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Le Blog des Spiritualités

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Marcel Sembat, franc-maçon, ministre, député, socialiste, journaliste et écrivain.

Publié par Jean-Laurent Turbet sur 10 Juillet 2016, 07:30am

Catégories : #Franc-Maçonnerie, #GLDF, #Sembat, #Socialisme, #Histoire

Marcel Sembat, franc-maçon, ministre, député, socialiste, journaliste et écrivain.

 

Il y a quelques années j'ai créé sur Facebook un groupe intitulé « Mon socialiste oublié préféré c’est Marcel Sembat ». Oublié il l’était et oublié il le reste, malheureusement. Mais ce groupe existe toujours !

 

Afficher l'image d'origineHomme politique intègre, franc-maçon impliqué, intellectuel brillant, ami de Jaurès et de Blum auprès de qui il allait « garder la vieille maison » après le congrès de Tours qui vit la naissance du Parti Communiste, Marcel Sembat fut à bien des égards un modèle.

 

Le meilleur biographe et connaisseur de la vie de Marcel Sembat est sans conteste notre ami Denis Lefebvre, frère du Grand Orient de France et directeur de l’Office Universitaire de Recherche Socialiste (OURS). Il sait combien cet article doit à ses travaux (qui sont cités en liens en bas de cet article).

 

Denis Lefebvre doit – à la rentrée et en tout cas en 2017 – publier un livre qui apportera des éclairages nouveaux sur l’engagement maçonnique de Marcel Sembat.

 

Par ailleurs la loge « Marcel Sembat » N°564 de la Grande Loge de France célèbre ses 90 ans d’existence le dimanche 5 Mars 2017 à partir de 9 heures en l’hôtel de la GLDF à Paris.

 

L’Orateur de la loge en dressera l’historique depuis 1927. Si cette loge porte comme titre distinctif le nom de Marcel Sembat qui fut initié franc-maçon le 12 juillet 1891 au sein de la loge « La Fidélité » de la Grande Loge de France à Lille,  c’est bien pour continuer de faire vivre et de cultiver l’esprit de Marcel Sembat.

 

La vie de Marcel Sembat sera présentée par Ramon Vidal Y Planal de la Grande Loge d’Espagne (GLE), spécialiste du couple Georgette Agutte-Marcel Sembat,  auteur de plusieurs livres dont « Triangle » et «  Un fauve en son jardin »  en coopération avec son épouse Françoise Celdran.

Titre de son intervention : « Les derniers regards entre ciel et terre de Marcel Sembat ».

 

Afficher l'image d'origineLa vie du couple Agutte/Sembat sera retracée entre Bonneuil sur Seine, Paris, Chamonix et leurs voyages à l’étranger (Egypte...). Les engagements de notre frère Marcel Sembat pour l’amélioration de la société seront mis en lumière. Son projet de rendre accessible la Culture au plus grand nombre de nos concitoyens sera évoqué parmi d’autres aspects du personnage: grande érudition, Orateur très apprécié, amoureux de l’Art, défenseur de la Paix, ministre des Travaux Publics (sous le gouvernement Viviani 2)... La fin tragique du couple en 1922 manifestera à tout jamais le lien profond entre l’artiste peintre Georgette Agutte (amie de Claude Monet et d’Henri Matisse) et l’homme politique Marcel Sembat (SFIO).

 

Enfin, le Grand Maître de la Grande Loge de France Philippe Charuel donnera une conférence pour présenter la Grande Loge de France aujourd’hui aux nombreux amis profanes qui viendront célébrer les 90 ans de la Loge.

 

Pour tout renseignement sur cet événement, ou si vous souhaitez y participer : atelier.marcel.sembat@gmail.com 

 

 

Mais qui était donc Marcel Sembat ? Afin de mieux le connaître je vous propose un court portrait publié sur le site de l’OURS (Office Universitaire de recherches socialiste) :.

 

« Si le nom de Marcel Sembat n’évoque plus, aujourd’hui, que des rues éponymes ou une station du métro parisien, l’homme a été une des grandes figures de la vie politique française de la Belle Epoque.

