"Etre Vénérable Maître efficace et heureux!", en voilà un beau programme.
J'avais parlé de cet ouvrage lors de sa sortie en juillet 2014, mais il me semble important de le recommander chaudement une nouvelle fois en cette période.
Pourquoi?
Tout simplement parce que dans la quasi totalité des loges françaises, les élections pour le collège des officiers auront lieu entre le mois de mai et le mois de juin.
Et donc évidemment l'élections des Vénérables Maîtres et des Vénérables Maîtresses.
Que l'on soit candidat(e) pour la première fois au premier maillet de sa loge ou que l'on soit déjà dans sa seconde ou même dans sa troisième année, la lecture du livre de Jean-Jacques Zambrowski me semble essentielle et disons-le, indispensable.
Car qui sont-ils donc ? Ce sont les président(e)s des loges maçonniques qui vont avoir à diriger les travaux de leurs frères et/ou sœurs durant une voire deux ou trois années (mais jamais plus d’affilée!)
C'est dire comme le livre de Jean- Jacques Zambrowski, qui s’intitule « Etre Vénérable Maître ! Efficace et heureux ? », doit être lu maintenant.
Il est publié chez Dervy dans l’excellente collection Les outils maçonniques du XXIe siècle dirigée par Jacques Carletto.
Car si pour être élu Vénérable Maître il faut avoir déjà accompli un parcours certain dans sa loge (le VM a déjà occupé généralement plusieurs autres plateaux d’officiers dans sa loge), il reste que cela ne constitue pas moins un saut dans l’inconnu, et ce petit livre (112 pages) très pédagogique et très vivant, sera – je n’en doute pas – une aide fort appréciable à tout nouveau titulaire de la chaire de Salomon.
Le très dynamique Jean-Jacques Zambrowski est bien connu des lectrices et des lecteurs de ce blog. Il a en effet occupé pendant trois années (une sous la direction d’Alain-Noël Dubart, puis deux sous la direction de Marc Henry) la fonction de Grand Chancelier de la Grande Loge de France.
Jean-Jacques Zambrowski a été lui-même par deux fois Vénérable Maître de sa loge. Pendant six années il a eu la lourde tâche de diriger cette loge. Il sait donc, d’expérience, de quoi il parle.
De plus, en qualité de Conseiller Fédéral, durant les trois années de son mandat, il a procédé à l’installation de plus de quatre-vingt loges. Là aussi cela permet de savoir de quoi l’on parle.
Ce livre se veut avant tout un livre pratique, quelle que soit l’obédience. Certes, Jean-Jacques Zambrowski est à la Grande Loge de France. Mais la plupart des questions qu’il pose (et parfois les réponses qu’il apporte) valent pour toutes les obédiences.
Il a donc l’expérience nécessaire pour apporter quelques lumières à celles et ceux qui siègent sur le trône de Salomon de leurs respectables loges.
Les 120 pages sont très denses et fourmillent de remarques et de conseils pertinents.
Par exemple Jean-Jacques Zambrowski nous parle de l’initiation d’un profane qui va devenir Franc-maçon.
Loin d’être « un passage obligé formel » l’Initiation est certainement le moment le plus important de la vie du Franc-Maçon. Voici ce que dit l’auteur :
« Le moment essentiel de la cérémonie d’initiation, ou plutôt son point d’orgue, est indiscutablement ce que l’on peut appeler l’adoubement du nouvel apprenti franc-maçon. Après que le néophyte ait dûment renouvelé en pleine lumière le serment solennel prêté sous le bandeau, il est invité par l’Expert à gravir les marches de l’orient et à mettre le genou droit en terre.
Dans les sociétés barbares, puis au temps au temps de la chevalerie, l’adoubement était déjà un rite de passage, une épreuve symbolique faisant d’un jeune homme dont la bravoure a été éprouvée un guerrier reconnu, un authentique chevalier. La chevalerie ajoutait à la cérémonie un contenu sacré, axé sur la défense des valeurs au nom desquelles le chevalier aurait à combattre, mais aussi la défense de la veuve, de l’orphelin, des faibles et des opprimés.
L’accolade donnée à l’impétrant n’est plus une épreuve physique destinée à éprouver une ultime fois sa robustesse physique et morale mais une forme de consécration.
C’est ce dont s’inspire directement le cérémonial de nos initiations.
Les paroles prononcées par le Vénérable Maître, l’épée en main gauche et le maillet en main droite, devraient dans tous les cas être connues par cœur. A défaut, un aide-mémoire de la taille d’une carte à jouer aura été prévu et sera tenu au-dessus de la garde de l’épée.
Ces paroles ne se limitent pas à la triple formule accompagnée des légers coups de maillet sur la lame de l’épée, elle inclut la phase qui suit immédiatement, au cours de laquelle le nouveau frère est invité à se relever et à recevoir du Vénérable Maître le baiser fraternel, au nom de tous les frères de la respectable loge à laquelle il appartient désormais.
Moins de dix lignes, l’effort de mémorisation n’est rien comparé à l’importance du moment pour le nouvel initié.
