J'avoue humblement ne pas être coutumier ici de chroniquer des numéros du magazine Point de Vue, qui traite des familles princières en France, en Europe et dans le monde.
Néanmoins je me permets de vous recommander vivement la lecture du numéro de mars du mensuel Point de Vue Histoire intitulé Princes & rois francs-maçons.
Il faut confesser qu'en France, l'image la plus commune est d'associer la Franc-Maçonnerie à la République, aux combats sociaux, à la laïcité.
Or, il faut bien reconnaître qu'il n'en fut pas toujours ainsi en France et qu'aujourd'hui-même, dans de nombreux pays la Franc-Maçonnerie est considérée comme une association charitable mais de tendance assez conservatrice.
Ce magazine est donc, de ce point de vue, très intéressant.
Illustré de très belles (et nombreuses) photographies et autres dessins et tableaux, ce numéro fait revivre un passé que l'on a en effet tendance à ignorer.
Avant la Révolution en effet le Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France était l'armorial de France.
De Louis de Bourbon Condé, Comte de Clermont, premier baron chrétien de France et petit-fils de Louis XIV, comme Grand Maître de la Grande Loge de France en 1743 (voir article page 21) à Philippe d'Orléans, (voir article page 23) cousin germain de Louis XVI, Grand Maître du Grand Orient jusqu'à sa démission en mai 1793 - il sera régicide et finira pourtant lui aussi... la tête à la lucarne... - ce sont des personnages illustres de la famille royale qui occupent les postes les plus importants au sein de la Franc-Maçonnerie.
La sœur de Philippe d'Orléans, la princesse Bathilde (future mère du duc d'Enghiens), présidera aux destinées de la Franc-Maçonnerie féminine, comme la duchesse de Lamballe et plus tard l'Impératrice joséphine sous l'Emprire.
Le magazine détaille bien les liens qui unissent la famille royale d'Angleterre avec la Franc-Maçonnerie anglo-saxonne.
C'est le duc de Kent, cousin de la Reine Elisabeth II qui est aujourd'hui (et depuis 45 ans, la plus longue période de l'histoire), le Grand Maître de la Grande Loge Unie d'Angleterre. Dans ce pays, la Franc-Maçonnerie est souvent considérée comme étant l'un des piliers du régime, avec l'Eglise d'Angleterre : La Reine, le Parlement, l'Eglise anglicane et la Grande Loge Unie d'Angleterre vont de pair.
Souvent d'ailleurs les Grands-Maître étaient encore plus près du trône. Nous voyons ci-dessus le futur roi Edward VII en tenue de Grand Maître de la Grande Loge Unie d'Angleterre. Poste auquel il renoncera lors de son accession au trône en 1901 après le décès de sa mère, la Reine Victoria. Il deviendra alors protecteur de l'Ordre.
L'oncle de la reine actuelle, Elisabeth II, le roi Edward VIII (qui abdiquera en 1936) comme son père le roi George VI, furent francs-maçons. Mais il ne semble pas que la famille Windsor actuelle semble vouloir reprendre le flambeaux maçonnique.
Mais la tradition maçonnique pour les souverains européens ne se limite pas à l'Angletterre loin de là. Que ce soit Bernadotte en Suède par exemple. Pierre Mollier dans un article (page 40) rappelle fort justement que "c'est sous la magistère de Gustav III et de son frère que la Grande Loge de Suède adopte un système en dix grades présentant une forte dimension ésotérique et templière. Pour l'immense majorité des frères, la 10ème grade représente l'aboutissement d'une longue carrière en loge. Mais, pour quelques dignitaires choisis, il existe aujourd'hui encore un 11ème grade: le "chevalier commandeur de la Croix Rouge"... qui n'est autre que l'ordre de Charles XIII. C'est un cas unique au monde où un grade maçonnique prend place parmi les plus hauts attributs symboliques de l'Etat. (...) Dans le secret des loges, le chapitre des chevaliers commandeurs de la Croix-Rouge n'est autre qu'une assemblée de l'ordre du Temple qui aurait survécu au sein de la Franc-Maçonnerie, comme on le croit depuis le 18ème siècle".
Les souverains allemands furent aussi souvent, à l'image du plus célèbre d'entres eux, Frédéric II, de fervents maçons. Frédéric II, grâce aux Grandes Constitutions dites de Berlin de 1786 est considéré comme le père spirituel du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Nous voyons ci-dessus Guillaume 1er, roi de Prusse à partir de 1861 puis empereur allemand 10 ans plus tard, en tenue maçonnique.
De nombreux articles de ce magazine sont consacrés à d'autres souverains comme ceux des Pays-Bas ou de la belgique. Vous pourrez lire également un article intéressannt sur les trois rois (Louis XVI, Louis XVIII et Charles X) et leurs rapports avec l'Ordre.
Il sera aussi question de la méfiance et de l'hostilité constantes et toujours renouvelée de la part des souverains pontifes catholiques à l'égard de la Franc-Maçonnerie.
En bref, un numéro très bien fait et fort intéressant, à se procurer et à lire sans modération
Jean-Laurent Turbet.
° Pour aller plus loin :
° Feuilleter le magazine.
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Dans son article 10, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »
Dans l'article 11, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose aussi que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ces deux articles ont valeur constitutionnelle car le préambule de la Constitution de la Ve République renvoie à la Déclaration de 1789.
La Constitution et les Lois de la République Française s'appliquent sur l'ensemble du territoire national et s'imposent à tout règlement associatif particulier qui restreindrait cette liberté fondamentale et Constitutionnelle de quelque façon que ce soit.
Jean-Laurent Turbet
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