 

Né en 1862 à Bonnières-sur-Seine, près de Mantes, dans une famille de la moyenne bourgeoisie, le jeune homme poursuit des études de droit puis devient journaliste. Converti très tôt au socialisme, il dirige le journal La Petite République, puis L’Humanité de Jaurès et d’autres feuilles socialistes.

 

Elu député du dix-huitième arrondissement de Paris en 1893, il est un orateur écouté à la Chambre, prononçant des discours remarqués pour leur ironie.

 

Afficher l'image d'origineSembat se fait le défenseur du programme socialiste : séparation des Eglises et de l’Etat, réduction du service militaire, émancipation civile et politique de la femme, journée de travail de huit heures, adoption de l’impôt sur le revenu, nationalisation des mines, des chemins de fer, de la Banque de France, etc.

 

Artisan de l’unité de la SFIO, il préside trois des six séances du Congrès du Globe, qui voit la naissance de la SFIO, en 1905.

 

Mais Sembat est un homme à multiples facettes, à la curiosité infinie. Ses Cahiers noirs font état de lectures variées : philosophie, sociologie, psychologie, histoire, littérature ancienne…

 

Marié à l’artiste Georgette Agutte, ami du peintre Matisse et de l’écrivain symboliste Gustave Kahn, il est aussi un critique d’art de premier d’ordre. Il participe, à ce titre, au jury du salon d’automne de 1905, défend l’avant-garde artistique jusqu’à la tribune de la Chambre. Il défend la gratuité des musées et, d’une manière générale, un accès plus large à la culture et à l’art.

 

La collection du couple Sembat-Agutte, aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts de Grenoble constitue un ensemble particulièrement riche de tableaux du début du XXe siècle.

 

Sembat, enfin, est un leader de la franc-maçonnerie. Initié en 1891 à la Grande Loge de France, il rejoint le Grand Orient de France en 1898, avant de siéger au Conseil de l’Ordre, de 1906 à 1909, puis à nouveau de 1911 à 1913.

 

La mort de Jaurès, le 31 juillet 1914, propulse Sembat en première ligne des dirigeants du parti socialiste. Trois semaines plus tard, il entre ainsi dans le gouvernement d’Union sacrée de René Viviani, avec le portefeuille des Travaux publics.

 

Avec Léon Blum comme chef de cabinet, il est chargé de l’exploitation des transports civils et de l’organisation de la répartition et de la distribution de charbon, problème rendu délicat par l’invasion des mines du Pas-de-Calais et la mobilisation de la main-d’œuvre des mineurs. Après la guerre, il reste fidèle à la ligne socialiste traditionnelle française.

 

Il critique les traités de paix pour leur caractère injuste et revanchard et refuse d’adhérer à l’Internationale communiste. Personnalité importante du congrès de Tours de 1920, il reste fidèle, aux côtés de Blum, à la « vieille maison » socialiste. Il meurt deux ans plus tard d’une attaque cérébrale ».

 

Sur la qualité maçonnique de Marcel Sembat, un extrait de « Marcel Sembat, socialiste et Franc-Maçon » de Denis Lefebvre, éditions Bruno Leprince 1995, page 133 :

 

« Marcel Sembat est reçu franc-maçon le 12 juillet 1891, initié au sein de la loge « La Fraternité » de la Grande Loge de France. Progressant en maçonnerie de façon la plus classique, il gravit les différents degrés : d’apprenti lors de son initiation il devient compagnon le 7 novembre de la même année, puis maître le 18 juin 1892. Alors il a la plénitude de ses droits maçonniques. Il faut toutefois constater que le maçon Sembat semble ne pas faire montre d’un intérêt trop grand pour les questions ésotériques, dans la mesure où il restera toujours au grade de maître, malgré sa longévité maçonnique, ne montant pas dans ce que les maçons appellent les ateliers supérieurs.

 

Cette loge « La Fidélité », dont il démissionnera en 1909, est située à Lille. Fondée le 18 septembre 1880, elle semble être très proche des idées socialistes. L’un de ses vénérables – maçon qui dirige les travaux d’une loge pendant trois ans – a été Bernard Wellhoff, receveur municipal de Lille, qui fera en 1912 une conférence sur le thème de « Franc-Maçonnerie et Socialisme », éditée ensuite en brochure, en plein conflit interne au Parti Socialiste.