Pour aider le Vénérable Maître à donner à ce moment de la cérémonie d’initiation la densité émotionnelle et spirituelle qu’elle doit porter, il peut être utile de réfléchir un instant sur le sens des trois mots clés de cette séquence.
Créer c’est donner naissance à quelque chose – ici quelqu’un – de nouveau, à partir non pas du néant mais d’une matière – ici une personnalité – encore imparfaitement organisée, orientée, cohérente. Il s’agit ici de créer un franc-maçon, un initié, à partir d’un profane, qui ne le sera plus jamais. (…) Dans la logique ternaire qui préside au Premier Degré, Créer renvoie ainsi à Sagesse.
Constituer, c’est fonder, établir. L’expression renvoie sans conteste à la construction, à l’érection d’un édifice. Constituer signifie également « contribuer à former un tout avec d’autres éléments ». Le nouvel initié est ainsi engagé sur la voie de sa propre cohérence, comme de son rapport juste et harmonieux avec l’univers qui l’entoure. Il est aisé de concevoir que constituer soit à reprocher de Force.
Recevoir, c’est accueillir, accepter, intégrer. Le mot exprime une notion de bienveillance, évoquant l’Amour fraternel auquel ne nouvel initié est dorénavant invité. Sans surprise c’est à Beauté, au sens d’harmonie, que renvoie le terme de cet adoubement.
Aucun moment n’est plus important ni plus solennel que celui-là. La concentration du Vénérable maître doit être absolue, perceptible et partagée par tous les assistants (…).
Toute initiation est un acte de renaissance spirituelle. La Vénérable maître qui préside à cette cérémonie doit tout faire pour assurer la réussite de cette cérémonie, qui repose sur le concours de tous les frères de l’atelier, au-delà des officiers prévus par le rituel. Tout doit concourir à cet événement mémorable » (pages 33 à 35).
Le livre fourmille de conseils très utiles sur des sujets également très divers. C’est ce qui fait tout son intérêt !
« La fonction de Vénérable Maître est essentielle pour conduire sa loge, la guider sans la contraindre, la représenter, assurer sa continuité et sa pérennité, mais aussi veiller sur chacun de ses frères.
Il sait déléguer et s’appuyer sur son Collège d’officiers pour exercer sa triple fonction, spirituelle, initiatique et symbolique.
Il doit se montrer équitable et conciliateur. N’occupe-t-il pas la Chaire de Salomon ? Il lance les enquêtes, dirige le passage sous le bandeau et assure la cérémonie d’initiation.
Le Vénérable doit aussi être l’instructeur des Maîtres. Mais en réalité, c’est bien lui-même que le Maître doit s’efforcer de diriger avant de prétendre inspirer voire diriger qui que ce soit.
La charge de Vénérable Maître permet à celui qui en est investi de vivre une étape incomparable de son propre parcours initiatique : plus que quiconque, la pratique intériorisée du rite, vécu et non seulement joué, le conduit vers la spiritualité par l’ascèse initiatique, le reliant ainsi à l’universel » (p.40)
« Connaître sa loge, c’est connaître ses origines, son histoire, ses heures de gloire comme ses crises. C’est connaître et s’intéresser à chaque frère, au-delà de ses sympathies personnelles.
Le Vénérable Maître devra savoir tempérer les uns et solliciter les autres, sans faire preuve de dirigisme, favoriser le parcours de tous en respectant le caractère de chacun. En pratiquant l’écoute, il saura être l’artisan et le garant de l’équilibre de l’atelier » (p.45).
« Il appartient au Vénérable Maître de vivre le rituel, afin de le faire vivre aux frères de la loge qu’il dirige. Vivre le rituel, cela veut dire le comprendre, le travailler, afin de pouvoir lui donner la charge émotionnelle et spirituelle qui le rend opérant.
L’ordre extérieur aide à construire l’ordre intérieur. Respecter l’horaire annoncé est impératif, pour l’ouverture des travaux comme pour leur fermeture. La tenue vestimentaire participe de la rigueur nécessaire à la rupture avec le monde profane.
La musique, bien préparée, doit s’intégrer harmonieusement avec le rythme et surtout avec le sens de chaque phase du rituel, sans jamais risquer de déconcentrer les frères dans le travail d’élévation spirituelle.
Il importe de respecter le rituel en vigueur, qui témoigne de l’appartenance à l’obédience que la loge a choisie.
C’est le Vénérable maître qui est responsable de l’administration des visiteurs dans la loge qu’il préside, dans le respect des règles édictées par son obédience.
Le VM est ainsi celui qui crée l’harmonie au sein de la loge. Par sa manière d’être et d’agir il fera se développer l’égrégore, l’énergie spirituelle partagée fusion de la raison et du sentiment, qui résulte de l’amour fraternel mis en action » (p.76).
Et, enfin ces quelques belles lignes de conclusion de Jean-Jacques Zambrowski :
« Au fil des pages de ce livre, le lecteur aura pu concevoir à quel point la fonction de Vénérable est exigeante, mais aussi à quel point elle grandit celui qui en est investi.
