Jacques Samouelian, le président de la Fédération Française de l’Ordre Maçonnique Mixte International LE DROIT HUMAIN, vient de publier un texte pour expliquer l’originalité et la démarche de son obédience. Un texte tout à fait essentiel et important pour comprendre la philosophie spécifique du DROIT HUMAIN.
Le mieux est encore de le lire, alors voici son texte que je publie très volontiers in extenso sur ce Bloc-Notes.
« Les Colonnes identitaires du DROIT HUMAIN »
« Le DROIT HUMAIN dans le paysage de la Franc-Maçonnerie française »
L’Ordre maçonnique Mixte International Le Droit Humain, dont nous sommes la principale composante, a toujours occupé, depuis sa création en 1893, une place singulière dans le paysage maçonnique français, par ses trois caractères : la mixité, l’internationalité, et la continuité initiatique.
Des évolutions sont perceptibles autour de nous, c’est une évidence, et même si elles ne nous concernent pas directement, les changements de ce paysage maçonnique national ont un effet indirect et très salutaire : celui de nous inciter à approfondir le travail sur ce que nous sommes, sur nos assises identitaires, sur notre conception de la démarche initiatique, sur notre histoire aussi, parce que celle-ci n’est pas banale.
Nous sommes ce que nous sommes, parce que nous sommes nés ni de la scission d’une autre obédience, ni de la mutation d’une obédience existante, et encore moins d’une décision de justice.
Nous sommes nés d’un manque.
Ce manque, nos fondateurs, l’ont perçu dans la modernité naissante de la première révolution industrielle du XIXème siècle.
Ils ont deviné que cette première modernité entraînerait des bouleversements sociaux et culturels considérables par leurs conséquences tant au niveau des individus que de la collectivité.
Leur combat s’est appuyé sur l’appropriation de cette modernité pour imaginer une société idéale qui place l’homme et la femme à égalité en droits et en devoirs, à égalité en humanité.
Et cette société idéale, c’est à partir des principes de la Franc-maçonnerie qu’ils l’ont imaginée, considérant que les francs-maçons au-delà de leurs divergences, ont toujours été convaincus de la perfectibilité de l’humanité et travaillé à son progrès et son bonheur.
Cet idéal est et demeure le fondement de notre Ordre.
Depuis plus de 120 ans, il est inscrit dans nos textes constitutionnels.
Toute la construction de notre édifice découle de ce choix initial.
La mixité pour nous est fondatrice de l’Ordre comme l’homme et la femme sont fondateurs de l’Humanité.
Et parce que cet idéal est pour nous prioritaire sur toute autre considération, parce que l’égalité de l’homme et de la femme est un Principe fondateur de notre identité, il n’y a dans notre Ordre, que des Loges mixtes.
Nos lecteurs savent qu’il existe des obédiences qui ont des loges masculines, des loges féminines et des loges mixtes. Ce n’est pas notre cas.
En France, nous sommes l’une des rares obédiences exclusivement mixte, et en tout état de cause, sur le plan mondial, nous sommes l’obédience historique -1893- de la mixité.
Nous allons d’ailleurs fêter comme il se doit, en avril 2013, la création de la première Loge mixte en France, le 4 avril 1893.
Ce choix a eu évidemment des conséquences sur ce que l’on nomme la démarche initiatique.
On a coutume de dire et de lire, ça et là, qu’il y aurait dans notre pays, deux conceptions de ce cheminement : l’une se réclamant d’une tradition spiritualiste tandis que l’autre se prévaudrait d’une présence sociétale.
Bien avisé celui ou celle, membre du Droit Humain, qui pourrait dire où nous nous situons, car précisément sur les colonnes de nos Temples, nous considérons ces démarches comme inséparables parce que complémentaires.
Les francs-maçons du Droit Humain ont toujours à l’esprit la mise en garde d’Edgar Morin contre « les raideurs mutilantes de la pensée unique »…
Le rituel nous enseigne que si l’œuvre est commencée dans le Temple, elle doit être poursuivie hors du Temple.
Mais il convient de s’entendre sur ce qui doit être commencé dans le Temple et poursuivi hors du Temple.
Nous sommes ardemment attachés par la pratique exclusive d’un rite, le Rite Ecossais Ancien & Accepté, à une démarche de nature initiatique, je dirais même spiritualisante, si l’on exclut de cette idée, toute obligation théiste, c’est à dire l’obligation d’une croyance en un dieu révélé, car la laïcité, en Loge comme en société, est pour nous un principe essentiel de vie que nous souhaitons promouvoir.
Mais précisons ceci : nos textes constitutionnels laissent à chacun d’entre nous, une liberté totale de croire ou de ne pas croire, cela est de l’ordre de l’intime conviction de chacun. Cela veut dire que toutes les croyances ou non-croyances sont présentes dans nos Loges, sans que cela ait une quelconque conséquence sur sa démarche maçonnique.