 

Nul ne sait à ce jour pourquoi Sembat n’a pas choisi une loge parisienne. C’est en février 1898 qu’il rejoint le Grand Orient de France pour fonder à Montmartre la loge « La Raison ». Sans être ouvertement socialiste, cette loge étudie de nombreux thèmes liés aux questions de société. On le voit à l’intitulé de certaines conférences qui y sont faites dès la première année (…) ».

Marcel Sembat, franc-maçon de la Grande Loge de France , du Grand Orient de France, ministre, député, socialiste, journaliste et écrivain.

 

Ce qui nous amène à préciser quelques points.

 

De 1898, date à laquelle il fonde à Montmatre (dont il sera l'indéboulonable élu jusqu'à sa mort) la loge "La Raison", jusqu'en 1909 date à laquelle il démissionne de la loge "La Fidélité" à Lille - donc pendant 11 ans - il est membre à la fois du Grand Orient de France et de la Grande Loge de France.

 

La loge « La Fraternité » de Lille est en effet très représentative du grand mouvement socialiste du Nord. C'est cette loge qui, le 14 mars 1920, initie Roger Salengro , maire de Lille, député socialiste et futur ministre du Front Populaire le 14 mars 1920.


Bernard Wellhoff, dont il est question dans le livre de Denis Lefebvre, sera Grand Maître de la Grande Loge de France de 1919 à 1922 : « Chez les receveurs comme chez les élus, les notabilités traditionnelles firent place à de nouvelles élites républicaines issues du compagnonnage politique, des luttes partisanes, des œuvres scolaires et mutualistes, de la franc-maçonnerie. Bernard Wellhoff en est un exemple particulièrement marquant. Homme d’affaires, ami de Maurice Berteaux, âme de la propagande laïque dans le Nord de la France, il avait été secrétaire général du journal La Justice que dirigeait Georges Clemenceau et avait participé à la création du Réveil du Nord.

Fondateur en 1903 de l’amicale des receveurs spéciaux, il était aussi un membre actif de la Grande Loge de France dont il devint le grand-maître de 1919 à 1922 ». Catherine Jumeau « Les receveurs municipaux » : http://www.gestionfipu.com/GESTIONFIPU.COM/Archives/Revue2009/Octobre%202009%20Jumeau.pdf

 

Car en tant que socialiste et Franc-Maçon, Marcel Sembat fut toujours un défenseur zélé de l’ordre, notamment dans des circonstances particulières et souvent compliquées.

 

1) L’hostilité de certains socialistes vis-à-vis des francs-maçons : à deux reprises, en 1906 comme en 1912, l’aile gauche du PS – marxiste – autour de Jules Guesde, et de Paul Brousse,  tente – lors de ces deux Congrès – de faire interdire la double appartenance en le socialisme et la Franc-Maçonnerie. Un seul argument : Pour les marxistes le socialisme c’est la lutte des classes alors que la Franc-Maçonnerie c’est la collaboration de classes.

 

Marcel Sembat fut de ceux qui firent mettre – par deux fois – cette motion des marxistes guesdistes en minorité.


Afficher l'image d'origineil fut aidé en cela par un autre frère également socialiste, André Lebey – en 1912. Lebey, initié en 1908 à la loge « Victor Hugo » du Grand Orient de France s’affilie en 1909 à la loge « La Jérusalem Ecossaise » N°99 de la Grande Loge de France.

 

Lebey sera également l’un des fondateurs de la loge « Le Portique » N°427 de la Grande Loge de France créée en 1910 par Albert Lantoine pour régénérer spirituellement et philosophiquement le Rite (REAA). Le même Lantoine qui écrira humoristiquement à Lebey « nous comptons sur vous, vil suppôt du Grand Orient ».

 

André Lebey fut en effet plusieurs fois membre du Conseil de l’Ordre du GODF et fût garant d’amitié avec la Grande Loge de France de 1922 à 1924.

 

Il quitte le GODF en 1935 pour se lancer, avec Camille Savoire,  dans l’aventure de la renaissance du Rite Ecossais Rectifié et du Grand Prieuré des Gaules, ce qui provoquera des remous divers et variés (les cinq loges pratiquant le Rite Ecossais Rectifié à la Grande Loge de France ont été hébergées à cette époque), avant de mourir en 1938.



