passée sous la férule de la Grande Loge de Londres, les Modernes, que 10 ans plus tard. Et notons bien que tout ceci se passe plusieurs décennies avant la création de la Grande Loge des Anciens à Londres en 1751. James Anderson le confirme lui-même dans ses constitutions de 1738 : « Mais l’ancienne Loge de la cité de York, et les Loges d’Écosse, Irlande, France et Italie, affectant l’indépendance, ont leurs propres Grands Maîtres … ».
Le premier rapprochement entre Modernes et Anciens aura lieu en France en 1804 avec l’institution du Rite Écossais Ancien et Accepté, incluant les trois premiers degrés au rituel Ancien, sous l’influence des francs-maçons Français de retour des Îles d’Amérique, puis en 1813 en Angleterre avec la constitution de la Grande Loge Unie d’Angleterre, réunissant les deux Grandes Loges, Ancienne et Moderne.
C’est pourquoi ces premières Rencontres internationales des loges de recherche, ICOM 2017, ont souhaité ne pas oublier la tradition qui l’a précédée en cette année de célébration du tricentenaire de la toute première Obédience, la Grande Loge de Londres, qui donna naissance à la tradition des Modernes.
C’est affirmer la volonté de mieux comprendre, dans la fraternité, l’écoute, et « l’histoire authentique », les racines qui ont donné naissance à l’universalité de la Franc-maçonnerie telle qu’elle est aujourd’hui dans le Monde.
Louis Trébuchet
ICOM 2017 aura lieu les 19, 20 & 21 mai 2017 à Toulon (Var), et est organisé par les loges de recherche de la Grande Loge de France Marquis de La Fayette et Mare Nostrum #1306
Contact : infonews@icom.fm : Michel Lecour Vénérable Maître de la loge
méditerranéenne de recherche #1306 Mare Nostrum
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Le texte de Louis Trébuchet en format pdf
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La Grande Loge de France, héritière de la Grande Loge de France de 1728 et refondée sous sa forme actuelle en 1894 est une obédience maçonnique masculine qui regroupe 34 000 frères répartis en 885 loges réparties sur le territoire national (hexagone et DOM, TOM ...) et même à l'étranger.
Les frères de la Grande Loge de France pratiquent le Rite Ecossais Ancien et Accepté, rite maçonnique le plus répandu de par le monde.
La Grande Loge de France peut se reconnaître en trois mots :
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Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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