Nous nous distinguons en cela de la tradition anglo-saxonne qui fait de la croyance en un Dieu révélé et en l’immortalité de l’âme, des obligations préalables.
Par contre, Recevoir la Lumière, c’est à dire l’initiation et ses conséquences, est le fondement de cette démarche, elle suppose un travail pour se connaître soi, connaître ses limites, travail souterrain dont la fonction première est d’ouvrir le champ de conscience pour nous faire découvrir la richesse de la nature humaine, et à travers celle-ci, le dépassement de soi, l’expérience de l’altérité, et la valeur de l’autre.
Et sur le chemin de cette connaissance, où l’on ne peut avancer qu’un pas après l’autre, chacun à son rythme, nous vérifions ce que les sagesses orientales ont déjà proclamé ; « le but n’est pas le but, c’est la voie qui est le but »…
Ce travail nous l’avons déjà évoqué ici, repose sur une méthode qui est « rituelle et symbolique ».
« Au travail, le plus dur est d’allumer la petite lampe du cerveau. Après, ça brûle tout seul…» disait Jules RENARD.
…Enfin presque, car il faut entretenir la flamme, raison pour laquelle, nous comparons souvent ce travail sur soi à un processus alchimique.
Et ce processus, de tenue en tenue conduit l’initié à prendre conscience de ce qu’il est, et surtout à renoncer à être un simple spectateur passif du monde.
C’est certainement le plus difficile.
Mais cette prise de conscience est essentielle.
Car si nous sommes convaincus que la valeur intangible, sacrée, c’est la valeur de l’autre, si nous sommes convaincus de la perfectibilité de l’être humain, nous avons pour impératif catégorique de travailler, ici et maintenant, à ce que le sociologue Marcel Bolle de Bal nomme la « reliance », c'est-à-dire ce besoin d’appartenance à la communauté humaine.
Et nous sommes là dans l’étymologie même de notre titre : « Le Droit Humain ».
La finalité de la démarche initiatique pour nous est bien de conduire l’initié à mettre sa pensée, ses connaissances et son énergie au service de l’humanité.
Nous avons une formule pour le dire : c’est ce que nous appelons « travailler au Progrès de l’Humanité ».
Là se prend sens aussi une phrase du rituel qui nous enjoint à « poursuivre au dehors l’œuvre commencé dans le Temple ».
La tâche que nous nous assignons au Droit Humain est bien celle-là ; contribuer à cette alliance entre la tradition initiatique et la modernité dans laquelle nous vivons.
C’est cette volonté qui nous guide et nous conduit à nous engager pour défendre le respect de la dignité humaine, à prôner une éthique sociale, et œuvrer pour faire reconnaître à chacun des droits fondamentaux, inaliénables, inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
C’est une préoccupation qui a toujours été constante au Droit Humain. Les progrès techniques nous donnent aujourd’hui l'occasion d’extérioriser davantage.
Depuis quelques années, nous avons décidé de faire connaître au plus grand nombre la manière dont les Francs-maçons du Droit Humain travaillent, et nous extériorisons chaque fois que nous le jugeons utile, nos réflexions ou nos préoccupations.
Celles-ci peuvent prendre la forme de conférences publiques, tantôt en région, tantôt au siège de notre obédience, rue Pinel à Paris. Elles sont ouvertes et libres, et le programme est publié sur notre site internet.
Et depuis deux ans, ces conférences à Paris sont retransmises en direct sur notre site internet, qui devient pour la circonstance, une web-télévision. Dans la semaine qui suit, elles deviennent visionables à tout moment.
Nous avons la satisfaction de constater qu’elles sont suivies par des milliers d’internautes répartis, à notre étonnement d’ailleurs, sur les cinq continents.
Les rendez-vous ne manqueront pas, mais il est un sens à cette extériorisation : notre site internet le proclame, nous souhaitons promouvoir « une expérience humaniste en mixité », et faire cela faire le lien entre la tradition initiatique héritée du passé, dont les outils sont immuables, et la modernité dans laquelle nous vivons, afin que cette tradition débouche sur des réalisations concrètes.
A cet égard, considérons une source de réflexion, et même de méditation pour tous les francs-maçons au travers une citation de Daniel Béresniak: « La Tradition est une valeur positive, si elle procure les outils conceptuels qui permettent de produire une parole nouvelle et si elle permet de vivre un Devenir ».
C’est bien la tâche que nous nous sommes fixée au Droit Humain.
Jacques SAMOUELIAN
Président du Conseil National de la Fédération Française de l’Ordre Mixte International LE DROIT HUMAIN.
Le 17 septembre 2012
° Pour aller plus loin :
° Le site de la Fédération Française du DROIT HUMAIN.
° DH : Jacques Samouelian réélu. Bilan du Convent 2012, sur ce site.
° Yvette Ramon, souverain Grand Commandeur du DH international, sur ce site.
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