André Lebey est également un collaborateur actif de la revue « Le Symbolisme » créée par Oswald Wirth.

 

André Lebey fait publier en 1912 – comme Bernard Wellhoof – un texte intitulé « Socialisme et Franc-Maçonnerie », pour contrer les opposants aux francs-maçon lors du Congrès de 1912 de la SFIO (le parti socialiste).

 

Les marxistes tiendront leur revanche en 1922. En effet, les communistes imposeront la fin de la double appartenance entre le Parti Communiste et la Franc-Maçonnerie. La plupart – comme Marcel Cachin (GODF) – quitteront la maçonnerie pour rester au PCF, mais d’autres à l’image d’Antonio Coen, futur Grand Maître de la Grande Loge de France, choisiront de revenir à la SFIO et de rester à la GLDF.

 

2) L’hostilité des frères du Grand Orient de France vis-à-vis des socialistes.

 

Bien que Gustave Mesureur, Grand Maître de la Grande Loge de France, ait été le premier président du parti Républicain, Radical et Radical Socialiste en 1901, il faut reconnaître que le Grand Orient de France est l’Obédience du Parti Radical.

 

Mais des socialistes commencent à devenir membres du Grand Orient de France.

 

Pendant longtemps, la Grande Loge Centrale de France, fut l’obédience des communards (Elie May, Jules Vallès, Gustave Lefrançais - à qui Eugène Pottier, lui-même initié au rite écossais en 1875 par une loge de communards en exil à New-York dédicace « L’Internationale » - Charles Beslay le doyen de la Commune, Emile Eudes le lieutenant de Blanqui, Wyrouboff et son beau-frère Camille Pelletan, le docteur Edmond Goupil, Gabriel Ranvier, commandant de la Garde Nationale chef des armées de la Commune, Emile Thirifocq qui propose de mettre les bannières maçonniques sur les barricades, Ernest Hamel le biographe de Robespierre, Emmanuel Arago, Jules Simon et bien d’autres), et la Grande Loge de France sera donc l’obédience de nombreux socialistes (Marcel Sembat mais aussi Roger Salengro, Pierre Brossolette, Michel Dumesnil de Gramont, Antonio Coen, Félix Eboué et bien d’autres).

 

Au Convent du GODF de 1906, l’ancien Grand-Maître du Grand Orient de France Noël-Auguste Delpech, important responsable du Parti Radical – il sera président du Parti en 1908 - prononce un discours violemment antisocialiste : « L’accord n’est plus le même qu’autre fois (…) et voici que nous ne sommes plus en complète communion d’idées en ce qui touche l’orientation de la maçonnerie. J’y vois un péril, et je vous le signale (…). Des éléments nouveaux s’agitent fortement parmi nous, Leur désir mal dissimulé est de s’emparer de l’association et d’en faire un outil au service de leur propagande spéciale (…) Projet dangereux pour le Grand Orient, non moins que pour la cause républicaine et démocratique » (D. Lefebvre op.cité page 136).

 

Marcel Sembat mettra toute son ardeur pour défendre les socialistes au Grand Orient, comme il la mettra pour défendre les francs-maçons au sein du mouvement socialiste.

 

Un hommage ou plutôt une reconnaissance de la personnalité de l’œuvre et de l’action de Marcel Sembat (que je n’ai fait qu’effleurer ici) est en effet amplement mérité.

 

Nous le ferons en 2017.

 

Jean-Laurent Turbet

Marcel Sembat, franc-maçon, ministre, député, socialiste, journaliste et écrivain.

 

Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.

Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.

Mes propos n'engagent que moi et non pas
l'une ou l'autre de ces associations.

Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonniqueTout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.

Quelles que soient mes responsabilités - ou non -  présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.

Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature qu'elle soit.

Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »

Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.

La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.

Jean-Laurent Turbet

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G
Je te remercie Jean-Laurent d'avoir relayé aussi rapidement l’événement que nous nous apprêtons à fêter le 5 mars 2017. Fraternellement
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A
Merci, vraiment, car cette rubrique est des plus intéressantes, et tombe à point! Frat.
Répondre
J
Merci !

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