Se sentir utile à ses frères, les plus anciens comme les plus récemment initiés, est un privilège. Sentir qu’on les aide à tracer leur propre chemin et que l’on participe à leur épanouissement spirituel est source de profonde satisfaction. Savoir que l’on pourra transmettre à son successeur les commandes d’une loge en bonne santé, au plan initiatique comme au plan matériel, et où règnent harmonie et équilibre, permet de ressentir l’agréable sentiment du devoir bien accompli.
Dès lors, s’il n’est pas question ici, nous l’avons déjà dit, de s’abandonner aux pièges de la vanité, et encore moins de la prétention ou de la suffisance, rien ne fait obstacle à ce que le Vénérable Maître en éprouve du contentement. Toute humilité bien comprise, il peut ressentir cette sensation de plénitude et de satisfaction qui définit le bonheur.
Or le bonheur est contagieux ! Et il se multiplie en se partageant. Un Vénérable Maître heureux parce qu’il accomplit bien sa tâche est un Vénérable Maître qui rayonne dans sa loge comme dans sa vie profane, et qui propage ce sentiment de bonheur, de plénitude et d’harmonie autour de lui. Il donne alors encore plus de sens à ce que les maçons appellent de leurs vœux à la fin de leurs tenues, la Paix, l’Amour, la Joie » (pages 98 et 99).
En bref, si vous êtes, si vous allez être, si vous aspirer à être Vénérable Maître ou Vénérable Maîtresse de votre atelier, ce livre est pour vous.
Si vous estimez que la lecture de ce livre serait très utile à votre Vénérable Maître ou Vénérable Maîtresse en chaire, n’hésitez pas à lui offrir ! Ca ne pourra que lui être profitable.
Et surtout, lisez ce livre parce qu’il vous rendra heureux-ses. Et par les temps qui courent, cela n’a pas de prix.
Jean-Laurent Turbet
° L’auteur :
Jean-Jacques Zambrowski est médecin hospitalier. Spécialiste en médecine interne et directeur d’enseignement à l’Université Paris Descartes, il est également professeur associé et président du Conseil Scientifique de l’Institut Universitaire d’éducation thérapeutique au sein de l’Université Pierre et Marie Curie.
Il est membre de la Grande Loge de France, au sein de la loge « L’Etoile » N°1001. Il a été Conseiller Fédéral et Grand Chancelier (2011-2014) de la Grande Loge de France. Il est membre du Conseil d’Administration de Points de Vue Initiatiques et membre du bureau de l’Académie Maçonnique.
° Le livre :
« Etre Vénérable Maître ! Efficace et heureux »,
de Jean-Jacques Zambrowski
Prix : 8,5€
112 pages
Editeur : Dervy éditions (11 juillet 2014)
Collection : Les outils maçonniques du 21ème siècle
Langue : Français
ISBN-10: 1024200531
ISBN-13: 979-1024200538
Dimensions du produit: 18 x 11 x 1 cm
° Acheter le livre, sur le site des éditions Trédaniel. (8,08€).
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° Achetez le livre, sur Fnac.com
° La collection Outils maçonniques du 21ème siècle
° Le mot de l’éditeur :
Être vénérable maître ne se limite pas à présider des tenues deux ou trois heures deux fois par mois. « Être vénérable maître ! Efficace et heureux ? » est le fruit d’une expérience qui dura 6 ans (2 x 3 ans). Il a été conçu comme un outil pratique d’aide à la réussite pour un frère qui va être élu pour diriger une loge. C’est une fonction exigeante, outre l’ouverture et la fermeture de la tenue, le Vénérable tient également un rôle essentiel quant au bon déroulement des travaux en loge : il commente, il questionne, il sollicite les réactions, il distribue la parole, il anime, ce qui souligne son implication dans l’orientation spirituelle donnée à l’activité de la Loge.
Jean-Jacques Zambrowski interviewé par l'excellent Jacques Carletto!
Attention ! Cet article, comme tous les articles du "Bloc-Notes de Jean-Laurent sur les Spiritualités", (http://www.jlturbet.net/) est écrit en mon nom personnel.
Je ne parle ni au nom d'une association, ni d'un parti, ni d'une loge, ni d'une obédience maçonnique.
Mes propos n'engagent que moi et non pas
l'une ou l'autre de ces associations.
Je ne suis en aucune façon habilité à écrire au nom d'une association, d'un parti, d'une loge, d'une obédience maçonnique. Tout ceci pour que cela soit bien clair, qu'il n'y ait aucune ambiguïté de quelque nature que ce soit.
Quelles que soient mes responsabilités - ou non - présentes ou futures dans une organisation, les propos tenus dans cet article comme dans tous les articles de ce Bloc-Notes, sont exclusivement des opinions personnelles qui n'engagent que moi.
Je rappelle simplement que la liberté d’expression est en France un droit Constitutionnel, quelle que soit notre appartenance à une association de quelque nature que ce soit.
Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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